Cest aussi Ă cette Ă©poque que Francis MEILLAND sâassocie Ă Francisque RICHARDIER producteur de rosiers en rĂ©gion lyonnaise, et qui Ă©dite aussi un catalogue depuis 1867. Ils crĂ©ent une 2 Ăšme entreprise : MEILLAND RICHARDIER dĂ©diĂ©e Ă la production de roses et tout est regroupĂ© Ă TASSIN-LA-DEMI-LUNE.
Latelier qui a durĂ© une trentaine de minutes aura permis aux enfants de se familiariser avec les rudiments du jardinage et dâĂ©changer entre eux durant un moment privilĂ©giĂ©. Apprendre de
lepetit gateau breton, plein de beurre, au suptil goût salé, par rangée de quatre, dans leurs robes transparentes. Ils sont jolis. tout ronds. tout dorés. On imagine la grand-maman qui aurait plus les confectionner, appliquée, pour qu ils soient beaux avant tout. Je salive. Je prends le pe
Lejardinier. La chanson écrite par Dominique en mémoire de son grand pÚre jardinier qui lui a tout appris de la nature. Version enregistrée en Duo avec un enfant au cours du grand concert
Legrand livre de la nature. 69.00 ⏠Commander. ZĂ©ro dĂ©chet â Le guide inspirĂ© de la nature. 19.90 ⏠Commander. Jardin. Jardin. Jardin. Les ravages des chenilles de papillons de nuit. Invasifs, dĂ©foliants ou squatteurs de placards, aperçu de quelques chenilles de papillons de nuit aux manies pas vraiment sympa. Jardin. Jardin. Un jardin parfait pour le hĂ©risson en 8 conseils
Lesroses coups de cĆur de Mamie Mado. Elles sont nombreuses et avec les roses Meilland Richardier c'est une vĂ©ritable histoire d'amour. Il est important de prĂ©ciser qu'il faut 8 Ă 10 ans pour donner naissance Ă une rose et que les roses Meilland sont une marque de prestige, de qualitĂ© et d'Ă©lĂ©gance. Comme vous vous en doutez, il existe
Ap. 7min. ALL. Une petite fille joue avec son chat en attendant son papa. Lorsque le chat bondit dans l'arbre, la petite fille grimpe à sa poursuite. De branche en branche, la fillette traverse de multiples décors, habités par une galerie de
CarloCollodi est le pseudonyme de Carlo Lorenzini, Ă©crivain italien nĂ© le 1 novembre 1826 Ă Florence oĂč il est mort le 1 octobre 1890 Tous les livres depuis 1997
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Je te balancerai parmi les branches du septaparna tandis que la lune, tĂŽt levĂ©e dans le soir, sâefforcera Ă travers les feuillĂ©es de baiser ta robe. Je remplirai dâhuile odorante la lampe qui brĂ»le prĂšs de ton lit et, de merveilleux dĂ©cors de santal et de pĂąte de safran, je dĂ©corerai ton tabouret. LA REINE Quâauras-tu pour ta rĂ©compense ? LE SERVITEUR La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons pareils Ă de tendres boutons de lotus, et de passer autour de tes bras des chaĂźnes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pĂ©tales de lâAshoka et dây cueillir, dans un baiser, le grain de poussiĂšre qui par mĂ©garde pourrait sây ĂȘtre Ă©garĂ©. LA REINE Mon serviteur, tes priĂšres sont exaucĂ©es. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs. II PoĂšte, le soir approche ; tes cheveux grisonnent. Entends-tu pendant tes rĂȘveries solitaires le message de lâau-delĂ ? Câest le soir, dit le poĂšte, jâĂ©coute quelquâun peut appeler du village, malgrĂ© lâheure tardive. Je veille Deux amoureux se cherchent. Leur cĆur les guidera-t-il sĂ»rement ? â Les cĆurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie dâamour qui rompe le silence et qui parle pour eux. Qui tissera la trame de leurs chants passionnĂ©s si je reste assis sur la plage de la vie Ă contempler la mort et lâau-delĂ ? La premiĂšre Ă©toile du soir disparaĂźt. LâĂ©clat dâun bĂ»cher funĂ©raire meurt lentement auprĂšs de la riviĂšre silencieuse. De la cour de la maison dĂ©serte, et Ă la lumiĂšre dâune lune pĂąlie, on entend les chacals hurler en chĆur. Si quelque voyageur, errant loin de sa demeure, vient ici contempler la nuit et Ă©couter, tĂȘte penchĂ©e, le chant des tĂ©nĂšbres, qui sera lĂ pour lui chuchoter les secrets de la vie, si, fermant ma porte, je mâaffranchis de toute obligation mortelle ? Quâimporte que mes cheveux grisonnent. Je suis toujours aussi jeune ou aussi vieux que le plus jeune et le plus vieux du village. Les uns ont un sourire simple et doux, dâautres lâĆil brillant de malice. Ceux-ci ont des pleurs qui sourdent Ă la lumiĂšre du jour, ceux-lĂ des larmes qui se cachent dans les tĂ©nĂšbres. Tous ils ont besoin de moi, je nâai pas le temps de mĂ©diter sur la vie Ă venir. Je suis de lâĂąge de tous ; quâimporte si mes cheveux grisonnent ? III Au matin, je jetai mon filet dans la mer. Jâarrachai du sombre abĂźme dâĂ©tranges merveilles les unes brillaient comme un sourire, dâautres scintillaient comme des larmes et dâautres Ă©taient rougissantes comme les joues dâune jeune Ă©pousĂ©e. Quand, chargĂ© de mon prĂ©cieux fardeau, je revins Ă la maison, ma bien-aimĂ©e Ă©tait assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pĂ©tales dâune fleur. JâhĂ©sitai un instant, puis je plaçai Ă ses pieds tout ce que jâavais arrachĂ© Ă la mer et je restai lĂ silencieux. Elle y jeta un regard et dit Quelles sont ces choses Ă©tranges ? Ă quoi peuvent-elles servir ? De honte, je baissai la tĂȘte et je pensai Je nâai pas luttĂ© pour obtenir ceci ; rien de tout cela nâa Ă©tĂ© achetĂ© sur le marchĂ© ; ce ne sont pas des prĂ©sents faits pour elle. Alors, durant toute la nuit, je jetai ces trĂ©sors dans la rue. Au matin, des voyageurs vinrent ; ils les ramassĂšrent et les emportĂšrent dans des pays lointains. IV HĂ©las ! Pourquoi ont-ils bĂąti ma maison au bord de la route qui mĂšne Ă la citĂ© ? Ils amarrent leurs bateaux tout chargĂ©s, prĂšs de mes arbres. Ils vont et viennent et errent Ă leur guise. Je mâassieds et je les surveille ; mes heures se consument. Je ne puis les chasser. Et ainsi passent mes jours. Nuit et jour leurs pas rĂ©sonnent Ă ma porte. En vain je leur crie Je ne vous connais pas. » Je touche les uns, je sens lâodeur des autres ; jâai ceux-ci dans le sang de mes veines et ceux-lĂ hantent mes rĂȘves. Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis Que ceux qui le voudront, viennent dans ma maison. Oui, quâils viennent. » Au matin, la cloche sonne dans le temple. Ils viennent avec des paniers dans leurs mains. Leurs pieds sont rougis. La premiĂšre lueur de lâaube Ă©claire leur visage. Les chasser je ne puis ; je les appelle et je leur dis Venez dans mon jardin pour y cueillir des fleurs. Venez. » Ă midi le gong rĂ©sonne Ă la grille du palais. Je ne sais pourquoi ils quittent leur travail et sâattardent prĂšs de ma haie. Les fleurs dans leurs cheveux sont pĂąles et fanĂ©es ; les notes de leurs flĂ»tes sont languissantes. Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dit Lâombre est fraĂźche sous mes arbres. Venez, amis. » La nuit les grillons chantent dans les bois. Qui vient lentement vers ma porte, y frapper doucement ? Je vois vaguement le visage⊠Aucun mot nâest prononcĂ©. Le silence du ciel est partout alentour. Chasser mon hĂŽte silencieux, je ne le puis ; Je regarde son visage dans la nuit et des heures de rĂȘve passent. V Je ne puis trouver le repos. Jâai soif dâinfini. Mon Ăąme languissante aspire aux inconnus lointains. Grand Au-DelĂ , Ă le poignant appel de ta flĂ»te ! Jâoublie, jâoublie toujours que je nâai pas dâailes pour voler, que je suis Ă©ternellement attachĂ© Ă la terre. Mon Ăąme est ardente et le sommeil me fuit ; je suis un Ă©tranger dans un pays Ă©trange ! Tu murmures Ă mon oreille un espoir impossible. Mon cĆur connaĂźt ta voix comme si câĂ©tait la sienne. Grand Inconnu, Ă le poignant appel de ta flĂ»te ! Jâoublie, jâoublie toujours que je ne sais pas le chemin, que je nâai pas le cheval ailĂ©. Je ne puis trouver la quiĂ©tude ; je suis Ă©tranger Ă mon propre cĆur. Dans la brume ensoleillĂ©e des heures langoureuses, quelle immense vision de Toi apparaĂźt sur le bleu du ciel ! Grand Inconnaissable, Ă le poignant appel de ta flĂ»te ! Jâoublie, jâoublie toujours que partout les grilles sont fermĂ©es dans la maison oĂč je demeure solitaire ! VI Lâoiseau apprivoisĂ© Ă©tait dans une cage ; lâoiseau sauvage Ă©tait dans la forĂȘt. Le sort les fit se rencontrer. Lâoiseau sauvage crie Oh ! mon amour, volons vers le bois. Lâoiseau apprivoisĂ© murmure Viens ici, vivons ensemble dans la cage. Parmi ces barreaux, oĂč y aurait-il place pour Ă©tendre mes ailes ? dit le libre oiseau. HĂ©las ! sâĂ©crie le prisonnier, je ne saurais oĂč me poser dans le ciel. Mon bien-aimĂ©, viens chanter les chants des forĂȘts. â Reste prĂšs de moi. Je tâenseignerai une musique savante. Lâoiseau des forĂȘts rĂ©plique Non, non ! Les chants jamais ne se peuvent enseigner. Lâoiseau en cage dit HĂ©las ! Je ne sais pas les chants des forĂȘts. Ils ont soif dâamour, mais jamais ils ne peuvent voler aile Ă aile. Ă travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est leur dĂ©sir de se connaĂźtre. Ils battent des ailes et chantent Viens plus prĂšs mon amour ! Le libre ailĂ© sâĂ©crie Je ne puis, je crains les portes fermĂ©es de ta cage. HĂ©las ! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes. VII Ă mĂšre, le jeune Prince doit passer devant notre porte. Comment pourrais-je travailler ce matin ? Apprenez-moi Ă natter mes cheveux ; dites-moi quel vĂȘtement je dois mettre. Pourquoi, mĂšre, me regardez-vous avec Ă©tonnement ? Je sais bien quâil ne jettera pas un regard Ă ma fenĂȘtre ; je sais quâen un clin dâĆil, il disparaĂźtra et que seuls les sanglots de sa flĂ»te lointaine viendront mourir Ă mon oreille. Mais le jeune Prince passera devant notre porte et je veux, pour cet instant, mettre ce que jâai de plus beau. Ă mĂšre, le jeune Prince a passĂ© devant notre porte et le soleil du matin Ă©tincelait sur son char. Je me suis dĂ©voilĂ©e ; jâai arrachĂ© mon collier de rubis de mon cou et je lâai jetĂ© Ă ses pieds. Pourquoi, mĂšre, me regardez-vous avec Ă©tonnement ? Je sais quâil ne ramassa pas mon collier ; je sais que mon collier fut Ă©crasĂ© sous les roues de son char, laissant une tache rouge sur la poussiĂšre ; personne nâa su ce quâĂ©tait mon prĂ©sent ni Ă qui il Ă©tait offert. Mais le jeune Prince a passĂ© devant notre porte et jâai jetĂ© sur son chemin le joyau de mon cĆur. VIII La lampe sâĂ©tait Ă©teinte prĂšs de mon lit ; au matin je mâĂ©veillai avec les oiseaux. Je mâassis Ă ma fenĂȘtre ouverte et entourai mes cheveux dĂ©faits dâune couronne de fleurs. Le jeune voyageur vint le long de la route dans la brume rosĂ©e du matin. Un collier de perles Ă©tait Ă son cou et les rayons du soleil brillaient sur sa couronne. Il sâarrĂȘta devant ma porte et ardemment me demanda OĂč est-elle ? » Honteuse, je ne pus lui dire Elle, jeune voyageur, câest moi, câest moi. » Le jour tombait et la lampe nâĂ©tait pas allumĂ©e. Distraitement, je tressais mes cheveux. Le jeune voyageur vint sur son char dans le rayonnement du soleil couchant. Ses chevaux Ă©cumaient et son vĂȘtement Ă©tait couvert de poussiĂšre. Il descendit Ă ma porte et demanda dâune voix fatiguĂ©e OĂč est-elle ? » Honteuse je ne pus lui dire Elle, voyageur lassĂ©, câest moi, câest moi. » Par une nuit dâavril, la lampe brĂ»le dans ma chambre. La brise du sud souffle doucement. Le bruyant perroquet dort dans sa cage. Mon corsage a la couleur dâune gorge de paon et mon manteau est vert comme de la jeune herbe. Je suis assise Ă terre prĂšs de la fenĂȘtre, surveillant la rue dĂ©serte. Ă travers la nuit sombre, je murmure constamment Elle, voyageur dĂ©sespĂ©rĂ©, câest moi, câest moi ! » IX Quand, de nuit, je vais seule Ă mon rendez-vous dâamour, les oiseaux ne chantent pas, le vent ne souffle pas ; des deux cĂŽtĂ©s de la rue les maisons sont silencieuses. Ă chaque pas mes pieds deviennent plus lourds et je suis honteuse. Quand je reste assise sur mon balcon et que jâĂ©coute si jâentends venir mon bien aimĂ©, les feuilles ne bruissent pas sur les arbres et lâeau est calme dans la riviĂšre, comme lâĂ©pĂ©e sur les genoux de la sentinelle endormie. Câest mon cĆur qui bat follement. Je ne sais comment lâapaiser. Quand mon bien aimĂ© vient et sâassied prĂšs de moi, tout mon corps tremble, mes paupiĂšres sâalourdissent ; la nuit sâassombrit ; le vent Ă©teint la lampe et les nuages Ă©tendent des voiles sur les Ă©toiles. Seul le joyau de mon sein brille et rĂ©pand sa clartĂ© ; je ne sais comment la cacher. X Femme, laisse lĂ ton travail. Ăcoute, lâhĂŽte est arrivĂ©. Lâentends-tu secouer doucement la chaĂźne qui ferme la porte ? Ne fais pas de bruit ; ne te prĂ©cipite pas Ă sa rencontre. Laisse lĂ ton travail, femme. LâhĂŽte est venu ce soir. Non, ce nâest pas le souffle dâun Esprit, femme, ne crains rien. La pleine lune luit par une nuit dâavril ; les ombres, dans la cour, sont pĂąles ; le ciel, au-dessus, est clair. Tire ton voile sur ton visage, si tu le dois ; emporte la lampe Ă la porte, si tu as peur. Non, ce nâest pas le souffle dâun Esprit, femme, ne crains rien. Ne lui dis pas un mot, si tu es timide ; tiens-toi sur le cĂŽtĂ© de la porte, quand tu lâaccueilleras. Sâil te pose des questions tu peux, si tu le dĂ©sires, baisser les yeux en silence. EmpĂȘche tes bracelets de tinter quand, la lampe Ă la main, tu le feras entrer. Ne lui parle pas, si tu es timide. Femme nâas-tu pas encore fini ton ouvrage ? Ăcoute, lâhĂŽte est arrivĂ©. Nâas-tu pas allumĂ© la lampe dans lâĂ©table ? Nâas-tu pas prĂ©parĂ© le panier dâoffrande pour le service du soir ? Nâas-tu pas mis la marque rouge de la chance sur la raie de tes cheveux, et fait ta toilette pour la nuit ? Ă femme, entends-tu, lâhĂŽte est venu. Laisse lĂ ton travail ! XI Viens comme tu es ; ne tâattarde pas Ă ta toilette. Si la tresse de tes cheveux sâest dĂ©faite, si ta raie nâest pas droite, si les rubans de ton corset ne sont pas attachĂ©s, quâimporte ? Viens comme tu es ; ne tâattarde pas Ă ta toilette. Viens dâun pas rapide sur lâherbe. Si la rosĂ©e fait glisser la courroie de ton pied, si les anneaux de clochettes sâentrâouvrent sur tes chevilles, si les perles de ton collier sâĂ©grĂšnent, quâimporte ? Viens, dâun pas rapide sur lâherbe. Vois-tu les nuages qui enveloppent le ciel ? Au loin des bandes de grues sâenvolent de la rive, et, par moments, de furieuses rafales se prĂ©cipitent sur la lande. Le bĂ©tail inquiet regagne les Ă©tables. Vois-tu les nuages qui enveloppent le ciel ? En vain, tu allumes la lampe qui sert Ă ta toilette ; elle vacille, et sâĂ©teint dans le vent. Qui peut savoir si tes paupiĂšres nâont pas Ă©tĂ© noircies de noir de fumĂ©e ? Tes yeux sont plus sombres que les nuages de pluie. En vain tu allumes ta lampe ; elle sâĂ©teint. Viens comme tu es ; ne tâattarde pas Ă ta toilette. Si ta guirlande nâest pas tressĂ©e, qui sâen soucie ? Si ton bracelet nâest pas fermĂ©, laisse-le. Les nuages obscurcissent le ciel, il est tard. Viens comme tu es ; ne tâattarde pas Ă ta toilette. XII Si, pour tâoccuper, tu veux remplir ta cruche, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. Lâeau enserrera tes pieds et te babillera son secret. Lâombre de la pluie prochaine sâĂ©tend sur les dunes et les nuages bas se reposent sur la ligne bleue des arbres comme sur tes sourcils les cheveux alourdis. Je connais bien le rythme de tes pas, je lâentends battre dans mon cĆur. Si tu dois remplir ta cruche, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. Si paresseusement tu veux rester assise et laisser ta cruche flotter sur lâeau, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. La pente dâherbe est verte et plus loin les fleurs sauvages poussent nombreuses. Tes pensĂ©es Ă©migreront de tes yeux sombres comme des oiseaux de leurs nids. Ton voile tombera Ă tes pieds. Si tu dois rester oisive, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. Si laissant tes jeux de cĂŽtĂ©, tu veux te plonger dans lâeau pure, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. Laisse sur la plage, ton manteau bleu ; lâeau plus bleue tâenveloppera toute. Les vagues se feront trĂšs douces pour caresser ton cou et murmurer Ă ton oreille. Viens, ĂŽ viens Ă mon lac si tu veux tây plonger. Si insensĂ©e, tu cours Ă la mort, viens, ĂŽ viens Ă mon lac. Il est froid et insondablement profond. Il est sombre comme un sommeil sans rĂȘve. LĂ dans ses abĂźmes, les nuits et les jours ne comptent pas et les chants sont silencieux. Viens, ĂŽ viens Ă mon lac si tu veux tâabĂźmer dans la mort. XIII Je ne demandais rien. Je restais debout Ă la lisiĂšre du bois derriĂšre lâarbre. Les yeux de lâaurore Ă©taient encore couverts de langueur et la rosĂ©e Ă©tait dans lâair. La paresseuse senteur de lâherbe Ă©tait suspendue dans le mince brouillard qui planait sur la terre. Pour traire la vache avec vos mains tendres et fraĂźches comme du beurre, vous Ă©tiez sous le bananier. Je restai immobile. Je ne dis pas un mot ; seul lâoiseau chanta cachĂ© dans le buisson. Les fleurs du manguier tombaient sur la route du village et une Ă une les abeilles venaient bourdonner autour dâelles. Du cĂŽtĂ© de lâĂ©tang la grille du temple de Shiva Ă©tait ouverte et lâadorateur avait commencĂ© ses chants. La jarre sur vos genoux, vous trayiez la vache. Je restai debout avec ma cruche vide. Je ne mâapprochai pas de vous. Le jour sâĂ©veilla avec le son du gong dans le temple. La poussiĂšre sâĂ©leva de la route sous les sabots des bĂȘtes du troupeau. Les femmes revenaient de la riviĂšre portant sur leurs hanches leurs cruches glougloutantes. Vos bracelets tintaient et lâĂ©cume du lait dĂ©bordait de votre jarre. La matinĂ©e sâĂ©coula, et je ne mâapprochai pas de vous. XIV Tandis quâau crĂ©puscule, les branches des bambous frĂ©missaient au vent, je ne sais pourquoi je marchai sur la route. Les ombres inclinĂ©es sâaccrochaient Ă la lumiĂšre fugitive. Les oiseaux Ă©taient las de leurs chants. Je ne sais pourquoi je marchai sur la route. Un arbre aux branches tombantes ombrage la hutte qui est prĂšs de la riviĂšre. Quelquâun y travaille. Dans le fond de la piĂšce on entend des bracelets tinter. Je ne sais pourquoi je restai devant cette hutte. La route Ă©troite et tournante traverse des champs de moutarde et des forĂȘts de manguiers. Elle passe devant le temple du village et devant le marchĂ© du bord de la riviĂšre. Je mâarrĂȘtai devant cette hutte, je ne sais pourquoi. CâĂ©tait une journĂ©e fraĂźche de mars, il y a bien, bien longtemps ; le murmure du printemps Ă©tait langoureux et les fleurs de manguiers tombaient sur la poussiĂšre. Lâeau bouillonnante bondissait et lĂ©chait au passage le vase de cuivre posĂ© sur le bord. Je pense Ă cette fraĂźche journĂ©e de mars, je ne sais pourquoi. Les ombres se font plus profondes ; le bĂ©tail rentre dans son parc. La lumiĂšre est grise sur la prairie solitaire. Et sur la berge, les villageois attendent le bac. Lentement, je reviens sur mes pas ; je ne sais pourquoi. XV Je cours comme le cerf musquĂ©, enivrĂ© de son propre parfum, court Ă lâombre de la forĂȘt. La nuit est une nuit de mai, la brise est une brise du midi. Je perds ma route et jâerre ; je cherche ce que je ne peux trouver ; je trouve ce que je ne cherche pas. De mon cĆur monte lâimage de mon dĂ©sir ; je la vois danser devant mes yeux. LâĂ©tincelante vision sâenvole. Je tente de la saisir ; elle mâĂ©chappe et me laisse Ă©garĂ©. Je cherche ce que je ne puis trouver, je trouve ce que je ne cherche pas. XVI Nos mains sâenlacent, nos yeux se cherchent. Ainsi commence lâhistoire de nos cĆurs. Câest une nuit de mars Ă©clairĂ©e par la lune ; lâexquise odeur du hennĂ© flotte dans lâair ; ma flĂ»te est Ă terre abandonnĂ©e et ta guirlande de fleurs est inachevĂ©e. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Ton voile couleur de safran enivre mes yeux. La couronne de jasmin que tu me tresses rĂ©jouit mon cĆur comme une louange. Câest un jeu alternĂ© de dons et de refus, dâaveux et de mystĂšres ; de sourires et de timiditĂ©s, de douces luttes inutiles. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Nul mystĂšre au-delĂ du prĂ©sent ; nulle aspiration vers lâimpossible ; pur enchantement ; nul tĂątonnement dans la profondeur de lâombre. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Nous ne nous Ă©garons pas, hors des paroles, dans le silence Ă©ternel. Nous ne tendons pas nos mains vers le nĂ©ant des espoirs impossibles. Il nous suffit de donner et de recevoir. Nous nâavons pas Ă©crasĂ© les grappes de la jouissance jusquâĂ en exprimer le vin de la douleur. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. XVII Dans leur arbre, lâoiseau jaune chante et mon cĆur en danse de joie. Nous vivons tous deux dans le mĂȘme village, ce qui fait notre seul bonheur. Ses deux agneaux favoris viennent brouter Ă lâombre des arbres de notre jardin. Sâils sâĂ©garent dans notre champ dâorge, je les prends dans mes bras. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă elle est Ranjana. Un prĂ© seul nous sĂ©pare. Lâessaim dâabeilles qui est dans notre bocage va quĂ©rir son miel dans le leur. Les fleurs jetĂ©es du seuil de leur demeure, flottent sur le ruisseau oĂč nous nous baignons. Les paniers de fleurs de kusm sĂ©chĂ©es viennent de leur prĂ© Ă notre marchĂ©. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă elle est Ranjana. Le sentier qui mĂšne Ă leur maison est, au printemps, tout odorant des fleurs du manguier. Quand leur graine de lin est mĂ»re pour la moisson, le chanvre est fleuri dans notre champ. Les Ă©toiles qui sourient au toit de leur chaumiĂšre nous Ă©clairent dâun mĂȘme scintillement. La pluie qui remplit leur citerne rend heureuse notre forĂȘt. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă elle est Ranjana. XVIII Quand les deux sĆurs vont puiser de lâeau, elles viennent ici et sourient. Elles se doutent quâil est lĂ derriĂšre les arbres, chaque fois quâelles vont puiser de lâeau. Les deux sĆurs se chuchotent Ă lâoreille quand elles passent par ici. Elles ont devinĂ© le secret de celui qui est lĂ derriĂšre les arbres chaque fois quâelles vont puiser de lâeau. Leurs urnes se penchent subitement et lâeau se rĂ©pand quand elles arrivent ici. Elles ont dĂ©couvert quâun cĆur bat, derriĂšre les arbres, chaque fois quâelles vont puiser de lâeau. Les deux sĆurs se regardent et sourient quand elles viennent ici. Leurs petits pieds rapides semblent rire. Il est tout confus celui qui est lĂ derriĂšre les arbres chaque fois quâelles viennent puiser de lâeau. XIX Vous marchiez sur le sentier du bord du ruisseau et la cruche sur votre hanche Ă©tait pleine. Pourquoi, vivement, avez-vous tournĂ© la tĂȘte et mâavez-vous regardĂ© Ă travers votre long voile flottant ? Ce brillant regard Ă©chappĂ© de la nuit vint vers moi comme une brise qui aprĂšs avoir fait frissonner lâeau se perd dans les ombres du rivage. Ce regard vint Ă moi comme lâoiseau du soir qui, rapidement, vole Ă travers la chambre obscure, et dâune fenĂȘtre ouverte Ă lâautre sâen va dans la nuit. Vous avez disparu comme une Ă©toile derriĂšre les collines, et jâai passĂ© sur la route. Mais pourquoi vous ĂȘtes-vous arrĂȘtĂ©e un instant et mâavez-vous regardĂ© sous votre voile pendant que vous marchiez sur le sentier du bord du ruisseau avec la hanche sur votre cruche pleine ? XX Jour aprĂšs jour il vient et repart. Va et donne-lui cette fleur de mes cheveux, mon ami. Sâil demande qui lâenvoie, je tâen supplie, ne le lui dis pas, car il ne vient que pour repartir. Il est assis sous lâarbre, sur la poussiĂšre. Ătends pour sa couche des pĂ©tales de fleurs et des feuilles, mon ami. Ses yeux sont tristes et son regard peine mon cĆur. Il ne dit pas ce quâil pense, il vient seulement, et sâen va. XXI Pourquoi, au lever du jour, le jeune voyageur vint-il Ă ma porte ? Chaque fois que je rentre et chaque fois que je sors, je le rencontre, et son visage captive mes yeux. Je ne sais sâil faut lui parler ou rester silencieuse. Pourquoi est-il venu Ă ma porte ? Les nuageuses nuits de juillet sont pleines dâombre, le ciel Ă lâautomne est dâun bleu trĂšs doux ; le vent du midi des jours du printemps est inquiet. Sa chanson Ă tous moments est tissĂ©e dâairs nouveaux. Je me dĂ©tourne de mon ouvrage et mes yeux se remplissent de brouillard. Pourquoi a-t-il choisi ma porte ? XXII Quand rapidement elle passa prĂšs de moi, le bout de sa robe me frĂŽla. Comme dâune Ăźle inconnue vint de son cĆur une soudaine et chaude brise de printemps. Un souffle fugitif me caressa, et sâĂ©vanouit, tel sâenvole au vent le pĂ©tale arrachĂ© Ă la fleur. Il tomba sur mon cĆur comme un soupir de son corps et un murmure de son Ăąme. XXIII Paresseuse, pourquoi restes-tu lĂ Ă jouer avec tes bracelets ? Remplis ta cruche, il est temps pour toi de rentrer. Paresseuse, pourquoi de tes mains agites-tu lâeau, tandis que ton regard capricieux sâamuse Ă chercher quelquâun sur la route. Remplis ta cruche et rentre Ă la maison. La matinĂ©e sâachĂšve. Lâeau sombre sâĂ©panche. Les vagues paresseuses rient et chuchotent entre elles en jouant. Les nuages errants sâamoncellent Ă lâhorizon sur les collines lointaines. Ils sâattardent paresseusement Ă regarder ton visage et sâamusent Ă lui sourire. Remplis ta cruche et rentre Ă la maison. XXIV Ne garde pas pour toi seule le secret de ton cĆur, mon amie, dis-le moi, Ă moi seul, en secret. Toi, dont le sourire est si doux, murmure-moi ton secret ; mon cĆur seul lâentendra, non mes oreilles. La nuit est profonde, la maison silencieuse, les nids des oiseaux sont enveloppĂ©s de sommeil. Dis-moi Ă travers tes larmes hĂ©sitantes, Ă travers tes sourires troublĂ©s, Ă travers ta douce honte et ta peine, le secret de ton cĆur. XXV Jeune homme, dis-nous pourquoi tes yeux sont pleins de folie ? Je ne sais quel vin de pavots sauvages jâai bu, pour quâil y ait cette folie dans mes yeux. Honte Ă toi ! Il y a des sages et des fous, des prĂ©voyants et des insouciants. Il y a des yeux qui sourient et des yeux qui pleurent et mes yeux sont pleins de folie ! Jeune homme, pourquoi restes-tu si tranquille Ă lâombre de cet arbre ? Mes pieds sont lourds du fardeau de mon cĆur ; et je me repose Ă lâombre de cet arbre. Honte Ă toi. Certains suivent la route, dâautres flĂąnent, certains sont libres, dâautres sont enchaĂźnĂ©s, et mes pieds sont lourds du fardeau de mon cĆur. XXVI Ce que tu mâoffres volontiers, je le prends, je ne demande rien de plus. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que jâai. Si je puis avoir cette fleur Ă©garĂ©e, je la porterai sur mon cĆur. Et si elle a des Ă©pines ? Je les endurerai. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que jâai. Un regard de tes yeux amoureux rendrait ma vie douce pour lâĂ©ternitĂ©. Et si mon regard est cruel ? Je garderai sa blessure dans mon cĆur. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que jâai. XXVII Crois Ă lâamour, mĂȘme sâil est une source de douleur. Ne ferme pas ton cĆur. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. Le cĆur nâest fait que pour se donner avec une larme et une chanson, mon aimĂ©e. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. La joie est frĂȘle comme une goutte de rosĂ©e, en souriant elle meurt. Mais le chagrin est fort et tenace. Laisse un douloureux amour sâĂ©veiller dans tes yeux. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. Le lotus prĂ©fĂšre sâĂ©panouir au soleil et mourir, plutĂŽt que de vivre en bouton un Ă©ternel hiver. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. XXVIII Votre regard anxieux est triste. Il cherche Ă connaĂźtre ma pensĂ©e. La lune aussi veut pĂ©nĂ©trer la mer. Vous connaissez toute ma vie, je ne vous ai rien cachĂ©. VoilĂ pourquoi vous ignorez tout de moi. Si ma vie Ă©tait une gemme, je la briserais en cent morceaux, et de ces parcelles, je vous ferais un collier que je mettrais Ă votre cou. Si ma vie nâĂ©tait quâune fleur, douce et menue, je la cueillerais de sa tige pour la poser dans vos cheveux. Mais elle est un cĆur, mon aimĂ©e. OĂč sont ses limites ? Vous ne connaissez pas les bornes de ce royaume et cependant vous en ĂȘtes la reine. Si mon cĆur nâĂ©tait que plaisir, vous le verriez fleurir en un sourire heureux et vous le pĂ©nĂ©treriez en un instant. Sâil nâĂ©tait que souffrance, il fondrait en larmes limpides, reflĂ©tant sans un mot son secret. Mais il est amour, ma bien-aimĂ©e. Son plaisir et sa peine sont illimitĂ©s, sa misĂšre et sa richesse sont Ă©ternelles. Il est aussi prĂšs de vous que votre vie mĂȘme, mais jamais vous ne le connaĂźtrez tout entier. XXIX Parle-moi, mon amour ! Dis-moi les mots que tu chantais. La nuit est sombre, les Ă©toiles sont perdues dans les nuages. Le vent soupire Ă travers les feuilles. Je dĂ©nouerai ma chevelure. Mon manteau bleu mâenveloppera de nuit. Je presserai ta tĂȘte contre mon sein ; et lĂ , dans la douce solitude, je parlerai bas Ă ton cĆur. Je fermerai mes yeux et jâĂ©couterai. Je ne regarderai pas ton visage. Quand tes paroles auront cessĂ©, nous resterons silencieux et tranquilles Les arbres seuls chuchoteront dans les tĂ©nĂšbres. La nuit pĂąlira, le jour naĂźtra. Nous nous regarderons tous deux dans les yeux et nous continuerons nos routes diffĂ©rentes. Parle-moi, mon amour, dis-moi les mots que tu chantais. XXX Vous ĂȘtes le nuage du soir qui flotte dans le ciel de mes rĂȘves. Je vous façonne et vous crĂ©e selon les dĂ©sirs de mon amour. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves infinis. Vos pieds sont rosĂ©s de la gloire de mon dĂ©sir, ĂŽ glaneuse de mes chants du soir. Vos lĂšvres sont amĂšres et douces du vin de ma douleur. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves solitaires. Câest lâombre de mes passions qui assombrit vos yeux. Vous ĂȘtes lâhallucination de mon regard. Je vous ai saisie et enveloppĂ©e dans le filet de mes chants, ĂŽ mon amour. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves immortels. XXXI Mon cĆur, oiseau du dĂ©sert, a trouvĂ© son ciel dans tes yeux. Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des Ă©toiles. Leur abĂźme engloutit mes chants. Dans ce ciel immense et solitaire laisse-moi planer. Laisse-moi fendre ses nuages et dĂ©ployer mes ailes dans son soleil. XXXII Dis-moi si tout cela est vrai, mon bien-aimĂ©, dis-moi si cela est vrai. Quand brille lâĂ©clair de mes yeux, de sombres nuages orageux sâamassent-ils dans ton cĆur ? Est-il vrai que mes lĂšvres te soient douces comme lâĂ©panouissement de ton premier amour ? La souvenance des mois Ă©vanouis de Mai languit-elle dans mes veines ? La terre comme une harpe, frissonne-t-elle de chansons au toucher de mes pieds ? Est-il vrai, quâĂ ma vue les gouttes de rosĂ©e tombent des yeux de la nuit et que la lumiĂšre du matin est heureuse de mâenvelopper ? Est-il vrai, est-il vrai que, solitaire, ton amour mâa cherchĂ©e Ă travers les siĂšcles et les mondes ? Et que, mâayant trouvĂ©e, ton long dĂ©sir fut apaisĂ© par mes douces paroles, par mes yeux, par mes lĂšvres et mes cheveux flottants ? Est-il donc vrai que le mystĂšre de lâInfini est Ă©crit sur ce petit front ? Dis-le-moi, mon bien-aimĂ©, tout cela est-il vrai ? XXXIII Je tâaime, mon bien-aimĂ©. Pardonne-moi mon amour. Oiseau Ă©garĂ© tu mâas prise. Mon cĆur a Ă©tĂ© si Ă©branlĂ© que son voile est tombĂ©. Couvre-le de pitiĂ©, mon bien-aimĂ© et pardonne-moi mon amour. Si tu ne peux mâaimer, bien-aimĂ©, pardonne-moi ma douleur. Ne me regarde pas de loin avec mĂ©pris. Je me blottirai dans mon coin et je resterai assise dans la nuit. De mes deux mains, je couvrirai ma honte. DĂ©tourne-toi de moi, bien-aimĂ©, et pardonne-moi ma douleur. Si tu mâaimes, bien-aimĂ©, pardonne-moi ma joie. Quand mon cĆur est emportĂ© dans le torrent du bonheur, ne souris pas Ă mon pĂ©rilleux abandon. Quand assise sur mon trĂŽne, je te gouverne avec la tyrannie de mon amour ; quand, telle une dĂ©esse je tâaccorde mes faveurs, supporte mon orgueil, bien-aimĂ©, et pardonne-moi ma joie. XXXIV Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. Toute la nuit jâai veillĂ©, et maintenant mes yeux sont lourds de sommeil. Je crains de te perdre si je mâendors. Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. Je tressaille et jâĂ©tends mes mains pour te toucher. Je me demande Est-ce un rĂȘve ? Que ne puis-je emmĂȘler tes pieds avec mon cĆur et les tenir pressĂ©s contre mes seins ! Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. XXXV De peur que je nâapprenne Ă te connaĂźtre trop facilement, tu joues avec moi. Tu mâĂ©blouis de tes Ă©clats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne tâapprĂ©cie pas, tu mâĂ©chappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule Ă part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, câest pourquoi tu es silencieuse. Avec une folĂątre insouciance, tu Ă©vites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre. XXXVI Il murmura Mon amour lĂšve les yeux. Je le grondai et lui dis Va ! Mais il ne bougea pas. Il resta devant moi et garda mes deux mains dans les siennes. Je dis Laisse-moi ! Mais il ne sâen alla pas. Il approcha son visage prĂšs du mien. Je le regardai et lui dis Quelle honte ! Mais il ne fit pas un mouvement. Ses lĂšvres frĂŽlĂšrent ma joue. Je tremblai et je dis Tu oses trop ! Mais il nâeut pas honte. Il mit une fleur dans mes cheveux. Je dis Câest inutile ! Mais il ne se troubla pas. Il prit la guirlande de mon cou et sâen alla. Je pleure et je demande Ă mon cĆur Pourquoi ne revient-il pas ! XXXVII Vous voulez mettre autour de mon cou votre guirlande de fraĂźches fleurs ? ĂŽ ma beautĂ© ! Soit ! mais sachez que la seule couronne que jâaie tressĂ©e est pour celles que lâon voit apparaĂźtre dans des rayons de lumiĂšre, qui habitent des contrĂ©es inexplorĂ©es et qui vivent dans les chants des poĂ«tes. Il est trop tard pour me demander mon cĆur en Ă©change du vĂŽtre. Il fut un temps oĂč tout le parfum de ma vie Ă©tait concentrĂ© comme dans le bouton dâune fleur. Maintenant il est Ă©parpillĂ© loin Ă tous les vents. Qui connaĂźt lâenchantement capable de le recueillir et de le renfermer. Mon cĆur nâest pas Ă moi pour que je le donne Ă une seule ; il appartient Ă plus dâune. XXXVIII Mon amour, il fut un temps oĂč ton poĂ«te sâĂ©tait lancĂ© dans la composition dâun grand poĂ«me Ă©pique. HĂ©las ! Je ne fus pas assez prudent Mon poĂ«me heurta tes chevilles harmonieuses et y trouva sa perte. Il se brisa en morceaux de chansons qui sâĂ©parpillĂšrent Ă tes pieds. Toute ma cargaison de vieilles histoires de guerre devint le jouet des vagues railleuses et, trempĂ©e de larmes, sombra. Mon amour, transforme pour moi cette perte en un bien. Si mes droits Ă une gloire Ă©ternelle aprĂšs la mort sont anĂ©antis, rends-moi immortel tandis que je vis. Et je ne me lamenterai pas sur ma perte, ni ne te blĂąmerai. XXXIX Toute la matinĂ©e, jâessayai de tresser une couronne, mais les fleurs glissaient et sâĂ©chappaient de mes doigts. Vous Ă©tiez lĂ assise et vous mâexaminiez du coin de lâĆil. Demandez Ă cet Ćil sombre de malice, Ă qui la faute. Jâessaye de chanter une chanson, mais câest en vain. Un sourire cachĂ© tremble sur vos lĂšvres ; demandez-lui la raison de mon insuccĂšs. Laissez vos lĂšvres souriantes dire comment ma voix sâest perdue dans le silence, telle une abeille ivre au sein dâun lotus. Câest le soir ; il est lâheure pour les fleurs de clore leurs pĂ©tales. Laissez-moi mâasseoir Ă vos cĂŽtĂ©s et ordonnez Ă mes lĂšvres dâaccomplir leur office dans le silence de la nuit, Ă la clartĂ© diffuse des Ă©toiles. XL Un sourire dâincrĂ©dulitĂ© voltige dans vos yeux quand je viens vous dire adieu. Si souvent je lâai fait que vous pensez me voir bientĂŽt revenir. En vĂ©ritĂ©, je le crois aussi. Car les jours de printemps reviennent saison aprĂšs saison ; la lune nous quitte pour nous rendre Ă nouveau visite ; les fleurs sur les branches sâĂ©panouissent Ă chaque nouvelle annĂ©e. Il est probable que mon adieu aussi nâest quâun au revoir. Mais gardez un instant lâillusion. Ne la rejetez pas avec une hĂąte impolie. Quand je dis que je vous quitte pour toujours, acceptez-le comme vrai et laissez un brouillard de larmes rembrunir un moment la frange sombre de vos yeux. Puis, quand je reviendrai, vous sourirez aussi malicieusement que vous voudrez. XLI Il me tarde de vous dire les mots les plus profonds. Je nâose pas ; je crains votre rire. Câest pourquoi je me moque de moi-mĂȘme et fais Ă©clater mon secret en plaisanteries. Je fais fi de ma peine, de peur que vous nâen fassiez fi vous-mĂȘme. Il me tarde de vous dire les mots les plus sincĂšres ; je nâose pas ; jâai peur que vous ne les croyiez pas. VoilĂ pourquoi je les dĂ©guise en mensonges, disant le contraire de ce que je pense. Je fais paraĂźtre absurde ma douleur, de peur que vous ne la traitiez dâabsurde vous-mĂȘme. Il me tarde dâemployer pour vous les mots les plus prĂ©cieux ; mais je nâose pas craignant de nâĂȘtre pas payĂ© de retour. Câest pourquoi je vous donne des noms durs et me vante de mon insensibilitĂ©. Je vous peine, de peur que vous ne connaissiez jamais la peine. Il me tarde dâĂȘtre assis silencieusement auprĂšs de vous ; mais je nâose pas de peur que mes lĂšvres ne trahissent mon cĆur. Câest pourquoi je bavarde et je jase, cachant mon cĆur derriĂšre mes paroles. Je traite durement ma souffrance, de peur que vous ne la traitiez de mĂȘme. Il me tarde de mâĂ©loigner de vous ; mais je nâose pas, de peur que vous ne vous aperceviez de ma lĂąchetĂ©. Câest pourquoi je porte la tĂȘte haute et viens vers vous dâun air indiffĂ©rent. La provocation constante de vos regards renouvelle Ă chaque instant ma douleur. XLII Ă Folie, superbe ivrognesse, quand, dâun coup de pied tu ouvres ta porte et badines devant le public ; quand tu vides ton sac en une nuit et fais la nique Ă la prudence ; quand, sans rime ni raison, tu marches dans dâĂ©tranges sentiers et joues avec des babioles ; quand, naviguant au milieu des orages, tu casses en deux ton gouvernail ; ⊠alors, je te suis, ma camarade, je mâenivre avec toi et je me donne au diable. Jâai perdu mes jours et mes nuits dans la compagnie de sages et honnĂȘtes voisins. Beaucoup de savoir a grisonnĂ© mes cheveux et beaucoup de veilles ont obscurci mon regard. Pendant des annĂ©es jâai recueilli et entassĂ© des bribes et des morceaux de science que maintenant je les Ă©crase, que je danse sur eux et que je les jette Ă tous les vents. Car je sais que la suprĂȘme sagesse est dâĂȘtre ivre et de se donner au diable. Que sâĂ©vanouissent tous les scrupules trompeurs. Laissez-moi dĂ©sespĂ©rĂ©ment perdre ma route. Quâun transport de vertige sauvage vienne et me balaye loin du port. Le monde est peuplĂ© de gens honorables, de travailleurs utiles et habiles. Il y a des hommes qui se tiennent aisĂ©ment au premier rang ; dâautres qui occupent dĂ©cemment le second. Laissez-les ĂȘtre utiles et prospĂšres et laissez-moi ĂȘtre futile et fou. Car, je le sais, lĂ est la fin de tous les travaux ĂȘtre ivre et se donner au diable. Je jure de renoncer dĂ©sormais Ă toute prĂ©tention de dignitĂ© et de dĂ©cence. Jâabandonne mon orgueil de savoir et mon jugement du vrai et du faux. Je brise le rĂ©ceptacle de mes souvenirs, Ă©parpillant jusquâaux derniĂšres gouttes de mes larmes. Je me plonge dans lâĂ©cume du vin rouge des baies et jâen illumine mon rire. La politesse et la gravitĂ©, je les dĂ©chire en lambeaux. Je fais le serment sacrĂ© dâĂȘtre indigne, dâĂȘtre ivrogne et dâaller au diable. XLIII Non, mes amis, vous aurez beau dire, jamais je ne me ferai ascĂšte. Jamais je ne me ferai ascĂšte, si elle ne prononce les mĂȘmes vĆux que moi. Je suis fermement dĂ©cidĂ© Ă ne devenir ascĂšte que si je trouve un abri bien ombragĂ© et une compagne de pĂ©nitence. Non, mes amis, jamais je ne quitterai mon foyer et ma chĂšre maison, pour me retirer dans la forĂȘt solitaire, si nul rire joyeux ne rĂ©sonne dans lâĂ©cho de son ombre, si le vent nây fait pas flotter le pan dâun manteau couleur de safran, si son silence nâest pas rendu plus profond par de doux murmures. DĂ©cidĂ©ment, je ne serai jamais ascĂšte. XLIV Pardonnez, mon rĂ©vĂ©rend Ă deux pĂ©cheurs. Aujourdâhui les vents du printemps soufflent en tourbillons, balayant la poussiĂšre et les feuilles mortes, et avec elles vos leçons. Ne dites pas, mon pĂšre, que la vie est vanitĂ©. Car, pour un jour, nous avons fait trĂȘve avec la mort et, pour quelques heures parfumĂ©es, nous sommes tous deux devenus immortels. Si mĂȘme lâarmĂ©e du roi venait et furieusement se jetait sur nous, nous nous contenterions de secouer tristement la tĂȘte et de dire FrĂšres, vous nous dĂ©rangez. Si vous voulez jouer Ă ces jeux bruyants, allez plus loin faire cliqueter vos armes. Câest seulement pour quelques instants fugitifs que nous sommes devenus immortels. » Si des amis venaient nous entourer, nous les saluerions humblement et leur dirions Cette bonne fortune nous met dans un grand embarras. Dans le ciel infini, la place est restreinte oĂč nous demeurons. Car, au printemps, les fleurs pullulent et les ailes besogneuses des abeilles se frĂŽlent. Ce petit ciel oĂč nous demeurons seuls, nous deux immortels, est trop absurdement Ă©troit. XLV Convives, que lâordre de Dieu doit disperser, sans que nulle trace nâen reste dans ce monde, Prenez, avec un sourire, ce qui est facile et simple et prĂšs de vous. Aujourdâhui, câest la fĂȘte des fantĂŽmes qui ne savent pas lâheure de leur mort. Que votre rire ne soit quâune gaietĂ© irraisonnĂ©e comme les scintillements de la lumiĂšre sur les rides de lâeau. Laissez votre vie danser avec lĂ©gĂšretĂ© sur les bords du Temps, comme la rosĂ©e Ă la pointe de la feuille. Tirez, des cordes de la harpe, des sons qui soient des rythmes passagers. XLVI Vous mâavez quittĂ© et vous avez continuĂ© votre route. Je croyais que je pleurerais sur vous et que jâenchĂąsserais dans mon cĆur votre image tissĂ©e en une chanson dâor pur. Mais hĂ©las, triste fortune, le temps est court. La jeunesse pĂąlit dâannĂ©e en annĂ©e. Les jours du printemps sont fugitifs. Un rien fait mourir les frĂȘles fleurs et le sage me dit que la vie nâest quâune goutte de rosĂ©e posĂ©e sur la feuille du lotus. Dois-je oublier tout ceci pour chercher celle qui sâest dĂ©tournĂ©e de moi ? Ce serait folie, car le temps est court. Venez, nuits pluvieuses aux pieds mouillĂ©s, souriez mon automne dâor ; venez avril nonchalant, qui rĂ©pandez vos baisers au loin. Venez tous ! Mes amours, vous savez que nous sommes mortels. Est-il sage de briser son cĆur pour celle qui emporte le sien ? Non, car le temps est court. Il est doux dâĂȘtre assis dans un coin solitaire, de rĂȘver et dâĂ©crire en vers que vous ĂȘtes toute ma vie. Il est hĂ©roĂŻque de chĂ©rir sa propre douleur et dâĂȘtre dĂ©cidĂ© Ă ne pas sâen consoler. Mais un frais visage guette Ă ma porte et lĂšve les yeux sur moi. Je ne peux quâessuyer mes larmes et changer lâaccord de mon chant. Car le temps est court. XLVII â Puisque tu le veux, je cesserai de chanter. â Si mon regard fait battre ton cĆur, je dĂ©tournerai mes yeux de ton visage. â Si de me rencontrer, tu tressailles, je mâĂ©carterai vers un autre sentier. Si ma prĂ©sence te gĂȘne quand tu tresses des fleurs, je fuirai ton jardin solitaire. Si lâeau de la riviĂšre sâagite tumultueuse au passage de ma barque, je ne ramerai plus vers ta rive. XLVIII DĂ©livre-moi des chaĂźnes de ta tendresse, ĂŽ mon amour. Ne me verse plus le vin de tes baisers. Cette vapeur de lourd encens oppresse mon cĆur. Ouvre les portes ; fais de la place pour la lumiĂšre du matin. Je suis perdu en toi ; enveloppĂ© dans les plis de tes caresses. DĂ©livre-moi de tes sortilĂšges. Rends-moi la virilitĂ© ; alors je tâoffrirai un cĆur libĂ©rĂ©. XLIX Je tiens ses mains ; je la presse sur mon cĆur ; Jâessaye dâemplir mes bras de sa beautĂ© ; de butiner son doux sourire sous mes baisers ; de boire avidement son regard sombre. HĂ©las ! oĂč est tout cela ? Qui peut violenter lâazur du ciel ? Je veux Ă©treindre la beautĂ© ; elle mâĂ©chappe ; le corps seul reste dans mes mains. Déçu et fatiguĂ©, je reprends ma route. Comment le corps toucherait-il la fleur, que seul lâesprit peut toucher ? L Mon aimĂ©e, mon cĆur, nuit et jour, brĂ»le de te rencontrer comme on rencontre la mort dĂ©vorante. Que je sois balayĂ© par toi comme par une tempĂȘte. Prends tout ce que jâai ; dĂ©truis mon sommeil et ravis mes rĂȘves. DĂ©robe-moi ma vie. Par cette dĂ©vastation, par ce dĂ©pouillement total de mon Ăąme, devenons un seul ĂȘtre de beauté⊠HĂ©las ! mon dĂ©sir est vain. OĂč est lâespoir de communion complĂšte sinon en toi, mon Dieu ? LI Finis ta derniĂšre chanson et partons. Oublie cette nuit puisque voilĂ le jour. Qui cherchĂ©-je Ă presser dans mes bras ? Les rĂȘves ne peuvent sâemprisonner. Mes mains ardentes pressent le vide sur mon cĆur. Et mon sein en est tout meurtri. LII Pourquoi la lampe sâest-elle Ă©teinte ? Je lâentourai de mon manteau pour la mettre Ă lâabri du vent ; câest pour cela que la lampe sâest Ă©teinte. Pourquoi la fleur sâest-elle fanĂ©e ? Je la pressai contre mon cĆur avec inquiĂ©tude et amour ; voilĂ pourquoi la fleur sâest fanĂ©e. Pourquoi la riviĂšre sâest-elle tarie ? Je mis une digue en travers dâelle afin quâelle me servĂźt Ă moi seul ; voilĂ pourquoi la riviĂšre sâest tarie. Pourquoi la corde de la harpe sâest-elle cassĂ©e ? Jâessayai de donner une note trop haute pour son clavier ; voilĂ pourquoi la corde de la harpe sâest cassĂ©e. LIII Pourquoi, dâun regard, me rendez-vous confus ? Je ne suis pas venu en mendiant. Je nâai stationnĂ© quâune heure au bout de votre cour, derriĂšre la haie du jardin. Pourquoi, dâun regard, me rendre confus ? Je nâai pas cueilli une rose de votre jardin ; Je nây ai pas pris un fruit. Je me suis humblement abritĂ© dans lâombre du sentier, oĂč tout voyageur Ă©tranger peut sâarrĂȘter. Je nâai pas cueilli une rose. Oui, jâĂ©tais fatiguĂ© et la pluie tombait. Le vent pleurait dans les branches agitĂ©es des bambous. Les nuages couraient dans le ciel comme un bataillon en dĂ©route. JâĂ©tais fatiguĂ©. Je ne sais si vous pensiez Ă moi, ou qui vous attendiez sur le seuil. Des Ă©clairs brillaient dans vos yeux guetteurs. Comment pouvais-je savoir que vous me voyiez dans la nuit ? Je ne sais si vous pensiez Ă moi. La journĂ©e est finie ; la pluie a cessĂ©. Je quitte lâombre de lâarbre au bout de votre jardin et le banc sur lâherbe. La nuit est venue ; fermez votre porte. Je continue ma route ; la journĂ©e est finie. LIV OĂč cours-tu avec ton panier, ce soir, quand le marchĂ© est terminĂ© ? Tous les acheteurs sont rentrĂ©s ; la lune se lĂšve sur les arbres du village. LâĂ©cho des voix appelant le bac traverse lâeau sombre jusquâau marais lointain oĂč dorment les canards sauvages. OĂč cours-tu ainsi avec ton panier, quand le marchĂ© est terminĂ© ? Les doigts du sommeil ont fermĂ© les yeux de la terre. Les nids des corbeaux sont silencieux et le murmure des feuilles de bambou sâest tu. Les laboureurs, de retour des champs, Ă©tendent leurs nattes dans la cour des fermes. OĂč cours-tu avec ton panier quand le marchĂ© est terminĂ© ? LV Il Ă©tait midi quand vous ĂȘtes parti. Le soleil Ă©tait ardent dans le ciel. Jâavais fini mon ouvrage et jâĂ©tais assise solitaire sur mon balcon, quand vous ĂȘtes parti. Des coups de vent mâapportaient, par instants, les parfums des prĂ©s Ă©loignĂ©s. Dans lâombre les colombes roucoulaient sans se lasser et une abeille Ă©garĂ©e dans ma chambre fredonnait les nouvelles des champs lointains. Le village dormait dans la chaleur de midi. La route Ă©tait dĂ©serte. Par accĂšs soudains le bruissement des feuilles sâĂ©levait puis sâĂ©vanouissait. Je regardais le ciel et, tandis que le village dormait dans la chaleur de midi, je tissais dans le bleu les lettres dâun nom aimĂ©. Jâavais oubliĂ© de tresser mes cheveux. La brise nonchalante sây jouait sur ma joue. La riviĂšre coulait tranquille sous sa rive ombragĂ©e. Les blancs nuages paresseux ne bougeaient pas. Jâavais oubliĂ© de tresser mes cheveux. Il Ă©tait midi quand vous ĂȘtes parti. La poussiĂšre de la route Ă©tait chaude et les prĂ©s haletants. Les tourterelles roucoulaient dans lâĂ©paisseur des feuilles. JâĂ©tais seule sur mon balcon quand vous ĂȘtes parti. LVI JâĂ©tais, avec mes compagnes, occupĂ©e aux obscures tĂąches journaliĂšres de la maison. Pourquoi mâavez-vous remarquĂ©e et mâavez-vous fait quitter le frais abri de notre vie commune ? Lâamour inexprimĂ© est sacrĂ©. Il brille comme une gemme dans lâombre secrĂšte du cĆur. Ă la lumiĂšre du jour indiscret, il sâassombrit piteusement. Ah ! vous avez brisĂ© lâenveloppe de mon cĆur et arrachĂ© mon amour Ă son mystĂšre, dĂ©truisant Ă jamais lâombre chĂšre oĂč il cachait son nid. Mes compagnes, elles, restent les mĂȘmes. Personne nâa pĂ©nĂ©trĂ© leur ĂȘtre intime et elles ne connaissent pas leur propre secret. LĂ©gĂšrement elles sourient et pleurent, et babillent et travaillent. Journellement elles vont au temple, allument leurs lampes et cherchent de lâeau Ă la riviĂšre. JâespĂ©rais que mon amour ne souffrirait pas la honte frissonnante de lâabandon. Mais vous dĂ©tournez votre visage. Oui, la route est ouverte devant vous ; mais vous mâavez coupĂ© toute retraite et laissĂ©e nue devant le monde, dont les yeux sans paupiĂšres me fixent nuit et jour. LVII Ă Monde, jâai cueilli ta fleur ! Je lâai pressĂ©e contre mon cĆur et son Ă©pine mâa piquĂ©. Au sombre dĂ©clin du jour la fleur sâest fanĂ©e, mais la douleur a persistĂ©. Ă monde bien des fleurs te reviendront parfumĂ©es et glorieuses. Mais lâheure de cueillir des fleurs est passĂ©e pour moi et dans la nuit sombre, je nâai plus ma rose ; sa douleur seule persiste. LVIII Un matin, dans le jardin, une enfant aveugle vint mâoffrir une guirlande posĂ©e sur une feuille de lotus. Je la mis autour de mon cou et des larmes vinrent Ă mes yeux. Jâembrassai lâenfant et je lui dis tu es une fleur et les fleurs sont aveugles tu ne peux connaĂźtre la beautĂ© de ton prĂ©sent. LIX Ă femme tu nâes pas seulement le chef-dâĆuvre de Dieu, tu es aussi celui des hommes ceux-ci te parent de la beautĂ© de leurs cĆurs. Les poĂ«tes tissent tes voiles avec les fils dâor de leur fantaisie ; les peintres immortalisent la forme de ton corps. La mer donne ses perles, les mines leur or, les jardins dâĂ©tĂ© leurs fleurs pour tâembellir et te rendre plus prĂ©cieuse. Le dĂ©sir de lâhomme couvre de gloire ta jeunesse. Tu es mi-femme et mi-rĂȘve. LX Dans le tourbillon et le fracas de la vie, ĂŽ BeautĂ© taillĂ©e dans la pierre, tu restes muette et tranquille, solitaire et lointaine. Ă tes pieds lâĂ©ternel Amour murmure parle, parle-moi mon adorĂ©e ; parle, ma bien-aimĂ©e. » Mais tes paroles restent figĂ©es dans la pierre, ĂŽ insensible BeautĂ©. LXI Paix, mon cĆur, que lâheure de la sĂ©paration soit douce ; Que ce ne soit pas une mort, mais un accomplissement. Vivons du souvenir de notre amour et que notre douleur se change en chansons. Que lâenvolement dans le ciel finisse par le repliement des ailes sur le nid. Que la derniĂšre Ă©treinte de nos mains soit aussi douce que la fleur de la nuit. Attarde-toi, belle fin de notre amour et dis-nous dans le silence, tes derniĂšres paroles. Je mâincline et jâĂ©lĂšve ma lampe pour Ă©clairer ta route. LXII Dans le sombre chemin dâun rĂȘve jâai cherchĂ© celle que jâaimais dans une vie antĂ©rieure Sa maison Ă©tait situĂ©e au bout dâune rue dĂ©solĂ©e. Dans la brise du soir son paon favori sommeillait sur son perchoir et les pigeons Ă©taient silencieux dans leur coin. Elle posa sa lampe prĂšs du seuil et se tint debout devant moi. Elle leva ses grands yeux vers moi et en silence demanda Ătes-vous bien, mon ami ? » Jâessayai de lui rĂ©pondre, mais jâavais perdu lâusage de la parole. Je cherchais, je cherchais en vain. Je ne savais plus nos noms. Des larmes brillĂšrent dans ses yeux. Elle me tendit sa main droite. Je la pris et demeurai silencieux. Notre lampe vacilla dans la brise du soir et sâĂ©teignit. LXIII Voyageur, dois-tu dĂ©jĂ partir ? La nuit est tranquille et les tĂ©nĂšbres dĂ©faillent sur la forĂȘt. Les lampes sont brillantes sur notre balcon, les fleurs sont fraĂźches et les jeunes yeux sâĂ©veillent Ă peine. Le temps de ton dĂ©part est-il dĂ©jĂ venu ? Voyageur, dois-tu dĂ©jĂ partir ? Nous nâavons pas entourĂ© tes pieds de nos bras suppliants. Les portes sont ouvertes ; ton cheval tout sellĂ© tâattend Ă la grille. Nous nâavons tentĂ© de te retenir quâavec nos chansons. Nos regards seuls ont cherchĂ© Ă retarder ton dĂ©part. Voyageur, nous sommes impuissants Ă te garder ; nous nâavons que nos larmes. Quel feu dĂ©vorant brille dans tes yeux ? Quelle fiĂšvre dâinquiĂ©tude court dans ton sang ? Quel appel des tĂ©nĂšbres te pousse ? Parmi les Ă©toiles du ciel, quelle terrible incantation as-tu lue, pour que la nuit, Ă©trange et silencieuse messagĂšre, ait secrĂštement pĂ©nĂ©trĂ© dans ton cĆur ? Si tu dĂ©daignes les rĂ©unions joyeuses, si tu dĂ©sires la paix, cĆur lassĂ©, nous Ă©teindrons nos lampes et ferons taire nos harpes. Nous resterons assises, tranquilles dans la nuit, sous le bruissement des feuilles et la lune dolente Ă©pandra ses rayons pĂąles Ă ta fenĂȘtre. Ă voyageur, de quel esprit dâinsomnie le cĆur de la nuit tâa-t-il touchĂ© ? LXIV Jâai passĂ© ma journĂ©e dans lâardente poussiĂšre de la route. Ă la fraĂźcheur du soir, je frappe Ă la porte de lâauberge. Elle est dĂ©serte et en ruines. Un Ashath » morose Ă©tend ses racines agrippantes et affamĂ©es dans les crevasses bĂ©antes du mur. Il fut un temps oĂč les passants venaient ici laver leurs pieds fatiguĂ©s Ils Ă©tendaient leurs nattes dans la cour et, assis sous la lumiĂšre diffuse dâune lune tĂŽt levĂ©e, ils parlaient de pays inconnus. Au matin, reposĂ©s, ils sâĂ©veillaient, mis en joie par le chant des oiseaux, et les fleurs amicales inclinaient vers eux la tĂȘte du bord du chemin. Maintenant aucune lampe allumĂ©e ne mâattend ici. Sur le mur, les tĂąches noires de la fumĂ©e, traces de veillĂ©es lointaines, me regardent de leurs yeux aveugles. Quelques lucioles volĂštent dans le buisson prĂšs de lâĂ©tang dessĂ©chĂ© et des branches de bambous Ă©tendent leurs ombres sur le chemin envahi par lâherbe. Câest la fin du jour ; je ne suis lâhĂŽte de personne et, fatiguĂ©, jâai la longue nuit devant moi. LXV Est-ce ta voix que jâentends ? Le soir est venu. Comme les bras suppliants dâune amoureuse, la fatigue mâĂ©treint. Mâappelles-tu ? Je tâai donnĂ© toute ma journĂ©e ; veux-tu me voler aussi mes nuits, maĂźtresse cruelle ? Pourtant il y a une fin Ă tout et la solitude de la nuit est Ă chacun. Pourquoi ta voix la dĂ©chire-t-elle et vient-elle embraser mon cĆur ? Le soir nâa-t-il, Ă ton seuil, nulle musique berceuse ? Les Ătoiles aux ailes silencieuses ne montent-elles jamais au-dessus de ta hautaine tour ? Les fleurs de ton jardin ne tombent-elles jamais dans la poussiĂšre en douce agonie ? Pourquoi mâappelles-tu, ĂŽ chĂšre tourmentĂ©e ? Laisse donc les doux yeux de lâamour veiller et pleurer en vain. Laisse brĂ»ler ta lampe dans la maison solitaire. Laisse le bac ramener chez eux les laboureurs fatiguĂ©s⊠⊠Je quitte mes rĂȘves et jâaccours Ă ton appel. LXVI Un fou vagabondait, cherchant la pierre philosophale, les cheveux emmĂȘlĂ©s, hĂąlĂ©, couvert de poussiĂšre, le corps rĂ©duit Ă une ombre, les lĂšvres aussi serrĂ©es que la porte close de son cĆur et les yeux brĂ»lants comme la lampe du ver luisant qui cherche sa compagne. Devant lui grondait lâocĂ©an immense. Les vagues babillardes racontaient les trĂ©sors cachĂ©s dans leur sein et se moquaient de lâignorant qui ne savait pas les comprendre. Il allait, lui, sans espoir et sans repos, poursuivant la recherche qui Ă©tait devenue sa vie. Pareil Ă lâOcĂ©an qui, toujours, se dresse vers le ciel pour atteindre lâinaccessible. Pareil aux Ătoiles qui tournent en cercle aspirant Ă un but jamais atteint. Ainsi, sur la plage dĂ©serte, le fou aux boucles fauves de poussiĂšre, errait cherchant la pierre philosophale. Un jour, un gamin du village sâapprocha et lui dit Comment as-tu trouvĂ© cette chaĂźne dâor qui te ceint la taille ? » Le fou tressaillit ; la chaĂźne autrefois en fer sâĂ©tait changĂ©e en or ! Il ne rĂȘvait pas, mais comment cette transformation sâĂ©tait-elle faite ? Sauvagement il se frappa le front oĂč, mais oĂč avait-il, sans le savoir, rĂ©alisĂ© son rĂȘve ? Il avait pris lâhabitude dâĂ©prouver les pierres quâil ramassait en les frappant contre sa chaĂźne, et de les rejeter ensuite machinalement, sans regarder si quelque changement sâĂ©tait produit ; câĂ©tait ainsi que le pauvre fou avait trouvĂ© et perdu la pierre philosophale. Le soleil disparaissait ; Ă lâoccident le ciel Ă©tait dâor. AnĂ©anti, brisĂ© de corps et dâesprit, semblable Ă un arbre dĂ©racinĂ©, le fou se remit Ă chercher le trĂ©sor perdu. LXVII MalgrĂ© le soir qui sâavance Ă pas lents et qui fait taire toutes les chansons ; MalgrĂ© le dĂ©part de tes compagnes et ta fatigue ; MalgrĂ© la peur qui court dans les tĂ©nĂšbres ; malgrĂ© le ciel voilĂ© ; Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi ; ne ferme pas tes ailes. LâobscuritĂ© qui tâenvironne nâest pas celle des feuilles de la forĂȘt ; câest la mer qui se gonfle comme un immense serpent noir. Les fleurs du jasmin ne dansent pas devant toi ; câest lâĂ©cume des vagues qui Ă©tincelle. Ah ! oĂč est la rive verte et ensoleillĂ©e ? oĂč est ton nid ? Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi ; ne ferme pas tes ailes. La nuit solitaire sâĂ©tend sur le sentier ; lâaurore sommeille derriĂšre les collines pleines dâombre ; les Ă©toiles muettes comptent les heures ; la lune pĂąlie baigne dans la nuit profonde. Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi, ne ferme pas tes ailes. Pour toi il nây a ni espoir ni crainte ; il nây a pas de paroles, pas de murmures, pas de cris. Il nây a ni abri, ni lit de repos⊠Il nây a que ta paire dâailes et le ciel infini. Oiseau, ĂŽ mon oiseau, Ă©coute-moi ne ferme pas tes ailes. LXVIII FrĂšre, nul nâest Ă©ternel et rien ne dure. FrĂšre, garde ceci dans ton cĆur et rĂ©jouis-toi. Dâautres que nous ont portĂ© lâantique fardeau de la vie ; dâautres que nous ont fait le long voyage. Un poĂ«te ne peut chanter toujours la mĂȘme ancienne chanson. La fleur se fane et meurt ; mais celui qui la portait ne doit pas Ă toujours pleurer sur son sort. FrĂšre garde ceci dans ton cĆur et rĂ©jouis-toi. Il faut un long silence pour tisser une harmonie parfaite. La vie sâĂ©vanouit au coucher du soleil pour sâanĂ©antir dans les ombres dorĂ©es. Lâamour doit quitter ses feux pour boire Ă la coupe de la douleur et renaĂźtre dans le ciel des larmes. FrĂšre, garde ceci dans ton cĆur et rĂ©jouis-toi. Nous nous hĂątons de cueillir nos fleurs de peur quâelles ne soient saccagĂ©es par le vent qui passe. Ravir un baiser, qui sâĂ©vanouirait dans lâattente, fait bouillir notre sang et briller nos yeux. Notre vie est intense, nos dĂ©sirs sont aiguisĂ©s car le temps sonne la cloche de la sĂ©paration. FrĂšre, garde ceci dans ton cĆur et rĂ©jouis-toi. La beautĂ© nous est douce, parce quâelle danse au mĂȘme rythme fuyant que notre vie. Le savoir nous est prĂ©cieux parce que jamais nous ne pourrons atteindre Ă la science suprĂȘme. Tout est fait et tout est achevĂ© dans lâĂternitĂ©. Mais les fleurs terrestres de lâillusion sont gardĂ©es Ă©ternellement fraĂźches par la mort. FrĂšre, garde ceci dans ton cĆur et rĂ©jouis-toi. LXIX Je chasse le cerf dâor. Souriez mes amis ; je nâen poursuivrai pas moins la vision qui toujours me fuit. Je cours Ă travers collines et vallons, jâerre dans des pays inconnus, Ă la recherche du cerf dâor. Vous, vous allez au marchĂ© et en revenez chargĂ©s dâachats ; moi lâappel des vents vagabonds mâa touchĂ© ; oĂč et quand ? je ne sais. Je nâai aucun souci dans le cĆur tout ce que jâai, je lâai laissĂ© loin derriĂšre moi. Je cours Ă travers collines et vallons ; jâerre dans des pays inconnus, Ă la recherche du cerf dâor. LXX Je me rappelle quâun jour dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau. CâĂ©tait par une journĂ©e humide de juillet ; jâĂ©tais seul et heureux de mon jeu. Je faisais flotter mon petit bateau en papier sur le ruisseau. Subitement de gros nuages dâorage sâamoncelĂšrent, le vent vint en tourbillons et la pluie tomba Ă torrents. Des flots dâeau vaseuse submergĂšrent le ruisseau et coulĂšrent mon petit bateau. AmĂšrement je crus que lâorage Ă©tait venu tout exprĂšs pour gĂąter ma joie ; et quâil me voulait du mal. La journĂ©e nuageuse de juillet est longue aujourdâhui et je pense Ă ces jeux de la vie oĂč jâai toujours Ă©tĂ© le perdant. Jâallais blĂąmer ma destinĂ©e pour tous les tours quâelle mâa jouĂ©s, quand, soudain, je me rappelai du petit bateau en papier qui sombra dans le ruisseau. LXXI Le jour nâest pas encore fini ; la foire nâest pas terminĂ©e, la foire au bord de la riviĂšre. Je craignais dâavoir gaspillĂ© mon temps et perdu mon dernier penny. Mais non, mon frĂšre, il me reste quelque chose encore. La malice du sort ne mâa pas tout ravi. Vente et achat sont terminĂ©s. Les comptes sont rĂ©glĂ©s et il est temps pour moi de retourner Ă la maison. Mais quoi, garde-barriĂšre, tu rĂ©clames ton pĂ©age ? Ne crains rien, il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne mâa pas tout ravi. Les vents endormis nous menacent de lâorage et, Ă lâouest, les nuages bas ne prĂ©sagent rien de bon. Les eaux silencieuses attendent le vent. Je me hĂąte pour traverser la riviĂšre avant que la nuit me surprenne. Ă Passeur, vous demandez votre salaire ! Oui, frĂšre, il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne mâa pas tout ravi. Le mendiant est assis sous lâarbre, au bord de la route. HĂ©las ! il me regarde avec un timide espoir ! Il croit que je suis riche des profits de la journĂ©e. Oui, frĂšre, il me reste quelque chose encore. La malice du sort ne mâa pas tout ravi. La nuit devient sombre et la route solitaire. Les vers luisants brillent parmi les feuilles. Qui ĂȘtes-vous, vous qui me suivez dâun pas furtif et silencieux ? Ah ! je sais, vous dĂ©sirez me dĂ©rober mes gains. Je ne vous dĂ©sappointerai pas ! Car il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne mâa pas tout ravi. Ă la mi-nuit, jâatteins ma maison, les mains vides. Ă la porte vous mâattendez, les yeux anxieux, Ă©veillĂ©e et silencieuse. Comme un timide oiseau, vous volez sur mon cĆur, ĂŽ amoureuse. Oui, ĂŽ oui, mon Dieu ! Il me reste beaucoup encore. LXXII En des journĂ©es de dur labeur, jâĂ©difiai un temple. Il nâavait ni portes ni fenĂȘtres ; ses murs Ă©taient Ă©pais et construits en pierres massives. Jâoubliai tout le reste ; je dĂ©laissai tout le monde ; je restai en contemplation devant lâimage que jâavais dressĂ©e sur lâautel. Lâincessante fumĂ©e de lâencens enveloppait mon cĆur de ses lourds replis. Jâoccupai mes veilles Ă graver sur les murs un dĂ©dale de formes fantastiques chevaux ailĂ©s, fleurs Ă visages humains, femmes aux formes de serpents. Nulle ouverture ne fut laissĂ©e par oĂč pĂ»t entrer le chant des oiseaux, le murmure des feuilles ou le bourdonnement du village au travail. Seules mes incantations faisaient rĂ©sonner les sombres voĂ»tes du dĂŽme. Mon esprit devint pareil Ă la pointe acĂ©rĂ©e et silencieuse dâune flamme ; mes sens sâĂ©vanouirent dans lâextase. Je ne mâaperçus pas de la fuite du temps, jusquâau moment oĂč la foudre, en frappant le temple, rĂ©veilla la douleur de mon cĆur. Ă la lumiĂšre du jour, la lampe devint pĂąle et comme honteuse ; sur le mur les sculptures, rĂȘves figĂ©s et vides de sens, semblaient Ă©viter mes regards. Je regardai lâimage sur lâautel je la vis sourire et sâanimer au contact vivifiant du Dieu. La nuit que jâavais emprisonnĂ©e dĂ©ploya ses ailes et sâenfuit. LXXIII Ă Terre, ma patiente et sombre mĂšre, ta richesse nâest pas infinie. Tu te fatigues Ă nourrir tes enfants ; mais la nourriture est rare. Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites. Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles. Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs ;⊠te renierai-je pour cela ? Ton sourire assombri par la douleur est doux Ă mes yeux. Ton amour, qui ne connaĂźt pas dâaccomplissement, est cher Ă mon cĆur. Ton sein nous a nourris de vie, non dâimmortalitĂ© ; câest pourquoi tu veilles sur nous. Depuis des siĂšcles, tu composes des harmonies de couleurs et de chants et, cependant, ton paradis nâest encore quâune triste Ă©bauche. Tes crĂ©ations de beautĂ© sont voilĂ©es du brouillard des larmes. Je verserai mes chants dans ton cĆur muet et mon amour dans ton amour. Je tâadorerai par le travail. Jâai vu la douceur de ton visage et jâaime ta lamentable poussiĂšre, ĂŽ mĂšre Terre. LXXIV Dans le palais du monde, un simple brin dâherbe se mĂȘle aux rayons du soleil et aux Ătoiles de minuit sur le mĂȘme tapis de verdure. Ainsi, dans le cĆur de lâUnivers, mes chants occupent la mĂȘme place que la musique des nuages et des forĂȘts. Mais toi, homme riche, ta richesse ne participe ni Ă la tranquille majestĂ© du joyeux soleil dâor, ni Ă la douceur des rayons de la lune rĂȘveuse. La bĂ©nĂ©diction du ciel, qui embrasse toutes choses, ne sâĂ©tend pas sur toi. Et, quand la mort paraĂźt, ta fortune se flĂ©trit et tombe en poussiĂšre. LXXV Un homme voulait se faire ascĂšte. Une belle nuit, il dĂ©clara Le moment est venu pour moi dâabandonner ma demeure et de chercher Dieu. Ah ! qui donc mâa retenu si longtemps ici dans les trompeuses illusions ? » Dieu murmura Moi » ; mais lâhomme ne comprit pas. Il dit OĂč es-tu, Toi qui tâes jouĂ© si longtemps de moi ? » Ă ses cĂŽtĂ©s sa femme Ă©tait paisiblement Ă©tendue sur le lit, un bĂ©bĂ© endormi sur son sein. La voix reprit Dieu, il est là », mais lâhomme nâentendit pas. Le bĂ©bĂ© pleura en rĂȘve, se pelotonnant plus prĂšs de sa mĂšre. Dieu ordonna ArrĂȘte, insensĂ©, ne quitte pas ta maison », â mais il nâentendit pas encore. Dieu soupira et dit avec tristesse Pourquoi mon serviteur croit-il me chercher quand il sâĂ©loigne de moi ? » LXXVI La foire se tenait devant le temple. DĂšs lâaube il avait plu et le jour touchait Ă sa fin. Plus Ă©clatant que toute la gaietĂ© de la foule Ă©tait le sourire dâune fillette, qui avait achetĂ© pour deux sous, un sifflet en feuille de palmier. Le joyeux son de ce sifflet montait plus haut que tous les rires et tous les bruits. Une foule ininterrompue dâacheteurs se bousculait devant les Ă©talages. La route Ă©tait boueuse ; la riviĂšre dĂ©bordante et les prĂ©s inondĂ©s sous la pluie incessante. Plus grand que tous les ennuis de cette foule Ă©tait lâennui dâun petit garçon, Ă qui il manquait un sou pour acheter un bĂąton de couleur. Son regard ardemment fixĂ© sur lâĂ©talage excitait la pitiĂ© de la foule. LXXVII Lâouvrier et sa femme, venus de lâouest, creusent la terre pour faire des briques et construire le four. Leur petite fille va au bord de la riviĂšre, oĂč elle nâen finit pas de nettoyer les pots et les casseroles. Le petit frĂšre, tout brun et tondu, nu et couvert de boue, la suit et, assis sur la berge, attend patiemment quâelle lâappelle. La fillette sâen retourne Ă la maison, sa cruche pleine dâeau sur la tĂȘte, un pot de cuivre tout reluisant dans la main gauche et tenant lâenfant de lâautre main. Elle est la mignonne servante de sa mĂšre et dĂ©jĂ sĂ©rieuse sous le poids des soucis domestiques. Un jour je vis le petit garçon tout nu Ă©tendu sur lâherbe. Dans lâeau sa sĆur Ă©tait assise, frottant un pot Ă boire avec une poignĂ©e de sable, le tournant et le retournant. Tout prĂšs de lĂ un agneau Ă la douce toison broutait le long de la berge. Il sâapprocha de lâenfant et, soudain, bĂȘla avec force. Lâenfant tressaillit et se mit Ă crier. La sĆur laissa lĂ son nettoyage et accourut. Elle entoura son frĂšre dâun bras, lâagneau de lâautre et, leur partageant ses caresses, elle unit, dans le mĂȘme lien de tendresse, lâenfant de lâhomme et le petit de la bĂȘte. LXXVIII CâĂ©tait au mois de Mai. La chaleur suffocante du milieu du jour semblait interminable. La terre dessĂ©chĂ©e baillait de soif. Jâentendis une voix appeler de lâautre cĂŽtĂ© de la riviĂšre Viens, mon bien-aimĂ©. » Je fermai mon livre et jâouvris la fenĂȘtre. Je vis un gros buffle, aux flancs tĂąchĂ©s de boue, qui se tenait au bord de la riviĂšre et qui me regardait de ses yeux placides et patients. Un garçonnet, dans lâeau jusquâĂ mi-jambes, lâappelait pour prendre son bain. Je souris, amusĂ©, et je sentis une douceur effleurer mon cĆur. LXXIX Souvent je me demande jusquâĂ quel point peuvent se reconnaĂźtre lâhomme et la bĂȘte qui ne parle pas. Ă travers quel paradis primitif, au matin de la lointaine crĂ©ation, courut le sentier oĂč leurs cĆurs se rencontrĂšrent. Bien que leur parentĂ© ait Ă©tĂ© longtemps oubliĂ©e, les traces de leur constante union ne se sont pas effacĂ©es. Et soudain, dans une harmonie sans paroles, un souvenir confus sâĂ©veille et la bĂȘte regarde le visage de lâhomme avec une tendre confiance et lâhomme abaisse ses yeux vers la bĂȘte avec une tendresse amusĂ©e. Il semble que les deux amis se rencontrent masquĂ©s et se reconnaissent vaguement sous le dĂ©guisement. LXXX Dâun regard de vos yeux, belle femme, vous pourriez piller le trĂ©sor des chants jaillis de la harpe des poĂ«tes. Mais vous nâavez pas dâoreille pour leurs louanges ; câest pourquoi je viens vous louer. Vous pourriez tenir humiliĂ©es Ă vos pieds les tĂȘtes les plus fiĂšres du monde. Mais, parmi vos adorateurs, les ignorĂ©s de la gloire sont vos prĂ©fĂ©rĂ©s ; câest pourquoi je vous adore. La perfection de vos bras ajouterait Ă la splendeur royale, si vous y touchiez. Mais vous les employez Ă Ă©pousseter et Ă tenir propre votre humble demeure ; câest pourquoi je suis rempli de respect pour vous. LXXXI Mort, ĂŽ ma Mort, pourquoi chuchotes-tu si bas Ă mes oreilles ? Quand, vers le soir, les fleurs se flĂ©trissent et que le bĂ©tail revient Ă lâĂ©table, sournoisement tu viens, Ă mes cĂŽtĂ©s, prononcer des paroles que je ne comprends pas. EspĂšres-tu ainsi, me courtiser et me conquĂ©rir ? mâendormir, dans un murmure, sous lâopium de tes froids baisers ? Mort, ĂŽ ma Mort ! Nây aura-t-il pas, pour nos noces, quelque somptueuse cĂ©rĂ©monie ? Nâattacheras-tu pas dâune guirlande de fleurs les torsades de tes boucles fauves ? Nây a-t-il personne pour porter devant toi ta banniĂšre et la nuit ne sera-t-elle pas enflammĂ©e de tes torches rouges, Mort, ĂŽ ma Mort ? Viens au claquement de tes cymbales de coquillages, viens dans une nuit sans sommeil. RevĂȘts-moi du manteau Ă©carlate ; Ă©treins ma main et prends-moi. Que ton char soit tout prĂȘt Ă ma porte et que tes chevaux hennissent dâimpatience. LĂšve le voile et, fiĂšrement, regarde-moi en plein visage, Mort, ĂŽ ma Mort ! LXXXII Ce soir, ma jeune Ă©pouse et moi, nous allons jouer le jeu de la mort. La nuit est noire, les nuages, dans le ciel, sont fantasques et les vagues de la mer sont en dĂ©lire. Nous avons quittĂ© notre couche de songes ; nous avons ouvert la porte toute grande et nous sommes sortis, ma jeune Ă©pouse et moi. Nous nous sommes assis sur lâescarpolette et le vent dâorage nous a brutalement poussĂ©s par derriĂšre. Ma jeune Ă©pouse sâest dressĂ©e brusquement ; Ă©pouvantĂ©e et charmĂ©e Ă la fois, elle tremble et se cramponne Ă mon sein. Longtemps, je lui avais tendrement fait la cour. Jâavais fait pour elle un lit de fleurs ; je fermais les portes pour que la lumiĂšre trop vive nâoffusque pas ses yeux. Je la baisais doucement sur les lĂšvres et lui murmurais Ă lâoreille de douces paroles ; elle dĂ©faillait presque de langueur. Elle Ă©tait comme perdue dans le brouillard dâune immense et vague douceur. Elle ne rĂ©pondait pas Ă la pression de mes mains ; mes chants ne pouvaient plus lâĂ©veiller. Ce soir, nous est venu lâappel de lâorage, lâappel des sauvages Ă©lĂ©ments. Ma petite Ă©pouse a frissonnĂ© ; elle sâest levĂ©e et mâa entraĂźnĂ© par la main. Sa chevelure flotte ; son voile bat dans le vent, sa guirlande frĂ©mit sur sa poitrine. La poussĂ©e de la mort lâa rejetĂ©e dans la vie. Nous voilĂ face Ă face et cĆur Ă cĆur, mon Ă©pouse et moi. LXXXIII Elle demeurait au flanc de la colline, au bord dâun champ de maĂŻs, prĂšs de la source qui sâĂ©panche en riants ruisseaux, Ă travers lâombre solennelle des vieux arbres. Les femmes venaient lĂ pour remplir leurs cruches ; lĂ les voyageurs aimaient Ă sâasseoir et Ă causer. LĂ , chaque jour, elle travaillait et rĂȘvait, au bruit du courant bouillonnant. Un soir, un Ă©tranger descendit dâun pic perdu dans les nuages ; les boucles de ses cheveux Ă©taient emmĂȘlĂ©es comme de lourds serpents. ĂtonnĂ©s, nous lui demandĂąmes qui es-tu ? » Sans rĂ©pondre, il sâassit prĂšs du ruisseau jaseur et, silencieusement regarda la hutte oĂč elle demeurait. Nous eĂ»mes peur et nous revĂźnmes de nuit Ă la maison. Le lendemain matin, quand les femmes vinrent chercher de lâeau Ă la source, prĂšs des grands Deodora », elles trouvĂšrent ouvertes les portes de sa hutte, mais sa voix ne sây faisait plus entendre⊠et oĂč Ă©tait son souriant visage ?⊠La cruche vide gisait sur le plancher et, dans un coin, la lampe sâĂ©tait consumĂ©e. Personne ne sut oĂč elle sâĂ©tait enfuie avant lâaube. â LâĂ©tranger aussi avait disparu. Au mois de mai, le soleil devint ardent et la neige se fondit ; nous nous assĂźmes prĂšs de la source et nous pleurĂąmes. Nous nous demandions Y a-t-il, dans le pays oĂč elle est allĂ©e, une source oĂč elle puisse trouver lâeau en ces jours chauds et altĂ©rĂ©s ? Et nous pensions avec effroi Y a-t-il mĂȘme un pays au-delĂ de ces collines oĂč nous vivons ? CâĂ©tait une nuit dâĂ©tĂ© ; la brise du sud soufflait et jâĂ©tais assis dans sa chambre abandonnĂ©e, oĂč Ă©tait demeurĂ©e la lampe Ă©teinte, quand, soudain, devant mes yeux, les collines sâĂ©cartĂšrent comme des rideaux quâon aurait tirĂ©s Ah ! câest elle qui vient. Comment vas-tu, mon enfant ? Es-tu heureuse ? Mais oĂč peux-tu tâabriter sous ce ciel dĂ©couvert ? HĂ©las ! notre source nâest pas lĂ pour apaiser ta soif ! » Câest ici le mĂȘme ciel, dit-elle, libre seulement de la barriĂšre des collines â ceci est le mĂȘme ruisseau grandi en une riviĂšre, â câest la mĂȘme terre Ă©largie en une plaine ». Il y a tout, lĂ , soupirai-je, seulement nous nây sommes pas ». Elle sourit tristement et dit Vous ĂȘtes dans mon cĆur ». Je mâĂ©veillai et entendis le babil du ruisseau et le frĂ©missement des deodora » dans la nuit. LXXXIV Sur les champs de riz verts et jaunes, les ombres des nuages dâautomne glissent bientĂŽt chassĂ©s par le rapide soleil. Les abeilles oublient de sucer le miel des fleurs ; ivres de lumiĂšre, elles voltigent follement et bourdonnent. Les canards, dans les Ăźles de la riviĂšre, crient de joie sans savoir pourquoi. Amis, que personne, ce matin, ne rentre Ă la maison ; que personne nâaille au travail. Prenons dâassaut le ciel bleu ; emparons-nous de lâespace comme dâun butin au grĂ© de notre course. Le rire flotte dans lâair, comme lâĂ©cume sur lâeau. Amis, gaspillons notre matinĂ©e en chansons futiles. LXXXV Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ? Je ne puis tâenvoyer une seule fleur de cette couronne printaniĂšre, ni un seul rayon dâor de ce lointain nuage. Ouvre tes portes et regarde au loin. Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumĂ©s des fleurs fanĂ©es dâil y a cent ans. Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cĆur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delĂ cent annĂ©es.
Il est des moments dans la vie , ou seules les Ă©motions intenses, bonnes ou mauvaises, vous ouvre les portes de la poĂ©sie....De ville en ville , de galĂšres en joies, ces moments, je les couche su ... [+] Monsieur le Jardinier, Allez faire une ballade Dans le jardin de votre coeur C'est, un jardin magique, secret votre petit coin de paradis.. LĂ oĂč vous cultivez, secrĂštement, Vos plus belles pensĂ©es... N' avez point oubliĂ©, Monsieur le Jardinier, Que dans cet Eden, Ă votre juste mesure, Se trouve la plus belle des fleurs? Celle que l 'on dit magique, unique? Monsieur le Jardinier, Ne nĂ©gligez pas cette rose Elle est faite, juste pour vous Elle a, un je-ne-sais-quoi, qui a su vous Ă©mouvoir Un beau jour de printemps oĂč, de vos chagrins, Elle en a fait oublier l' amertume. Monsieur le Jardinier, Que vous soyez fatiguĂ©, que vous ayez mal Ne laisser pas cette rose magique Seule, a perdre ses couleurs Ne nĂ©gligez pas son parfum envoĂ»tant Ne fermez pas vos yeux et votre coeur Ce sont les pouvoirs de sa grandeur... Monsieur le Jardinier Comme toute chose animĂ©e de magie Cette rose,est, doucement en train de fĂąner Ses si belles couleurs, qui vous ont tant Ă©mu Un joli soir d' Avril pas comme les autres Vont s' Ă©tioler, elle courbera la tĂȘte, Elle s'agrĂ©mentera de piquants Et doucement, perdra de sa magie.. Monsieur le Jardinier, Ne laissez pas un autre, Prendre soin de votre rose Elle n'est faĂźte que pour vous Elle revĂȘt sa plus belle robe Elle embaume vos sens De ses plus merveilleuses effluves Mais, si vous la nĂ©gligez Si vous n' Ă©coutez plus le murmure Si doux, si sensuel, si amoureux Alors, elle disparaĂźtra... Monsieur le Jardinier, Votre rose magique, commence, subtilement A perdre sa magie colorĂ©e et parfumĂ©e Prenez-la dans vos mains dĂ©licates Humez-la, admirez-la, aimez-la Peu importe les piquants, ils ne vous Ă©corcherons pas Si de la dĂ©licatesse de votre Ăąme,de votre passion Vous en savez saisir, les sens Alors, elle se redressera Et vous comblera Monsieur le Jardinier Ne la cueillez pas, Elle ne saurait survivre en vase Aussi confortable et somptueux soit-il... Cette rose magique, unique N'est lĂ , Monsieur le Jardinier Que pour illuminer votre coeur.. cela s' appelle l' amour sacrĂ©
Le rosier rugueux un rosier sauvage Ă cynorhodons comestibles Originaire dâAsie de lâEst et arrivĂ© en Europe Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, le rosier rugueux est un rosier sauvage, Ă©galement connu sous les appellations de rosier du Japon et de rosier Kamtchatka. Il a notamment la particularitĂ© intĂ©ressante de produire des cynorhodons comestibles et riches en vitamine C. Le rosier Papa Meilland Meicesarâ rose favorite du monde entier Hors du commun, le rosier Papa Meilland Meicesarâ est une variĂ©tĂ© moderne trĂšs apprĂ©ciĂ©e et cultivĂ©e dans nos jardins. Ses somptueuses roses au puissant parfum, dâune couleur pourpre irisĂ©e de cramoisi et de reflets noir bleutĂ©, expliquent trĂšs largement sa popularitĂ© auprĂšs de tous les jardiniers ! Rosier Michel Drucker des fleurs Ă©tonnantes et panachĂ©es Le rosier Michel Drucker est une variĂ©tĂ© buissonnante Ă grandes fleurs. Ces derniĂšres sont notamment trĂšs apprĂ©ciĂ©es pour leur coloris qui diffĂšre dâune rose Ă lâautre, passant du rose au jaune, et prenant mĂȘme parfois des teintes chocolat. Rosier Madame A. Meillandâ â Peace le plus cĂ©lĂšbre au monde Le rosier Madame Antoine Meilland, obtenu en 1935 par Francis Meilland, nâest autre que la variĂ©tĂ© la plus cĂ©lĂšbre et la plus cultivĂ©e au monde. Une rose mondialement connue sous lâappellation de rosier Peaceâ, offerte en mai 1945 aux 49 DĂ©lĂ©guĂ©s Ă lâorigine de la constitution de lâOrganisation des Nations Unies ONU. Le rosier Line Renaud exceptionnel et mainte fois rĂ©compensĂ© Le rosier Line Renaud est un hybride de thĂ© moderne issu de la variĂ©tĂ© PanthĂšre Roseâ. Créé en France en 1997 par Meilland International, puis commercialisĂ© en 2006, ce splendide rosier est dĂ©diĂ© Ă lâactrice française Line Renaud. Une variĂ©tĂ© tout Ă fait exceptionnelle, et pourtant Ă la portĂ©e de tous les jardiniers ! Les roses Ă parfum Symbole du parfum, la rose nâest cependant pas toujours odorante. Les rosiers modernes en particulier nâont pas toujours inclus cet attrait dans leur sĂ©lection. Voici une sĂ©lection des rosiers parmi les plus estimĂ©s pour leur parfum. Rosier Henri Matisse un bel hommage Ă lâimpressionnisme Le rosier Henri Matisse Deltisseâ est un arbuste Ă la fois Ă©lĂ©gant et Ă©clatant. Dans les massifs, ce rosier moderne se distingue par sa remarquable floraison subtilement parfumĂ©e, composĂ©e dâĂ©tonnantes fleurs doubles et panachĂ©es de rouge, rose et blanc. Rosier Nevada le charme des rosiers sauvages Le rosier Nevada est une variĂ©tĂ© arbustive et atypique, aux roses champĂȘtres dont la corolle presque simple et blanc rosĂ© sâinstalle autour dâun cĆur hĂ©rissĂ© dâĂ©tamines parfaitement visibles. Autant de caractĂ©ristiques qui rappelle irrĂ©sistiblement le charme des roses sauvages. Rosier Heritage Ausblushâ une rose moderne au charme ancien Le rosier Heritage Ausblushâ est une variĂ©tĂ© anglaise trĂšs florifĂšre obtenue par le rosiĂ©riste David Austin en 1984. Avec son port rĂ©duit, ses belles roses doubles dâun rose dĂ©lavĂ©, et son dĂ©licieux parfum fruité⊠Cet arbuste est idĂ©al dans un jardin romantique en compagnie dâautres rosiers anglais. David Austin, quatre nouvelles Roses Anglaises La saison 2013 sâannonce sous de bien beaux auspices pour les Roses David Austin avec le double honneur de recevoir une MĂ©daille dâOr aux JournĂ©es des Plantes de Courson, suivie dâune autre MĂ©daille dâOr au Chelsea Flower Show⊠Rosier Princesse de Monaco la splendeur des jardins Le rosier Princesse de Monaco est un hybride de thĂ© obtenu par Marie-Louise Meilland en 1981, rosiĂ©riste française de renom. Sa floraison abondante, composĂ©e de grandes fleurs blanc crĂšme Ă liserĂ© rouge Amarante et au parfum subtil, sont Ă lâorigine de son succĂšs. Rosier de Banks, un grimpant Ă floraison trĂšs abondante Rosa banksiae est un rosier non remontant prĂ©sent Ă lâĂ©tat sauvage, qui ne provient donc pas dâune crĂ©ation horticole. Sarmenteux, vigoureux et puissant, on lâutilise pour orner un mur, un grillage disgracieux ou encore une pergola. Le rosier New Dawn un merveilleux rosier grimpant Le rosier grimpant New Dawn, obtenu en 1930 Ă Somerset Rose en Angleterre, remporte tous les suffrages auprĂšs des jardiniers amateurs et professionnels, avec son abondante floraison Ă grosses fleurs dâun beau rose nacrĂ© trĂšs pĂąle et aux allures de roses anciennes. Rosier Queen Elizabethâ, un splendide rosier grandiflora Rosa Queen Elizabethâ fait partie des variĂ©tĂ©s indĂ©modables grĂące Ă ses grandes et parfaites fleurs turbinĂ©es rose clair. Ce rosier moderne est issu du groupe grandifloraâ, obtenu par croisement dâhybrides de thĂ© et de floribundaâ. Quelles sont les variĂ©tĂ©s de rosiers les plus parfumĂ©es ? Outre sa beautĂ©, lâautre grand plaisir Ă possĂ©der un rosier en fleur nâest autre que son parfum. On notera que pour profiter au mieux de cette floraison parfumĂ©e, on installe idĂ©alement le rosier prĂšs dâun passage, dâune entrĂ©e ou dâune terrasse. Rosier Graham Thomasâ, le chef-dâĆuvre de David Austin Le rosier Graham Thomasâ fait partie des rosiers anglais les plus cĂ©lĂšbres et les plus recherchĂ©s en raison de ses fabuleuses roses bien rĂ©guliĂšrement, en coupes doubles, et dâune splendide couleur jaune cuivrĂ© ou ambrĂ©. 6 variĂ©tĂ©s de rosiers anciens Leur charme naturel et leur parfum sĂ©duisent les hommes depuis des millĂ©naires. Les rosiers anciens ont le vent en poupe ! Rosier Louis de FunĂšs un magnifique rosier sĂ©millant Le rosier Louis de FunĂšs est une variĂ©tĂ© moderne rĂ©compensĂ©e Ă plusieurs reprises lors des concours internationaux pour sa vigueur, sa rĂ©sistance aux maladies, et pour sa gĂ©nĂ©reuse floraison prĂ©coce et lĂ©gĂšrement parfumĂ©e qui offre de grandes roses dâun coloris sĂ©millant. Rosier en pot les clĂ©s du succĂšs Il garnit aussi bien la terrasse que les massifs ! Le rosier en pot colore la terrasse et offre son parfum exquis. DĂ©couvrez les variĂ©tĂ©s Ă privilĂ©gier pour un rosier en pot et nos astuces pour le cultiver. Les rosiers les plus rĂ©sistants aux maladies Les rosiers ayant obtenu le label ADR offrent une rĂ©sistance aux maladies bien supĂ©rieure aux autres variĂ©tĂ©s. Parmi elle, on retrouve le rosier Bonica, Westerland, Robusta⊠Et bien dâautres. Tous possĂšdent Ă©galement une spectaculaire floraison aux coloris variĂ©s. Rosier Leonardo da Vinci superbe rosier Ă fleurs groupĂ©es Le rosier Leonardo Da Vinciâ est lâun des chefs dâĆuvre du rosiĂ©riste Meilland. Cette variĂ©tĂ© floribundaâ est obtenue en 1994 par hybridation de rosiers polyanthas et de rosiers de thĂ©. Durant toute la belle saison, ce rosier buisson moderne produit des fleurs en bouquets pourvues du charme romantique des roses Ă lâancienne. Romantiques, les roses anglaises Alliant les qualitĂ©s des roses anciennes et des roses modernes, les crĂ©ations de David Austin sĂ©duisent les amateurs du monde entier depuis 1960. Rosier Annapurna irrĂ©sistible Le rosier Annapurna est lâun des plus cĂ©lĂšbres mais aussi un rosier trĂšs rĂ©compensĂ©. Ses grandes fleurs blanches, son port buissonnant, sa vigueur et sa longue floraison le rendent irrĂ©sistible.
la petite rose et le jardinier au grand coeur