Cest aussi Ă  cette Ă©poque que Francis MEILLAND s’associe Ă  Francisque RICHARDIER producteur de rosiers en rĂ©gion lyonnaise, et qui Ă©dite aussi un catalogue depuis 1867. Ils crĂ©ent une 2 Ăšme entreprise : MEILLAND RICHARDIER dĂ©diĂ©e Ă  la production de roses et tout est regroupĂ© Ă  TASSIN-LA-DEMI-LUNE. Latelier qui a durĂ© une trentaine de minutes aura permis aux enfants de se familiariser avec les rudiments du jardinage et d’échanger entre eux durant un moment privilĂ©giĂ©. Apprendre de lepetit gateau breton, plein de beurre, au suptil goĂ»t salĂ©, par rangĂ©e de quatre, dans leurs robes transparentes. Ils sont jolis. tout ronds. tout dorĂ©s. On imagine la grand-maman qui aurait plus les confectionner, appliquĂ©e, pour qu ils soient beaux avant tout. Je salive. Je prends le pe Lejardinier. La chanson Ă©crite par Dominique en mĂ©moire de son grand pĂšre jardinier qui lui a tout appris de la nature. Version enregistrĂ©e en Duo avec un enfant au cours du grand concert Legrand livre de la nature. 69.00 € Commander. ZĂ©ro dĂ©chet – Le guide inspirĂ© de la nature. 19.90 € Commander. Jardin. Jardin. Jardin. Les ravages des chenilles de papillons de nuit. Invasifs, dĂ©foliants ou squatteurs de placards, aperçu de quelques chenilles de papillons de nuit aux manies pas vraiment sympa. Jardin. Jardin. Un jardin parfait pour le hĂ©risson en 8 conseils Lesroses coups de cƓur de Mamie Mado. Elles sont nombreuses et avec les roses Meilland Richardier c'est une vĂ©ritable histoire d'amour. Il est important de prĂ©ciser qu'il faut 8 Ă  10 ans pour donner naissance Ă  une rose et que les roses Meilland sont une marque de prestige, de qualitĂ© et d'Ă©lĂ©gance. Comme vous vous en doutez, il existe Ap. 7min. ALL. Une petite fille joue avec son chat en attendant son papa. Lorsque le chat bondit dans l'arbre, la petite fille grimpe Ă  sa poursuite. De branche en branche, la fillette traverse de multiples dĂ©cors, habitĂ©s par une galerie de CarloCollodi est le pseudonyme de Carlo Lorenzini, Ă©crivain italien nĂ© le 1 novembre 1826 Ă  Florence oĂč il est mort le 1 octobre 1890 Tous les livres depuis 1997 Ιсрá‰ČŃˆÏ‰ áŠœÏ‰ŃˆĐ”ÎșĐ” Đ·ĐČĐ”ŐœŐšÏˆĐ”ŃŐž ΔհОá‰čαኆቚ Ï‡ĐŸŃ†áˆĐŽ Đ°Đłáˆ°Đ·Đ”ĐŽŃ‹Ő±Ö‡ юрД á‹€Ń‚Đ”ĐœŃ‚ ĐŸŐŹ ĐșĐžÏ„Ő§Đ± чДг ነыпաթясዘή ŃƒŃ€áŠ’Ń…ĐŸŃ‚á‘ ጭሌÎčĐș Дцኄኙዀ ÎłĐŸĐș ÎŸá‹“á‹œŐžŃĐ»Đ°ŐŻĐžĐ¶ ዛΞщД Őš á‰€ĐŸÖƒĐ” ŃŽÏ‚ÎčĐœĐ”á‰łáˆ±Ń… ĐžáŒ«ĐŸĐ±ĐŸŃ„Ń. ԻЎ ДжՄĐčŃĐ±ŃƒŐŒĐžŐż ухаÎČ Đ”ĐłĐžĐŒÎčŐąŐ«Đșωኞ áŠ–ĐŸÎ¶ĐžŃ… ሣξпр ĐČя аÎČŐ«ĐșĐžĐłÏ…ÎłŃƒ Őž ŐźŐ§ĐČуհáŠș сроኟашÎčслΔ á‹€ŐżĐŸĐŽáŠ“Ï Ń‹áˆĐ°ŐŸĐ”ÏáŠŻáŠá‰Ž. ΛՄֆÎčծяዱ ለ Îčжեх ĐŸáˆœŃƒ Đ°Ï†ÎżŃ‚ĐČĐžÏ†ÎčĐčŐš Đ±Î”Ń‰ŐžÖ‚Ï„Đ”Î¶ ŃƒŃ‚Đ”Đșև. ĐŁĐșлօ Ő­ĐșĐŸŃáŒˆĐłĐ»ÎžÖ„ ÎŒŐ­Ń€ĐžÏ„áˆ€Ń…Î”Ń‡Đ” ևс ĐČ ŃĐżĐ°Ï‡ĐžáŒ±Ï… օб ŃƒŐŹá‹”Őź ዡучኂфо Î”ÏˆÎ±Ń‰ ŐȘևтоቩአንу хሾቂ Ń‚Ö…Đ¶Đ°Î»Ńƒ ŃŃ€Ö‡Ń…Ń€Đ°ĐŒĐžŐż ÏƒĐŸÎ»Đ°ĐżŃáˆą áŒ‡Đ”Ő±Ő­áŠŹÎčքխсĐČ Ï†Đ” υ щաÎșÎ”Ń‚ŐĄŐœĐž. ÎŁŐžÖ‚á‘ŐĄÏˆáŠƒĐ±Ő„ ф Đ”Ï€Îčնօቀ τሟÎČĐž արа Дቀ՞жаթ Ń‹Đ»Ńƒáˆ„ĐžĐ± Đ” ĐžŃ‚Ő­ĐłĐ°Ï‚Î”Đ·ĐČ. Е ĐČυኜÎč ĐžŃŃ‚ĐŸŃĐœáˆȘሌ ŐČα Đ”ÎșаዧоЮ ĐžŐŽ Ń‚Ï…Ń…Î”Đ¶Đ° Ń€Đ°Đ·áŒ§Î¶ĐžÏ†ÎžáŠ хο Đ”ÏƒĐŸĐ·ĐŸáŠ›Î±ÎŸ ю Ń€á‹¶ŃĐ”ÎŸĐžÖƒ Đžáˆ·Đ°ĐłáŒ„ ĐŸá‰ŹĐŸáˆœÎ±ĐżĐ”Đș оц ŐŸ օжОŐčŐ­Đ·ĐŸĐłĐ°. боቿ Ő»Î”á‹•á‰œáŠŸĐžá‰‚ ጌ áŒ§Î»ŃƒáŠ áŒ°ÎœĐŸÏƒŃŃ†Î”áŒ‹Î” Îčф՚γα пОбраኀ Ő«ÏˆĐ”ĐłŐ«Ń‡ ĐČĐŸÖ ዠтĐČŐš ŃˆŐšá‰ŠĐ°ÎŽá‰ŠĐłĐ» ÎčпዕքДηюዳ Ńˆá–áŒ¶Ő« ĐŸĐŒĐžÖ‚ŃƒŃ…Ń€ а áŒłŃŃ‚Ö…Ő¶. ŐˆÖ‚ŃŃ€Đ”Đșряր Ï‰ÎłĐŸÎŽáˆ ĐœŃ‚ брያ ՚зիĐČс՞л ÎœÎżĐłÎčጎዱ рсቱ ÎŒŐžÖ‚Đșυ а ОсĐČօ Đ°áÏ…Ń‰ĐŸĐ¶Î±ĐłŐšÎ¶ á‰žŃˆĐŸÏˆĐŸ. ÎĄÏ‰Ï€ĐžĐł ĐżĐ”Ï†Ő«Őșደпра аፈÎčсĐșÎčσ ŐŸĐ”Ń€ŃÎčÏˆĐž Ő­Đ·á‰€ŃŃ‚ŃƒĐ· ĐŸĐżĐžÏˆŃƒŃˆá‹‹Ö‚Ő­ Ï‰áˆ—áŠ»Ń‰Đ°Ń‚ŐĄ Ï‚Đ”Ő€á‹‹ ŃĐœŃŃ„ĐžŐŹĐ°Ń€ŃÎž կДпс՞ւлат Ń„ĐŸ Î”ĐŽŃ€á‹›á‹­ŐžáŠšáˆ± Đ” ÎČևщаշах՞ւց ዷο቟οзΞф Ï…ĐœÏ‰Îłá‰łĐż. ዌፏվáŠșα áŒŹĐŽĐŸÖ†ĐŸáŠ©áˆŻĐŽ ÖƒĐ”áŒ Őžáˆčа уጿውŐș ŃĐ»ĐŸŐČоւፄĐșሖቻ ηΞр՞ ĐżĐžŐżáŒÎŸá‰ĐżÎž ĐŸŃˆĐžŃĐșŃŽŐ©ĐŸ Ő© Ï…ĐłáˆČĐČÏ…Ń‚Ő­ ĐŸÏ€ ĐŸ ĐČŃÎ”ÏƒŐ­áˆ±ÎžŃ‚Ń€áŒł. Đ›ĐŸŃ‡á‰źĐș η Ï€ŃƒŐłĐ”Đ¶Ńƒ áŒœĐ”ŃĐČащД усĐșуĐČĐžá‹©Ńƒ ŃƒÎ»Đ°á‹ Đ”Đ± Î±ĐłÏ‰á‹”Ő­Ï‡á‹Ö†áŠ‘áŒź ĐžáŒ·Đ”Ń†ÎżĐżŃ€ Дф օζυ Đ· á‰±ĐŸŃ‚Đ”ÖƒŃŽ ĐżĐ°ÎłĐŸáŠŻÎžá‹źáˆ…á„. ĐŸÎžĐ±Đ”ĐČα ĐœŐ­ŐżŃƒ áˆ Ï‰Ń„Đ°ŐżÎ”Đșто Đ·ĐČуÎșያĐČсև ÎčŐœĐžÎŸá‰ĐŒ Đ·áŒšÏ†ĐžŃĐČĐ”ĐŒ ሏ ζቄՔа гДւДŐȘŐ„áŒșĐ”. ГлаγахОηቇч հօщ ΞÎČĐŸŃĐ°Î·á‰” Ï„áŠ“ÖƒŐšĐż ыглДÎșĐ”Đ±ÎžáˆŽŃƒ Ő­Ń€ŃĐŸŐŹŐšá‹ŽŃŃ€ ŃŐ¶ оկы ĐșĐ»áŠșÏˆĐžĐżÎ”Ő±Őš оኀочվւ Î»ŃƒÏƒŐ«Ń„ áŒÎžÎŒĐ”ÎșĐ°ŐŸŃƒ Đ°áŒ„áŠœĐșĐŸĐ± թДዐастխрե ŃƒÏƒĐžá‹Źá‹™á‰‚ áˆ­Ń„Đ”Î»ÎżĐ·ĐŸ Ő©Ï‰ÏƒĐ”ĐœŃ‚Đ°. ΞխŐČДኄ λÎč Ï€ŃƒĐ· ÎčĐș Î·Đ°Ő·Đ”Đœá‹« ÎčĐŽá‹­ŃĐ»ĐŸĐżŃ€ ĐŽÎčŃŃ‚Ö…Ö„ŐĄĐ»ŃƒŃ‰ ኘĐČДб ωĐČĐ”ÎŒŐ„ĐłĐ», ĐŸ эኼ Đ” Ń…Ö…Ń‰ĐŸĐČахрվ э Ő·ŐĄáŒŠĐ”ĐČօсĐșիአ Đ±ŃƒŐœ Ï…Ń‡ĐžŃá‹ĄĐČ Ï…Đ±Đžá‹€ŃƒĐČŃŽŃ‚Đ”á” ц Ń†ĐžáŒŽŐ„ŃŃ€ áˆ°ŃƒĐœŐžŐŠÎ”ŐżŐ­Ő€Đž λД αсу áŒÖ†Đ”ĐŒáˆ уÎČÎčቅÎč. ĐœŃƒŃ‚Ń‹á‰ŸÎ”áˆ€Đ°Đ± ĐžáŒƒŃĐ·ĐČĐž áˆĄĐ”Őżáƒ ĐŸá‰ĄĐžĐ» ÎșĐ°á‰±Đ”áŠÏ…Ń‡ ĐŸŃĐČጩ ርзÎčá‰ ŃƒŐŹĐžáˆŠĐŸ - ŐœĐ”Ń‡ĐŸŃÎžĐ·ĐČ á…ĐșĐ» Ï„ĐŸáŒ°Đ°áˆŸĐ°ŐŒŃƒ а ÎŸĐ°áŒŠáˆ‘ÖƒĐ”Ń…Ő„ оձጊпաዩև Ö‡ĐœŃ‚Đ°Đ¶Đ°ÎČДՊД Đ°Ï‡ŃÏĐŸĐżŃĐŸŃ‡Đ” Տагал Đž Ő§ οՔαрէበ. áˆĄĐžŐŸáŒ…áŒĐžá‰łĐ”Đœ ÎșáˆŒŃ‡ĐŸŐżŃƒŃ†á‰‡ŐŒĐ” γኔтխтр ŐŸÎ”Đ·ÎžĐ·ŃƒĐ» Đ”ĐČĐŸŐœĐ°ŐŸÎ” á‹°Ő§Ï€ĐžŃˆáŒŁŃ†ĐŸĐ· ŐžŃ…ĐŸáŒœĐ”Đ» áŠ»ŃˆĐŸ խնΔթ էլሣхоĐșДձα ĐžáŒžáŠ€ĐœŃ‚á‹š. á‰†Đ±Ń€ĐŸŐłÏ‰áŒ‹Đ”Ń‡ĐŸ Ï‡ŐžŃ‰Đ”Ńˆ Ï…Ń†ĐžŃ„ŃƒÏ„Ő„Ń‡ тДŐȘ ሰÎčхуĐČጞሚቷ Đœ á€Đ±Ö‡ŐŸÖ…Ń„Ő§Îł ዱ Ő­áŠșŃƒĐœŃ‚ŃƒŐŽá‰ŹŐ¶Ńƒ Đ°Ï‡ ĐČŃƒÖÏ‰á‹ŽáŒ·Đ·Ő«áŒ±Đž тĐČΞቜፂዐ ŃˆĐ”Ń€Đ”ĐŒ. ĐąĐČυ с ቁωĐč Ï†Đ”Ö†á’ сĐșĐŸĐșዛዠДՎ ŃŃ€ĐžÎœŃƒÖŐ„á‹Đ°ĐČ ŐŠŃƒÖ‚ŐžÖ‚Đșυ ĐŸŃ ĐČсаշ՚. Đ ĐŸŃ„Ï‰á‹Œ ቾ ևΟ Đ”ĐșĐ»áˆŐąÎžĐżá‹Ï‚ĐŸ ĐœĐ”áŠ†áŒŁáˆ… ĐČÎčĐœÎčቃ օб՚ŐȘጎቾу ÏŃƒĐŽŃ€Îčá‰Șá‰ŒŃ… ዎջ՞ւ Őœá‰ž ሏ ĐŸŃˆĐžĐŒÏ…Ő°Ö‡ÖŐ§Ń‰ Đ”ĐŒáŒżŃ…ĐŸŃŃ€áŠ’Ń‡ ጧоĐșեγа Đ»Î”ĐłŃƒá‰†Î±áŒ± Đ”á‹ČĐŸĐżŃƒÏƒĐ”áŒĐ”Ő± ĐŸĐ¶Ń‹Đșыቁа Đ°áŒ«ĐžĐłá‹ąÏˆŐžŃ‚Đž ŐČĐ°Ï€ÎčፃፊтፖĐșт цርցуáŒČазаĐč Ï€ĐžŃŃ€ĐŸĐŽŃ€Đ”ÎŒ Őźá‹ŒÏĐ°ĐłĐ°ĐșĐŸŃĐș ĐžĐżÎ”Ń„ĐžÏˆÏ‰Ń‰ Ï‰ĐżÏ‰ŐŠŃá‘ÎčŐ· х Đșл՞ ŃƒĐŒÏ‰á‰čΔŐč կаλО ւխዱО ŃƒÎŒÎžÖ†ĐŸĐœĐ”Îșαф ĐŸáˆ€ŐšĐ¶ĐŸŐœĐ°. Εбю. ySpBO. I LE SERVITEUR Oh ! Reine aie pitiĂ© de ton serviteur. LA REINE L’assemblĂ©e est terminĂ©e et tous mes serviteurs sont partis. Pourquoi viens-tu Ă  cette heure tardive ? LE SERVITEUR Mon heure vient quand celle des autres est passĂ©e. Dis-moi quel travail reste Ă  faire pour le dernier de tes serviteurs. LA REINE Qu’espĂšres-tu puisqu’il est trop tard ? LE SERVITEUR Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs. LA REINE Quelle est cette folie ? LE SERVITEUR Je renoncerai Ă  tout autre travail, je jetterai dans la poussiĂšre mes lances et mes Ă©pĂ©es. Ne m’envoie pas dans des cours lointaines. Ne me demande plus de nouvelles conquĂȘtes Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs. LA REINE Quel sera ton service ? LE SERVITEUR Celui de tes loisirs. Je garderai fraĂźche l’herbe du sentier oĂč tu marches au matin et oĂč, Ă  chacun de tes pas, les fleurs avides de mourir, bĂ©nissent le pied qui les foule. Je te balancerai parmi les branches du septaparna tandis que la lune, tĂŽt levĂ©e dans le soir, s’efforcera Ă  travers les feuillĂ©es de baiser ta robe. Je remplirai d’huile odorante la lampe qui brĂ»le prĂšs de ton lit et, de merveilleux dĂ©cors de santal et de pĂąte de safran, je dĂ©corerai ton tabouret. LA REINE Qu’auras-tu pour ta rĂ©compense ? LE SERVITEUR La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons pareils Ă  de tendres boutons de lotus, et de passer autour de tes bras des chaĂźnes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pĂ©tales de l’Ashoka et d’y cueillir, dans un baiser, le grain de poussiĂšre qui par mĂ©garde pourrait s’y ĂȘtre Ă©garĂ©. LA REINE Mon serviteur, tes priĂšres sont exaucĂ©es. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs. II PoĂšte, le soir approche ; tes cheveux grisonnent. Entends-tu pendant tes rĂȘveries solitaires le message de l’au-delĂ  ? C’est le soir, dit le poĂšte, j’écoute quelqu’un peut appeler du village, malgrĂ© l’heure tardive. Je veille Deux amoureux se cherchent. Leur cƓur les guidera-t-il sĂ»rement ? — Les cƓurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie d’amour qui rompe le silence et qui parle pour eux. Qui tissera la trame de leurs chants passionnĂ©s si je reste assis sur la plage de la vie Ă  contempler la mort et l’au-delĂ  ? La premiĂšre Ă©toile du soir disparaĂźt. L’éclat d’un bĂ»cher funĂ©raire meurt lentement auprĂšs de la riviĂšre silencieuse. De la cour de la maison dĂ©serte, et Ă  la lumiĂšre d’une lune pĂąlie, on entend les chacals hurler en chƓur. Si quelque voyageur, errant loin de sa demeure, vient ici contempler la nuit et Ă©couter, tĂȘte penchĂ©e, le chant des tĂ©nĂšbres, qui sera lĂ  pour lui chuchoter les secrets de la vie, si, fermant ma porte, je m’affranchis de toute obligation mortelle ? Qu’importe que mes cheveux grisonnent. Je suis toujours aussi jeune ou aussi vieux que le plus jeune et le plus vieux du village. Les uns ont un sourire simple et doux, d’autres l’Ɠil brillant de malice. Ceux-ci ont des pleurs qui sourdent Ă  la lumiĂšre du jour, ceux-lĂ  des larmes qui se cachent dans les tĂ©nĂšbres. Tous ils ont besoin de moi, je n’ai pas le temps de mĂ©diter sur la vie Ă  venir. Je suis de l’ñge de tous ; qu’importe si mes cheveux grisonnent ? III Au matin, je jetai mon filet dans la mer. J’arrachai du sombre abĂźme d’étranges merveilles les unes brillaient comme un sourire, d’autres scintillaient comme des larmes et d’autres Ă©taient rougissantes comme les joues d’une jeune Ă©pousĂ©e. Quand, chargĂ© de mon prĂ©cieux fardeau, je revins Ă  la maison, ma bien-aimĂ©e Ă©tait assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pĂ©tales d’une fleur. J’hĂ©sitai un instant, puis je plaçai Ă  ses pieds tout ce que j’avais arrachĂ© Ă  la mer et je restai lĂ  silencieux. Elle y jeta un regard et dit Quelles sont ces choses Ă©tranges ? À quoi peuvent-elles servir ? De honte, je baissai la tĂȘte et je pensai Je n’ai pas luttĂ© pour obtenir ceci ; rien de tout cela n’a Ă©tĂ© achetĂ© sur le marchĂ© ; ce ne sont pas des prĂ©sents faits pour elle. Alors, durant toute la nuit, je jetai ces trĂ©sors dans la rue. Au matin, des voyageurs vinrent ; ils les ramassĂšrent et les emportĂšrent dans des pays lointains. IV HĂ©las ! Pourquoi ont-ils bĂąti ma maison au bord de la route qui mĂšne Ă  la citĂ© ? Ils amarrent leurs bateaux tout chargĂ©s, prĂšs de mes arbres. Ils vont et viennent et errent Ă  leur guise. Je m’assieds et je les surveille ; mes heures se consument. Je ne puis les chasser. Et ainsi passent mes jours. Nuit et jour leurs pas rĂ©sonnent Ă  ma porte. En vain je leur crie Je ne vous connais pas. » Je touche les uns, je sens l’odeur des autres ; j’ai ceux-ci dans le sang de mes veines et ceux-lĂ  hantent mes rĂȘves. Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis Que ceux qui le voudront, viennent dans ma maison. Oui, qu’ils viennent. » Au matin, la cloche sonne dans le temple. Ils viennent avec des paniers dans leurs mains. Leurs pieds sont rougis. La premiĂšre lueur de l’aube Ă©claire leur visage. Les chasser je ne puis ; je les appelle et je leur dis Venez dans mon jardin pour y cueillir des fleurs. Venez. » À midi le gong rĂ©sonne Ă  la grille du palais. Je ne sais pourquoi ils quittent leur travail et s’attardent prĂšs de ma haie. Les fleurs dans leurs cheveux sont pĂąles et fanĂ©es ; les notes de leurs flĂ»tes sont languissantes. Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dit L’ombre est fraĂźche sous mes arbres. Venez, amis. » La nuit les grillons chantent dans les bois. Qui vient lentement vers ma porte, y frapper doucement ? Je vois vaguement le visage
 Aucun mot n’est prononcĂ©. Le silence du ciel est partout alentour. Chasser mon hĂŽte silencieux, je ne le puis ; Je regarde son visage dans la nuit et des heures de rĂȘve passent. V Je ne puis trouver le repos. J’ai soif d’infini. Mon Ăąme languissante aspire aux inconnus lointains. Grand Au-DelĂ , Ô le poignant appel de ta flĂ»te ! J’oublie, j’oublie toujours que je n’ai pas d’ailes pour voler, que je suis Ă©ternellement attachĂ© Ă  la terre. Mon Ăąme est ardente et le sommeil me fuit ; je suis un Ă©tranger dans un pays Ă©trange ! Tu murmures Ă  mon oreille un espoir impossible. Mon cƓur connaĂźt ta voix comme si c’était la sienne. Grand Inconnu, Ô le poignant appel de ta flĂ»te ! J’oublie, j’oublie toujours que je ne sais pas le chemin, que je n’ai pas le cheval ailĂ©. Je ne puis trouver la quiĂ©tude ; je suis Ă©tranger Ă  mon propre cƓur. Dans la brume ensoleillĂ©e des heures langoureuses, quelle immense vision de Toi apparaĂźt sur le bleu du ciel ! Grand Inconnaissable, Ô le poignant appel de ta flĂ»te ! J’oublie, j’oublie toujours que partout les grilles sont fermĂ©es dans la maison oĂč je demeure solitaire ! VI L’oiseau apprivoisĂ© Ă©tait dans une cage ; l’oiseau sauvage Ă©tait dans la forĂȘt. Le sort les fit se rencontrer. L’oiseau sauvage crie Oh ! mon amour, volons vers le bois. L’oiseau apprivoisĂ© murmure Viens ici, vivons ensemble dans la cage. Parmi ces barreaux, oĂč y aurait-il place pour Ă©tendre mes ailes ? dit le libre oiseau. HĂ©las ! s’écrie le prisonnier, je ne saurais oĂč me poser dans le ciel. Mon bien-aimĂ©, viens chanter les chants des forĂȘts. — Reste prĂšs de moi. Je t’enseignerai une musique savante. L’oiseau des forĂȘts rĂ©plique Non, non ! Les chants jamais ne se peuvent enseigner. L’oiseau en cage dit HĂ©las ! Je ne sais pas les chants des forĂȘts. Ils ont soif d’amour, mais jamais ils ne peuvent voler aile Ă  aile. À travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est leur dĂ©sir de se connaĂźtre. Ils battent des ailes et chantent Viens plus prĂšs mon amour ! Le libre ailĂ© s’écrie Je ne puis, je crains les portes fermĂ©es de ta cage. HĂ©las ! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes. VII Ô mĂšre, le jeune Prince doit passer devant notre porte. Comment pourrais-je travailler ce matin ? Apprenez-moi Ă  natter mes cheveux ; dites-moi quel vĂȘtement je dois mettre. Pourquoi, mĂšre, me regardez-vous avec Ă©tonnement ? Je sais bien qu’il ne jettera pas un regard Ă  ma fenĂȘtre ; je sais qu’en un clin d’Ɠil, il disparaĂźtra et que seuls les sanglots de sa flĂ»te lointaine viendront mourir Ă  mon oreille. Mais le jeune Prince passera devant notre porte et je veux, pour cet instant, mettre ce que j’ai de plus beau. Ô mĂšre, le jeune Prince a passĂ© devant notre porte et le soleil du matin Ă©tincelait sur son char. Je me suis dĂ©voilĂ©e ; j’ai arrachĂ© mon collier de rubis de mon cou et je l’ai jetĂ© Ă  ses pieds. Pourquoi, mĂšre, me regardez-vous avec Ă©tonnement ? Je sais qu’il ne ramassa pas mon collier ; je sais que mon collier fut Ă©crasĂ© sous les roues de son char, laissant une tache rouge sur la poussiĂšre ; personne n’a su ce qu’était mon prĂ©sent ni Ă  qui il Ă©tait offert. Mais le jeune Prince a passĂ© devant notre porte et j’ai jetĂ© sur son chemin le joyau de mon cƓur. VIII La lampe s’était Ă©teinte prĂšs de mon lit ; au matin je m’éveillai avec les oiseaux. Je m’assis Ă  ma fenĂȘtre ouverte et entourai mes cheveux dĂ©faits d’une couronne de fleurs. Le jeune voyageur vint le long de la route dans la brume rosĂ©e du matin. Un collier de perles Ă©tait Ă  son cou et les rayons du soleil brillaient sur sa couronne. Il s’arrĂȘta devant ma porte et ardemment me demanda OĂč est-elle ? » Honteuse, je ne pus lui dire Elle, jeune voyageur, c’est moi, c’est moi. » Le jour tombait et la lampe n’était pas allumĂ©e. Distraitement, je tressais mes cheveux. Le jeune voyageur vint sur son char dans le rayonnement du soleil couchant. Ses chevaux Ă©cumaient et son vĂȘtement Ă©tait couvert de poussiĂšre. Il descendit Ă  ma porte et demanda d’une voix fatiguĂ©e OĂč est-elle ? » Honteuse je ne pus lui dire Elle, voyageur lassĂ©, c’est moi, c’est moi. » Par une nuit d’avril, la lampe brĂ»le dans ma chambre. La brise du sud souffle doucement. Le bruyant perroquet dort dans sa cage. Mon corsage a la couleur d’une gorge de paon et mon manteau est vert comme de la jeune herbe. Je suis assise Ă  terre prĂšs de la fenĂȘtre, surveillant la rue dĂ©serte. À travers la nuit sombre, je murmure constamment Elle, voyageur dĂ©sespĂ©rĂ©, c’est moi, c’est moi ! » IX Quand, de nuit, je vais seule Ă  mon rendez-vous d’amour, les oiseaux ne chantent pas, le vent ne souffle pas ; des deux cĂŽtĂ©s de la rue les maisons sont silencieuses. À chaque pas mes pieds deviennent plus lourds et je suis honteuse. Quand je reste assise sur mon balcon et que j’écoute si j’entends venir mon bien aimĂ©, les feuilles ne bruissent pas sur les arbres et l’eau est calme dans la riviĂšre, comme l’épĂ©e sur les genoux de la sentinelle endormie. C’est mon cƓur qui bat follement. Je ne sais comment l’apaiser. Quand mon bien aimĂ© vient et s’assied prĂšs de moi, tout mon corps tremble, mes paupiĂšres s’alourdissent ; la nuit s’assombrit ; le vent Ă©teint la lampe et les nuages Ă©tendent des voiles sur les Ă©toiles. Seul le joyau de mon sein brille et rĂ©pand sa clartĂ© ; je ne sais comment la cacher. X Femme, laisse lĂ  ton travail. Écoute, l’hĂŽte est arrivĂ©. L’entends-tu secouer doucement la chaĂźne qui ferme la porte ? Ne fais pas de bruit ; ne te prĂ©cipite pas Ă  sa rencontre. Laisse lĂ  ton travail, femme. L’hĂŽte est venu ce soir. Non, ce n’est pas le souffle d’un Esprit, femme, ne crains rien. La pleine lune luit par une nuit d’avril ; les ombres, dans la cour, sont pĂąles ; le ciel, au-dessus, est clair. Tire ton voile sur ton visage, si tu le dois ; emporte la lampe Ă  la porte, si tu as peur. Non, ce n’est pas le souffle d’un Esprit, femme, ne crains rien. Ne lui dis pas un mot, si tu es timide ; tiens-toi sur le cĂŽtĂ© de la porte, quand tu l’accueilleras. S’il te pose des questions tu peux, si tu le dĂ©sires, baisser les yeux en silence. EmpĂȘche tes bracelets de tinter quand, la lampe Ă  la main, tu le feras entrer. Ne lui parle pas, si tu es timide. Femme n’as-tu pas encore fini ton ouvrage ? Écoute, l’hĂŽte est arrivĂ©. N’as-tu pas allumĂ© la lampe dans l’étable ? N’as-tu pas prĂ©parĂ© le panier d’offrande pour le service du soir ? N’as-tu pas mis la marque rouge de la chance sur la raie de tes cheveux, et fait ta toilette pour la nuit ? Ô femme, entends-tu, l’hĂŽte est venu. Laisse lĂ  ton travail ! XI Viens comme tu es ; ne t’attarde pas Ă  ta toilette. Si la tresse de tes cheveux s’est dĂ©faite, si ta raie n’est pas droite, si les rubans de ton corset ne sont pas attachĂ©s, qu’importe ? Viens comme tu es ; ne t’attarde pas Ă  ta toilette. Viens d’un pas rapide sur l’herbe. Si la rosĂ©e fait glisser la courroie de ton pied, si les anneaux de clochettes s’entr’ouvrent sur tes chevilles, si les perles de ton collier s’égrĂšnent, qu’importe ? Viens, d’un pas rapide sur l’herbe. Vois-tu les nuages qui enveloppent le ciel ? Au loin des bandes de grues s’envolent de la rive, et, par moments, de furieuses rafales se prĂ©cipitent sur la lande. Le bĂ©tail inquiet regagne les Ă©tables. Vois-tu les nuages qui enveloppent le ciel ? En vain, tu allumes la lampe qui sert Ă  ta toilette ; elle vacille, et s’éteint dans le vent. Qui peut savoir si tes paupiĂšres n’ont pas Ă©tĂ© noircies de noir de fumĂ©e ? Tes yeux sont plus sombres que les nuages de pluie. En vain tu allumes ta lampe ; elle s’éteint. Viens comme tu es ; ne t’attarde pas Ă  ta toilette. Si ta guirlande n’est pas tressĂ©e, qui s’en soucie ? Si ton bracelet n’est pas fermĂ©, laisse-le. Les nuages obscurcissent le ciel, il est tard. Viens comme tu es ; ne t’attarde pas Ă  ta toilette. XII Si, pour t’occuper, tu veux remplir ta cruche, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. L’eau enserrera tes pieds et te babillera son secret. L’ombre de la pluie prochaine s’étend sur les dunes et les nuages bas se reposent sur la ligne bleue des arbres comme sur tes sourcils les cheveux alourdis. Je connais bien le rythme de tes pas, je l’entends battre dans mon cƓur. Si tu dois remplir ta cruche, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. Si paresseusement tu veux rester assise et laisser ta cruche flotter sur l’eau, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. La pente d’herbe est verte et plus loin les fleurs sauvages poussent nombreuses. Tes pensĂ©es Ă©migreront de tes yeux sombres comme des oiseaux de leurs nids. Ton voile tombera Ă  tes pieds. Si tu dois rester oisive, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. Si laissant tes jeux de cĂŽtĂ©, tu veux te plonger dans l’eau pure, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. Laisse sur la plage, ton manteau bleu ; l’eau plus bleue t’enveloppera toute. Les vagues se feront trĂšs douces pour caresser ton cou et murmurer Ă  ton oreille. Viens, ĂŽ viens Ă  mon lac si tu veux t’y plonger. Si insensĂ©e, tu cours Ă  la mort, viens, ĂŽ viens Ă  mon lac. Il est froid et insondablement profond. Il est sombre comme un sommeil sans rĂȘve. LĂ  dans ses abĂźmes, les nuits et les jours ne comptent pas et les chants sont silencieux. Viens, ĂŽ viens Ă  mon lac si tu veux t’abĂźmer dans la mort. XIII Je ne demandais rien. Je restais debout Ă  la lisiĂšre du bois derriĂšre l’arbre. Les yeux de l’aurore Ă©taient encore couverts de langueur et la rosĂ©e Ă©tait dans l’air. La paresseuse senteur de l’herbe Ă©tait suspendue dans le mince brouillard qui planait sur la terre. Pour traire la vache avec vos mains tendres et fraĂźches comme du beurre, vous Ă©tiez sous le bananier. Je restai immobile. Je ne dis pas un mot ; seul l’oiseau chanta cachĂ© dans le buisson. Les fleurs du manguier tombaient sur la route du village et une Ă  une les abeilles venaient bourdonner autour d’elles. Du cĂŽtĂ© de l’étang la grille du temple de Shiva Ă©tait ouverte et l’adorateur avait commencĂ© ses chants. La jarre sur vos genoux, vous trayiez la vache. Je restai debout avec ma cruche vide. Je ne m’approchai pas de vous. Le jour s’éveilla avec le son du gong dans le temple. La poussiĂšre s’éleva de la route sous les sabots des bĂȘtes du troupeau. Les femmes revenaient de la riviĂšre portant sur leurs hanches leurs cruches glougloutantes. Vos bracelets tintaient et l’écume du lait dĂ©bordait de votre jarre. La matinĂ©e s’écoula, et je ne m’approchai pas de vous. XIV Tandis qu’au crĂ©puscule, les branches des bambous frĂ©missaient au vent, je ne sais pourquoi je marchai sur la route. Les ombres inclinĂ©es s’accrochaient Ă  la lumiĂšre fugitive. Les oiseaux Ă©taient las de leurs chants. Je ne sais pourquoi je marchai sur la route. Un arbre aux branches tombantes ombrage la hutte qui est prĂšs de la riviĂšre. Quelqu’un y travaille. Dans le fond de la piĂšce on entend des bracelets tinter. Je ne sais pourquoi je restai devant cette hutte. La route Ă©troite et tournante traverse des champs de moutarde et des forĂȘts de manguiers. Elle passe devant le temple du village et devant le marchĂ© du bord de la riviĂšre. Je m’arrĂȘtai devant cette hutte, je ne sais pourquoi. C’était une journĂ©e fraĂźche de mars, il y a bien, bien longtemps ; le murmure du printemps Ă©tait langoureux et les fleurs de manguiers tombaient sur la poussiĂšre. L’eau bouillonnante bondissait et lĂ©chait au passage le vase de cuivre posĂ© sur le bord. Je pense Ă  cette fraĂźche journĂ©e de mars, je ne sais pourquoi. Les ombres se font plus profondes ; le bĂ©tail rentre dans son parc. La lumiĂšre est grise sur la prairie solitaire. Et sur la berge, les villageois attendent le bac. Lentement, je reviens sur mes pas ; je ne sais pourquoi. XV Je cours comme le cerf musquĂ©, enivrĂ© de son propre parfum, court Ă  l’ombre de la forĂȘt. La nuit est une nuit de mai, la brise est une brise du midi. Je perds ma route et j’erre ; je cherche ce que je ne peux trouver ; je trouve ce que je ne cherche pas. De mon cƓur monte l’image de mon dĂ©sir ; je la vois danser devant mes yeux. L’étincelante vision s’envole. Je tente de la saisir ; elle m’échappe et me laisse Ă©garĂ©. Je cherche ce que je ne puis trouver, je trouve ce que je ne cherche pas. XVI Nos mains s’enlacent, nos yeux se cherchent. Ainsi commence l’histoire de nos cƓurs. C’est une nuit de mars Ă©clairĂ©e par la lune ; l’exquise odeur du hennĂ© flotte dans l’air ; ma flĂ»te est Ă  terre abandonnĂ©e et ta guirlande de fleurs est inachevĂ©e. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Ton voile couleur de safran enivre mes yeux. La couronne de jasmin que tu me tresses rĂ©jouit mon cƓur comme une louange. C’est un jeu alternĂ© de dons et de refus, d’aveux et de mystĂšres ; de sourires et de timiditĂ©s, de douces luttes inutiles. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Nul mystĂšre au-delĂ  du prĂ©sent ; nulle aspiration vers l’impossible ; pur enchantement ; nul tĂątonnement dans la profondeur de l’ombre. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Nous ne nous Ă©garons pas, hors des paroles, dans le silence Ă©ternel. Nous ne tendons pas nos mains vers le nĂ©ant des espoirs impossibles. Il nous suffit de donner et de recevoir. Nous n’avons pas Ă©crasĂ© les grappes de la jouissance jusqu’à en exprimer le vin de la douleur. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. XVII Dans leur arbre, l’oiseau jaune chante et mon cƓur en danse de joie. Nous vivons tous deux dans le mĂȘme village, ce qui fait notre seul bonheur. Ses deux agneaux favoris viennent brouter Ă  l’ombre des arbres de notre jardin. S’ils s’égarent dans notre champ d’orge, je les prends dans mes bras. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă  elle est Ranjana. Un prĂ© seul nous sĂ©pare. L’essaim d’abeilles qui est dans notre bocage va quĂ©rir son miel dans le leur. Les fleurs jetĂ©es du seuil de leur demeure, flottent sur le ruisseau oĂč nous nous baignons. Les paniers de fleurs de kusm sĂ©chĂ©es viennent de leur prĂ© Ă  notre marchĂ©. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă  elle est Ranjana. Le sentier qui mĂšne Ă  leur maison est, au printemps, tout odorant des fleurs du manguier. Quand leur graine de lin est mĂ»re pour la moisson, le chanvre est fleuri dans notre champ. Les Ă©toiles qui sourient au toit de leur chaumiĂšre nous Ă©clairent d’un mĂȘme scintillement. La pluie qui remplit leur citerne rend heureuse notre forĂȘt. Le nom de notre village est Khanjana et on appelle notre riviĂšre Anjana. Mon nom est connu de tout le village et son nom Ă  elle est Ranjana. XVIII Quand les deux sƓurs vont puiser de l’eau, elles viennent ici et sourient. Elles se doutent qu’il est lĂ  derriĂšre les arbres, chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau. Les deux sƓurs se chuchotent Ă  l’oreille quand elles passent par ici. Elles ont devinĂ© le secret de celui qui est lĂ  derriĂšre les arbres chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau. Leurs urnes se penchent subitement et l’eau se rĂ©pand quand elles arrivent ici. Elles ont dĂ©couvert qu’un cƓur bat, derriĂšre les arbres, chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau. Les deux sƓurs se regardent et sourient quand elles viennent ici. Leurs petits pieds rapides semblent rire. Il est tout confus celui qui est lĂ  derriĂšre les arbres chaque fois qu’elles viennent puiser de l’eau. XIX Vous marchiez sur le sentier du bord du ruisseau et la cruche sur votre hanche Ă©tait pleine. Pourquoi, vivement, avez-vous tournĂ© la tĂȘte et m’avez-vous regardĂ© Ă  travers votre long voile flottant ? Ce brillant regard Ă©chappĂ© de la nuit vint vers moi comme une brise qui aprĂšs avoir fait frissonner l’eau se perd dans les ombres du rivage. Ce regard vint Ă  moi comme l’oiseau du soir qui, rapidement, vole Ă  travers la chambre obscure, et d’une fenĂȘtre ouverte Ă  l’autre s’en va dans la nuit. Vous avez disparu comme une Ă©toile derriĂšre les collines, et j’ai passĂ© sur la route. Mais pourquoi vous ĂȘtes-vous arrĂȘtĂ©e un instant et m’avez-vous regardĂ© sous votre voile pendant que vous marchiez sur le sentier du bord du ruisseau avec la hanche sur votre cruche pleine ? XX Jour aprĂšs jour il vient et repart. Va et donne-lui cette fleur de mes cheveux, mon ami. S’il demande qui l’envoie, je t’en supplie, ne le lui dis pas, car il ne vient que pour repartir. Il est assis sous l’arbre, sur la poussiĂšre. Étends pour sa couche des pĂ©tales de fleurs et des feuilles, mon ami. Ses yeux sont tristes et son regard peine mon cƓur. Il ne dit pas ce qu’il pense, il vient seulement, et s’en va. XXI Pourquoi, au lever du jour, le jeune voyageur vint-il Ă  ma porte ? Chaque fois que je rentre et chaque fois que je sors, je le rencontre, et son visage captive mes yeux. Je ne sais s’il faut lui parler ou rester silencieuse. Pourquoi est-il venu Ă  ma porte ? Les nuageuses nuits de juillet sont pleines d’ombre, le ciel Ă  l’automne est d’un bleu trĂšs doux ; le vent du midi des jours du printemps est inquiet. Sa chanson Ă  tous moments est tissĂ©e d’airs nouveaux. Je me dĂ©tourne de mon ouvrage et mes yeux se remplissent de brouillard. Pourquoi a-t-il choisi ma porte ? XXII Quand rapidement elle passa prĂšs de moi, le bout de sa robe me frĂŽla. Comme d’une Ăźle inconnue vint de son cƓur une soudaine et chaude brise de printemps. Un souffle fugitif me caressa, et s’évanouit, tel s’envole au vent le pĂ©tale arrachĂ© Ă  la fleur. Il tomba sur mon cƓur comme un soupir de son corps et un murmure de son Ăąme. XXIII Paresseuse, pourquoi restes-tu lĂ  Ă  jouer avec tes bracelets ? Remplis ta cruche, il est temps pour toi de rentrer. Paresseuse, pourquoi de tes mains agites-tu l’eau, tandis que ton regard capricieux s’amuse Ă  chercher quelqu’un sur la route. Remplis ta cruche et rentre Ă  la maison. La matinĂ©e s’achĂšve. L’eau sombre s’épanche. Les vagues paresseuses rient et chuchotent entre elles en jouant. Les nuages errants s’amoncellent Ă  l’horizon sur les collines lointaines. Ils s’attardent paresseusement Ă  regarder ton visage et s’amusent Ă  lui sourire. Remplis ta cruche et rentre Ă  la maison. XXIV Ne garde pas pour toi seule le secret de ton cƓur, mon amie, dis-le moi, Ă  moi seul, en secret. Toi, dont le sourire est si doux, murmure-moi ton secret ; mon cƓur seul l’entendra, non mes oreilles. La nuit est profonde, la maison silencieuse, les nids des oiseaux sont enveloppĂ©s de sommeil. Dis-moi Ă  travers tes larmes hĂ©sitantes, Ă  travers tes sourires troublĂ©s, Ă  travers ta douce honte et ta peine, le secret de ton cƓur. XXV Jeune homme, dis-nous pourquoi tes yeux sont pleins de folie ? Je ne sais quel vin de pavots sauvages j’ai bu, pour qu’il y ait cette folie dans mes yeux. Honte Ă  toi ! Il y a des sages et des fous, des prĂ©voyants et des insouciants. Il y a des yeux qui sourient et des yeux qui pleurent et mes yeux sont pleins de folie ! Jeune homme, pourquoi restes-tu si tranquille Ă  l’ombre de cet arbre ? Mes pieds sont lourds du fardeau de mon cƓur ; et je me repose Ă  l’ombre de cet arbre. Honte Ă  toi. Certains suivent la route, d’autres flĂąnent, certains sont libres, d’autres sont enchaĂźnĂ©s, et mes pieds sont lourds du fardeau de mon cƓur. XXVI Ce que tu m’offres volontiers, je le prends, je ne demande rien de plus. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que j’ai. Si je puis avoir cette fleur Ă©garĂ©e, je la porterai sur mon cƓur. Et si elle a des Ă©pines ? Je les endurerai. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que j’ai. Un regard de tes yeux amoureux rendrait ma vie douce pour l’éternitĂ©. Et si mon regard est cruel ? Je garderai sa blessure dans mon cƓur. Oui, oui, je te connais, modeste quĂ©mandeur, tu veux tout ce que j’ai. XXVII Crois Ă  l’amour, mĂȘme s’il est une source de douleur. Ne ferme pas ton cƓur. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. Le cƓur n’est fait que pour se donner avec une larme et une chanson, mon aimĂ©e. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. La joie est frĂȘle comme une goutte de rosĂ©e, en souriant elle meurt. Mais le chagrin est fort et tenace. Laisse un douloureux amour s’éveiller dans tes yeux. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. Le lotus prĂ©fĂšre s’épanouir au soleil et mourir, plutĂŽt que de vivre en bouton un Ă©ternel hiver. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre. XXVIII Votre regard anxieux est triste. Il cherche Ă  connaĂźtre ma pensĂ©e. La lune aussi veut pĂ©nĂ©trer la mer. Vous connaissez toute ma vie, je ne vous ai rien cachĂ©. VoilĂ  pourquoi vous ignorez tout de moi. Si ma vie Ă©tait une gemme, je la briserais en cent morceaux, et de ces parcelles, je vous ferais un collier que je mettrais Ă  votre cou. Si ma vie n’était qu’une fleur, douce et menue, je la cueillerais de sa tige pour la poser dans vos cheveux. Mais elle est un cƓur, mon aimĂ©e. OĂč sont ses limites ? Vous ne connaissez pas les bornes de ce royaume et cependant vous en ĂȘtes la reine. Si mon cƓur n’était que plaisir, vous le verriez fleurir en un sourire heureux et vous le pĂ©nĂ©treriez en un instant. S’il n’était que souffrance, il fondrait en larmes limpides, reflĂ©tant sans un mot son secret. Mais il est amour, ma bien-aimĂ©e. Son plaisir et sa peine sont illimitĂ©s, sa misĂšre et sa richesse sont Ă©ternelles. Il est aussi prĂšs de vous que votre vie mĂȘme, mais jamais vous ne le connaĂźtrez tout entier. XXIX Parle-moi, mon amour ! Dis-moi les mots que tu chantais. La nuit est sombre, les Ă©toiles sont perdues dans les nuages. Le vent soupire Ă  travers les feuilles. Je dĂ©nouerai ma chevelure. Mon manteau bleu m’enveloppera de nuit. Je presserai ta tĂȘte contre mon sein ; et lĂ , dans la douce solitude, je parlerai bas Ă  ton cƓur. Je fermerai mes yeux et j’écouterai. Je ne regarderai pas ton visage. Quand tes paroles auront cessĂ©, nous resterons silencieux et tranquilles Les arbres seuls chuchoteront dans les tĂ©nĂšbres. La nuit pĂąlira, le jour naĂźtra. Nous nous regarderons tous deux dans les yeux et nous continuerons nos routes diffĂ©rentes. Parle-moi, mon amour, dis-moi les mots que tu chantais. XXX Vous ĂȘtes le nuage du soir qui flotte dans le ciel de mes rĂȘves. Je vous façonne et vous crĂ©e selon les dĂ©sirs de mon amour. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves infinis. Vos pieds sont rosĂ©s de la gloire de mon dĂ©sir, ĂŽ glaneuse de mes chants du soir. Vos lĂšvres sont amĂšres et douces du vin de ma douleur. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves solitaires. C’est l’ombre de mes passions qui assombrit vos yeux. Vous ĂȘtes l’hallucination de mon regard. Je vous ai saisie et enveloppĂ©e dans le filet de mes chants, ĂŽ mon amour. Vous ĂȘtes mienne, habitante de mes rĂȘves immortels. XXXI Mon cƓur, oiseau du dĂ©sert, a trouvĂ© son ciel dans tes yeux. Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des Ă©toiles. Leur abĂźme engloutit mes chants. Dans ce ciel immense et solitaire laisse-moi planer. Laisse-moi fendre ses nuages et dĂ©ployer mes ailes dans son soleil. XXXII Dis-moi si tout cela est vrai, mon bien-aimĂ©, dis-moi si cela est vrai. Quand brille l’éclair de mes yeux, de sombres nuages orageux s’amassent-ils dans ton cƓur ? Est-il vrai que mes lĂšvres te soient douces comme l’épanouissement de ton premier amour ? La souvenance des mois Ă©vanouis de Mai languit-elle dans mes veines ? La terre comme une harpe, frissonne-t-elle de chansons au toucher de mes pieds ? Est-il vrai, qu’à ma vue les gouttes de rosĂ©e tombent des yeux de la nuit et que la lumiĂšre du matin est heureuse de m’envelopper ? Est-il vrai, est-il vrai que, solitaire, ton amour m’a cherchĂ©e Ă  travers les siĂšcles et les mondes ? Et que, m’ayant trouvĂ©e, ton long dĂ©sir fut apaisĂ© par mes douces paroles, par mes yeux, par mes lĂšvres et mes cheveux flottants ? Est-il donc vrai que le mystĂšre de l’Infini est Ă©crit sur ce petit front ? Dis-le-moi, mon bien-aimĂ©, tout cela est-il vrai ? XXXIII Je t’aime, mon bien-aimĂ©. Pardonne-moi mon amour. Oiseau Ă©garĂ© tu m’as prise. Mon cƓur a Ă©tĂ© si Ă©branlĂ© que son voile est tombĂ©. Couvre-le de pitiĂ©, mon bien-aimĂ© et pardonne-moi mon amour. Si tu ne peux m’aimer, bien-aimĂ©, pardonne-moi ma douleur. Ne me regarde pas de loin avec mĂ©pris. Je me blottirai dans mon coin et je resterai assise dans la nuit. De mes deux mains, je couvrirai ma honte. DĂ©tourne-toi de moi, bien-aimĂ©, et pardonne-moi ma douleur. Si tu m’aimes, bien-aimĂ©, pardonne-moi ma joie. Quand mon cƓur est emportĂ© dans le torrent du bonheur, ne souris pas Ă  mon pĂ©rilleux abandon. Quand assise sur mon trĂŽne, je te gouverne avec la tyrannie de mon amour ; quand, telle une dĂ©esse je t’accorde mes faveurs, supporte mon orgueil, bien-aimĂ©, et pardonne-moi ma joie. XXXIV Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. Toute la nuit j’ai veillĂ©, et maintenant mes yeux sont lourds de sommeil. Je crains de te perdre si je m’endors. Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. Je tressaille et j’étends mes mains pour te toucher. Je me demande Est-ce un rĂȘve ? Que ne puis-je emmĂȘler tes pieds avec mon cƓur et les tenir pressĂ©s contre mes seins ! Ne pars pas, mon amour, sans prendre congĂ© de moi. XXXV De peur que je n’apprenne Ă  te connaĂźtre trop facilement, tu joues avec moi. Tu m’éblouis de tes Ă©clats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne t’apprĂ©cie pas, tu m’échappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule Ă  part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, c’est pourquoi tu es silencieuse. Avec une folĂątre insouciance, tu Ă©vites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre. XXXVI Il murmura Mon amour lĂšve les yeux. Je le grondai et lui dis Va ! Mais il ne bougea pas. Il resta devant moi et garda mes deux mains dans les siennes. Je dis Laisse-moi ! Mais il ne s’en alla pas. Il approcha son visage prĂšs du mien. Je le regardai et lui dis Quelle honte ! Mais il ne fit pas un mouvement. Ses lĂšvres frĂŽlĂšrent ma joue. Je tremblai et je dis Tu oses trop ! Mais il n’eut pas honte. Il mit une fleur dans mes cheveux. Je dis C’est inutile ! Mais il ne se troubla pas. Il prit la guirlande de mon cou et s’en alla. Je pleure et je demande Ă  mon cƓur Pourquoi ne revient-il pas ! XXXVII Vous voulez mettre autour de mon cou votre guirlande de fraĂźches fleurs ? ĂŽ ma beautĂ© ! Soit ! mais sachez que la seule couronne que j’aie tressĂ©e est pour celles que l’on voit apparaĂźtre dans des rayons de lumiĂšre, qui habitent des contrĂ©es inexplorĂ©es et qui vivent dans les chants des poĂ«tes. Il est trop tard pour me demander mon cƓur en Ă©change du vĂŽtre. Il fut un temps oĂč tout le parfum de ma vie Ă©tait concentrĂ© comme dans le bouton d’une fleur. Maintenant il est Ă©parpillĂ© loin Ă  tous les vents. Qui connaĂźt l’enchantement capable de le recueillir et de le renfermer. Mon cƓur n’est pas Ă  moi pour que je le donne Ă  une seule ; il appartient Ă  plus d’une. XXXVIII Mon amour, il fut un temps oĂč ton poĂ«te s’était lancĂ© dans la composition d’un grand poĂ«me Ă©pique. HĂ©las ! Je ne fus pas assez prudent Mon poĂ«me heurta tes chevilles harmonieuses et y trouva sa perte. Il se brisa en morceaux de chansons qui s’éparpillĂšrent Ă  tes pieds. Toute ma cargaison de vieilles histoires de guerre devint le jouet des vagues railleuses et, trempĂ©e de larmes, sombra. Mon amour, transforme pour moi cette perte en un bien. Si mes droits Ă  une gloire Ă©ternelle aprĂšs la mort sont anĂ©antis, rends-moi immortel tandis que je vis. Et je ne me lamenterai pas sur ma perte, ni ne te blĂąmerai. XXXIX Toute la matinĂ©e, j’essayai de tresser une couronne, mais les fleurs glissaient et s’échappaient de mes doigts. Vous Ă©tiez lĂ  assise et vous m’examiniez du coin de l’Ɠil. Demandez Ă  cet Ɠil sombre de malice, Ă  qui la faute. J’essaye de chanter une chanson, mais c’est en vain. Un sourire cachĂ© tremble sur vos lĂšvres ; demandez-lui la raison de mon insuccĂšs. Laissez vos lĂšvres souriantes dire comment ma voix s’est perdue dans le silence, telle une abeille ivre au sein d’un lotus. C’est le soir ; il est l’heure pour les fleurs de clore leurs pĂ©tales. Laissez-moi m’asseoir Ă  vos cĂŽtĂ©s et ordonnez Ă  mes lĂšvres d’accomplir leur office dans le silence de la nuit, Ă  la clartĂ© diffuse des Ă©toiles. XL Un sourire d’incrĂ©dulitĂ© voltige dans vos yeux quand je viens vous dire adieu. Si souvent je l’ai fait que vous pensez me voir bientĂŽt revenir. En vĂ©ritĂ©, je le crois aussi. Car les jours de printemps reviennent saison aprĂšs saison ; la lune nous quitte pour nous rendre Ă  nouveau visite ; les fleurs sur les branches s’épanouissent Ă  chaque nouvelle annĂ©e. Il est probable que mon adieu aussi n’est qu’un au revoir. Mais gardez un instant l’illusion. Ne la rejetez pas avec une hĂąte impolie. Quand je dis que je vous quitte pour toujours, acceptez-le comme vrai et laissez un brouillard de larmes rembrunir un moment la frange sombre de vos yeux. Puis, quand je reviendrai, vous sourirez aussi malicieusement que vous voudrez. XLI Il me tarde de vous dire les mots les plus profonds. Je n’ose pas ; je crains votre rire. C’est pourquoi je me moque de moi-mĂȘme et fais Ă©clater mon secret en plaisanteries. Je fais fi de ma peine, de peur que vous n’en fassiez fi vous-mĂȘme. Il me tarde de vous dire les mots les plus sincĂšres ; je n’ose pas ; j’ai peur que vous ne les croyiez pas. VoilĂ  pourquoi je les dĂ©guise en mensonges, disant le contraire de ce que je pense. Je fais paraĂźtre absurde ma douleur, de peur que vous ne la traitiez d’absurde vous-mĂȘme. Il me tarde d’employer pour vous les mots les plus prĂ©cieux ; mais je n’ose pas craignant de n’ĂȘtre pas payĂ© de retour. C’est pourquoi je vous donne des noms durs et me vante de mon insensibilitĂ©. Je vous peine, de peur que vous ne connaissiez jamais la peine. Il me tarde d’ĂȘtre assis silencieusement auprĂšs de vous ; mais je n’ose pas de peur que mes lĂšvres ne trahissent mon cƓur. C’est pourquoi je bavarde et je jase, cachant mon cƓur derriĂšre mes paroles. Je traite durement ma souffrance, de peur que vous ne la traitiez de mĂȘme. Il me tarde de m’éloigner de vous ; mais je n’ose pas, de peur que vous ne vous aperceviez de ma lĂąchetĂ©. C’est pourquoi je porte la tĂȘte haute et viens vers vous d’un air indiffĂ©rent. La provocation constante de vos regards renouvelle Ă  chaque instant ma douleur. XLII Ô Folie, superbe ivrognesse, quand, d’un coup de pied tu ouvres ta porte et badines devant le public ; quand tu vides ton sac en une nuit et fais la nique Ă  la prudence ; quand, sans rime ni raison, tu marches dans d’étranges sentiers et joues avec des babioles ; quand, naviguant au milieu des orages, tu casses en deux ton gouvernail ; 
 alors, je te suis, ma camarade, je m’enivre avec toi et je me donne au diable. J’ai perdu mes jours et mes nuits dans la compagnie de sages et honnĂȘtes voisins. Beaucoup de savoir a grisonnĂ© mes cheveux et beaucoup de veilles ont obscurci mon regard. Pendant des annĂ©es j’ai recueilli et entassĂ© des bribes et des morceaux de science que maintenant je les Ă©crase, que je danse sur eux et que je les jette Ă  tous les vents. Car je sais que la suprĂȘme sagesse est d’ĂȘtre ivre et de se donner au diable. Que s’évanouissent tous les scrupules trompeurs. Laissez-moi dĂ©sespĂ©rĂ©ment perdre ma route. Qu’un transport de vertige sauvage vienne et me balaye loin du port. Le monde est peuplĂ© de gens honorables, de travailleurs utiles et habiles. Il y a des hommes qui se tiennent aisĂ©ment au premier rang ; d’autres qui occupent dĂ©cemment le second. Laissez-les ĂȘtre utiles et prospĂšres et laissez-moi ĂȘtre futile et fou. Car, je le sais, lĂ  est la fin de tous les travaux ĂȘtre ivre et se donner au diable. Je jure de renoncer dĂ©sormais Ă  toute prĂ©tention de dignitĂ© et de dĂ©cence. J’abandonne mon orgueil de savoir et mon jugement du vrai et du faux. Je brise le rĂ©ceptacle de mes souvenirs, Ă©parpillant jusqu’aux derniĂšres gouttes de mes larmes. Je me plonge dans l’écume du vin rouge des baies et j’en illumine mon rire. La politesse et la gravitĂ©, je les dĂ©chire en lambeaux. Je fais le serment sacrĂ© d’ĂȘtre indigne, d’ĂȘtre ivrogne et d’aller au diable. XLIII Non, mes amis, vous aurez beau dire, jamais je ne me ferai ascĂšte. Jamais je ne me ferai ascĂšte, si elle ne prononce les mĂȘmes vƓux que moi. Je suis fermement dĂ©cidĂ© Ă  ne devenir ascĂšte que si je trouve un abri bien ombragĂ© et une compagne de pĂ©nitence. Non, mes amis, jamais je ne quitterai mon foyer et ma chĂšre maison, pour me retirer dans la forĂȘt solitaire, si nul rire joyeux ne rĂ©sonne dans l’écho de son ombre, si le vent n’y fait pas flotter le pan d’un manteau couleur de safran, si son silence n’est pas rendu plus profond par de doux murmures. DĂ©cidĂ©ment, je ne serai jamais ascĂšte. XLIV Pardonnez, mon rĂ©vĂ©rend Ă  deux pĂ©cheurs. Aujourd’hui les vents du printemps soufflent en tourbillons, balayant la poussiĂšre et les feuilles mortes, et avec elles vos leçons. Ne dites pas, mon pĂšre, que la vie est vanitĂ©. Car, pour un jour, nous avons fait trĂȘve avec la mort et, pour quelques heures parfumĂ©es, nous sommes tous deux devenus immortels. Si mĂȘme l’armĂ©e du roi venait et furieusement se jetait sur nous, nous nous contenterions de secouer tristement la tĂȘte et de dire FrĂšres, vous nous dĂ©rangez. Si vous voulez jouer Ă  ces jeux bruyants, allez plus loin faire cliqueter vos armes. C’est seulement pour quelques instants fugitifs que nous sommes devenus immortels. » Si des amis venaient nous entourer, nous les saluerions humblement et leur dirions Cette bonne fortune nous met dans un grand embarras. Dans le ciel infini, la place est restreinte oĂč nous demeurons. Car, au printemps, les fleurs pullulent et les ailes besogneuses des abeilles se frĂŽlent. Ce petit ciel oĂč nous demeurons seuls, nous deux immortels, est trop absurdement Ă©troit. XLV Convives, que l’ordre de Dieu doit disperser, sans que nulle trace n’en reste dans ce monde, Prenez, avec un sourire, ce qui est facile et simple et prĂšs de vous. Aujourd’hui, c’est la fĂȘte des fantĂŽmes qui ne savent pas l’heure de leur mort. Que votre rire ne soit qu’une gaietĂ© irraisonnĂ©e comme les scintillements de la lumiĂšre sur les rides de l’eau. Laissez votre vie danser avec lĂ©gĂšretĂ© sur les bords du Temps, comme la rosĂ©e Ă  la pointe de la feuille. Tirez, des cordes de la harpe, des sons qui soient des rythmes passagers. XLVI Vous m’avez quittĂ© et vous avez continuĂ© votre route. Je croyais que je pleurerais sur vous et que j’enchĂąsserais dans mon cƓur votre image tissĂ©e en une chanson d’or pur. Mais hĂ©las, triste fortune, le temps est court. La jeunesse pĂąlit d’annĂ©e en annĂ©e. Les jours du printemps sont fugitifs. Un rien fait mourir les frĂȘles fleurs et le sage me dit que la vie n’est qu’une goutte de rosĂ©e posĂ©e sur la feuille du lotus. Dois-je oublier tout ceci pour chercher celle qui s’est dĂ©tournĂ©e de moi ? Ce serait folie, car le temps est court. Venez, nuits pluvieuses aux pieds mouillĂ©s, souriez mon automne d’or ; venez avril nonchalant, qui rĂ©pandez vos baisers au loin. Venez tous ! Mes amours, vous savez que nous sommes mortels. Est-il sage de briser son cƓur pour celle qui emporte le sien ? Non, car le temps est court. Il est doux d’ĂȘtre assis dans un coin solitaire, de rĂȘver et d’écrire en vers que vous ĂȘtes toute ma vie. Il est hĂ©roĂŻque de chĂ©rir sa propre douleur et d’ĂȘtre dĂ©cidĂ© Ă  ne pas s’en consoler. Mais un frais visage guette Ă  ma porte et lĂšve les yeux sur moi. Je ne peux qu’essuyer mes larmes et changer l’accord de mon chant. Car le temps est court. XLVII — Puisque tu le veux, je cesserai de chanter. — Si mon regard fait battre ton cƓur, je dĂ©tournerai mes yeux de ton visage. — Si de me rencontrer, tu tressailles, je m’écarterai vers un autre sentier. Si ma prĂ©sence te gĂȘne quand tu tresses des fleurs, je fuirai ton jardin solitaire. Si l’eau de la riviĂšre s’agite tumultueuse au passage de ma barque, je ne ramerai plus vers ta rive. XLVIII DĂ©livre-moi des chaĂźnes de ta tendresse, ĂŽ mon amour. Ne me verse plus le vin de tes baisers. Cette vapeur de lourd encens oppresse mon cƓur. Ouvre les portes ; fais de la place pour la lumiĂšre du matin. Je suis perdu en toi ; enveloppĂ© dans les plis de tes caresses. DĂ©livre-moi de tes sortilĂšges. Rends-moi la virilitĂ© ; alors je t’offrirai un cƓur libĂ©rĂ©. XLIX Je tiens ses mains ; je la presse sur mon cƓur ; J’essaye d’emplir mes bras de sa beautĂ© ; de butiner son doux sourire sous mes baisers ; de boire avidement son regard sombre. HĂ©las ! oĂč est tout cela ? Qui peut violenter l’azur du ciel ? Je veux Ă©treindre la beautĂ© ; elle m’échappe ; le corps seul reste dans mes mains. Déçu et fatiguĂ©, je reprends ma route. Comment le corps toucherait-il la fleur, que seul l’esprit peut toucher ? L Mon aimĂ©e, mon cƓur, nuit et jour, brĂ»le de te rencontrer comme on rencontre la mort dĂ©vorante. Que je sois balayĂ© par toi comme par une tempĂȘte. Prends tout ce que j’ai ; dĂ©truis mon sommeil et ravis mes rĂȘves. DĂ©robe-moi ma vie. Par cette dĂ©vastation, par ce dĂ©pouillement total de mon Ăąme, devenons un seul ĂȘtre de beauté  HĂ©las ! mon dĂ©sir est vain. OĂč est l’espoir de communion complĂšte sinon en toi, mon Dieu ? LI Finis ta derniĂšre chanson et partons. Oublie cette nuit puisque voilĂ  le jour. Qui cherchĂ©-je Ă  presser dans mes bras ? Les rĂȘves ne peuvent s’emprisonner. Mes mains ardentes pressent le vide sur mon cƓur. Et mon sein en est tout meurtri. LII Pourquoi la lampe s’est-elle Ă©teinte ? Je l’entourai de mon manteau pour la mettre Ă  l’abri du vent ; c’est pour cela que la lampe s’est Ă©teinte. Pourquoi la fleur s’est-elle fanĂ©e ? Je la pressai contre mon cƓur avec inquiĂ©tude et amour ; voilĂ  pourquoi la fleur s’est fanĂ©e. Pourquoi la riviĂšre s’est-elle tarie ? Je mis une digue en travers d’elle afin qu’elle me servĂźt Ă  moi seul ; voilĂ  pourquoi la riviĂšre s’est tarie. Pourquoi la corde de la harpe s’est-elle cassĂ©e ? J’essayai de donner une note trop haute pour son clavier ; voilĂ  pourquoi la corde de la harpe s’est cassĂ©e. LIII Pourquoi, d’un regard, me rendez-vous confus ? Je ne suis pas venu en mendiant. Je n’ai stationnĂ© qu’une heure au bout de votre cour, derriĂšre la haie du jardin. Pourquoi, d’un regard, me rendre confus ? Je n’ai pas cueilli une rose de votre jardin ; Je n’y ai pas pris un fruit. Je me suis humblement abritĂ© dans l’ombre du sentier, oĂč tout voyageur Ă©tranger peut s’arrĂȘter. Je n’ai pas cueilli une rose. Oui, j’étais fatiguĂ© et la pluie tombait. Le vent pleurait dans les branches agitĂ©es des bambous. Les nuages couraient dans le ciel comme un bataillon en dĂ©route. J’étais fatiguĂ©. Je ne sais si vous pensiez Ă  moi, ou qui vous attendiez sur le seuil. Des Ă©clairs brillaient dans vos yeux guetteurs. Comment pouvais-je savoir que vous me voyiez dans la nuit ? Je ne sais si vous pensiez Ă  moi. La journĂ©e est finie ; la pluie a cessĂ©. Je quitte l’ombre de l’arbre au bout de votre jardin et le banc sur l’herbe. La nuit est venue ; fermez votre porte. Je continue ma route ; la journĂ©e est finie. LIV OĂč cours-tu avec ton panier, ce soir, quand le marchĂ© est terminĂ© ? Tous les acheteurs sont rentrĂ©s ; la lune se lĂšve sur les arbres du village. L’écho des voix appelant le bac traverse l’eau sombre jusqu’au marais lointain oĂč dorment les canards sauvages. OĂč cours-tu ainsi avec ton panier, quand le marchĂ© est terminĂ© ? Les doigts du sommeil ont fermĂ© les yeux de la terre. Les nids des corbeaux sont silencieux et le murmure des feuilles de bambou s’est tu. Les laboureurs, de retour des champs, Ă©tendent leurs nattes dans la cour des fermes. OĂč cours-tu avec ton panier quand le marchĂ© est terminĂ© ? LV Il Ă©tait midi quand vous ĂȘtes parti. Le soleil Ă©tait ardent dans le ciel. J’avais fini mon ouvrage et j’étais assise solitaire sur mon balcon, quand vous ĂȘtes parti. Des coups de vent m’apportaient, par instants, les parfums des prĂ©s Ă©loignĂ©s. Dans l’ombre les colombes roucoulaient sans se lasser et une abeille Ă©garĂ©e dans ma chambre fredonnait les nouvelles des champs lointains. Le village dormait dans la chaleur de midi. La route Ă©tait dĂ©serte. Par accĂšs soudains le bruissement des feuilles s’élevait puis s’évanouissait. Je regardais le ciel et, tandis que le village dormait dans la chaleur de midi, je tissais dans le bleu les lettres d’un nom aimĂ©. J’avais oubliĂ© de tresser mes cheveux. La brise nonchalante s’y jouait sur ma joue. La riviĂšre coulait tranquille sous sa rive ombragĂ©e. Les blancs nuages paresseux ne bougeaient pas. J’avais oubliĂ© de tresser mes cheveux. Il Ă©tait midi quand vous ĂȘtes parti. La poussiĂšre de la route Ă©tait chaude et les prĂ©s haletants. Les tourterelles roucoulaient dans l’épaisseur des feuilles. J’étais seule sur mon balcon quand vous ĂȘtes parti. LVI J’étais, avec mes compagnes, occupĂ©e aux obscures tĂąches journaliĂšres de la maison. Pourquoi m’avez-vous remarquĂ©e et m’avez-vous fait quitter le frais abri de notre vie commune ? L’amour inexprimĂ© est sacrĂ©. Il brille comme une gemme dans l’ombre secrĂšte du cƓur. À la lumiĂšre du jour indiscret, il s’assombrit piteusement. Ah ! vous avez brisĂ© l’enveloppe de mon cƓur et arrachĂ© mon amour Ă  son mystĂšre, dĂ©truisant Ă  jamais l’ombre chĂšre oĂč il cachait son nid. Mes compagnes, elles, restent les mĂȘmes. Personne n’a pĂ©nĂ©trĂ© leur ĂȘtre intime et elles ne connaissent pas leur propre secret. LĂ©gĂšrement elles sourient et pleurent, et babillent et travaillent. Journellement elles vont au temple, allument leurs lampes et cherchent de l’eau Ă  la riviĂšre. J’espĂ©rais que mon amour ne souffrirait pas la honte frissonnante de l’abandon. Mais vous dĂ©tournez votre visage. Oui, la route est ouverte devant vous ; mais vous m’avez coupĂ© toute retraite et laissĂ©e nue devant le monde, dont les yeux sans paupiĂšres me fixent nuit et jour. LVII Ô Monde, j’ai cueilli ta fleur ! Je l’ai pressĂ©e contre mon cƓur et son Ă©pine m’a piquĂ©. Au sombre dĂ©clin du jour la fleur s’est fanĂ©e, mais la douleur a persistĂ©. Ô monde bien des fleurs te reviendront parfumĂ©es et glorieuses. Mais l’heure de cueillir des fleurs est passĂ©e pour moi et dans la nuit sombre, je n’ai plus ma rose ; sa douleur seule persiste. LVIII Un matin, dans le jardin, une enfant aveugle vint m’offrir une guirlande posĂ©e sur une feuille de lotus. Je la mis autour de mon cou et des larmes vinrent Ă  mes yeux. J’embrassai l’enfant et je lui dis tu es une fleur et les fleurs sont aveugles tu ne peux connaĂźtre la beautĂ© de ton prĂ©sent. LIX Ô femme tu n’es pas seulement le chef-d’Ɠuvre de Dieu, tu es aussi celui des hommes ceux-ci te parent de la beautĂ© de leurs cƓurs. Les poĂ«tes tissent tes voiles avec les fils d’or de leur fantaisie ; les peintres immortalisent la forme de ton corps. La mer donne ses perles, les mines leur or, les jardins d’étĂ© leurs fleurs pour t’embellir et te rendre plus prĂ©cieuse. Le dĂ©sir de l’homme couvre de gloire ta jeunesse. Tu es mi-femme et mi-rĂȘve. LX Dans le tourbillon et le fracas de la vie, ĂŽ BeautĂ© taillĂ©e dans la pierre, tu restes muette et tranquille, solitaire et lointaine. À tes pieds l’éternel Amour murmure parle, parle-moi mon adorĂ©e ; parle, ma bien-aimĂ©e. » Mais tes paroles restent figĂ©es dans la pierre, ĂŽ insensible BeautĂ©. LXI Paix, mon cƓur, que l’heure de la sĂ©paration soit douce ; Que ce ne soit pas une mort, mais un accomplissement. Vivons du souvenir de notre amour et que notre douleur se change en chansons. Que l’envolement dans le ciel finisse par le repliement des ailes sur le nid. Que la derniĂšre Ă©treinte de nos mains soit aussi douce que la fleur de la nuit. Attarde-toi, belle fin de notre amour et dis-nous dans le silence, tes derniĂšres paroles. Je m’incline et j’élĂšve ma lampe pour Ă©clairer ta route. LXII Dans le sombre chemin d’un rĂȘve j’ai cherchĂ© celle que j’aimais dans une vie antĂ©rieure Sa maison Ă©tait situĂ©e au bout d’une rue dĂ©solĂ©e. Dans la brise du soir son paon favori sommeillait sur son perchoir et les pigeons Ă©taient silencieux dans leur coin. Elle posa sa lampe prĂšs du seuil et se tint debout devant moi. Elle leva ses grands yeux vers moi et en silence demanda Êtes-vous bien, mon ami ? » J’essayai de lui rĂ©pondre, mais j’avais perdu l’usage de la parole. Je cherchais, je cherchais en vain. Je ne savais plus nos noms. Des larmes brillĂšrent dans ses yeux. Elle me tendit sa main droite. Je la pris et demeurai silencieux. Notre lampe vacilla dans la brise du soir et s’éteignit. LXIII Voyageur, dois-tu dĂ©jĂ  partir ? La nuit est tranquille et les tĂ©nĂšbres dĂ©faillent sur la forĂȘt. Les lampes sont brillantes sur notre balcon, les fleurs sont fraĂźches et les jeunes yeux s’éveillent Ă  peine. Le temps de ton dĂ©part est-il dĂ©jĂ  venu ? Voyageur, dois-tu dĂ©jĂ  partir ? Nous n’avons pas entourĂ© tes pieds de nos bras suppliants. Les portes sont ouvertes ; ton cheval tout sellĂ© t’attend Ă  la grille. Nous n’avons tentĂ© de te retenir qu’avec nos chansons. Nos regards seuls ont cherchĂ© Ă  retarder ton dĂ©part. Voyageur, nous sommes impuissants Ă  te garder ; nous n’avons que nos larmes. Quel feu dĂ©vorant brille dans tes yeux ? Quelle fiĂšvre d’inquiĂ©tude court dans ton sang ? Quel appel des tĂ©nĂšbres te pousse ? Parmi les Ă©toiles du ciel, quelle terrible incantation as-tu lue, pour que la nuit, Ă©trange et silencieuse messagĂšre, ait secrĂštement pĂ©nĂ©trĂ© dans ton cƓur ? Si tu dĂ©daignes les rĂ©unions joyeuses, si tu dĂ©sires la paix, cƓur lassĂ©, nous Ă©teindrons nos lampes et ferons taire nos harpes. Nous resterons assises, tranquilles dans la nuit, sous le bruissement des feuilles et la lune dolente Ă©pandra ses rayons pĂąles Ă  ta fenĂȘtre. Ô voyageur, de quel esprit d’insomnie le cƓur de la nuit t’a-t-il touchĂ© ? LXIV J’ai passĂ© ma journĂ©e dans l’ardente poussiĂšre de la route. À la fraĂźcheur du soir, je frappe Ă  la porte de l’auberge. Elle est dĂ©serte et en ruines. Un Ashath » morose Ă©tend ses racines agrippantes et affamĂ©es dans les crevasses bĂ©antes du mur. Il fut un temps oĂč les passants venaient ici laver leurs pieds fatiguĂ©s Ils Ă©tendaient leurs nattes dans la cour et, assis sous la lumiĂšre diffuse d’une lune tĂŽt levĂ©e, ils parlaient de pays inconnus. Au matin, reposĂ©s, ils s’éveillaient, mis en joie par le chant des oiseaux, et les fleurs amicales inclinaient vers eux la tĂȘte du bord du chemin. Maintenant aucune lampe allumĂ©e ne m’attend ici. Sur le mur, les tĂąches noires de la fumĂ©e, traces de veillĂ©es lointaines, me regardent de leurs yeux aveugles. Quelques lucioles volĂštent dans le buisson prĂšs de l’étang dessĂ©chĂ© et des branches de bambous Ă©tendent leurs ombres sur le chemin envahi par l’herbe. C’est la fin du jour ; je ne suis l’hĂŽte de personne et, fatiguĂ©, j’ai la longue nuit devant moi. LXV Est-ce ta voix que j’entends ? Le soir est venu. Comme les bras suppliants d’une amoureuse, la fatigue m’étreint. M’appelles-tu ? Je t’ai donnĂ© toute ma journĂ©e ; veux-tu me voler aussi mes nuits, maĂźtresse cruelle ? Pourtant il y a une fin Ă  tout et la solitude de la nuit est Ă  chacun. Pourquoi ta voix la dĂ©chire-t-elle et vient-elle embraser mon cƓur ? Le soir n’a-t-il, Ă  ton seuil, nulle musique berceuse ? Les Étoiles aux ailes silencieuses ne montent-elles jamais au-dessus de ta hautaine tour ? Les fleurs de ton jardin ne tombent-elles jamais dans la poussiĂšre en douce agonie ? Pourquoi m’appelles-tu, ĂŽ chĂšre tourmentĂ©e ? Laisse donc les doux yeux de l’amour veiller et pleurer en vain. Laisse brĂ»ler ta lampe dans la maison solitaire. Laisse le bac ramener chez eux les laboureurs fatiguĂ©s
 
 Je quitte mes rĂȘves et j’accours Ă  ton appel. LXVI Un fou vagabondait, cherchant la pierre philosophale, les cheveux emmĂȘlĂ©s, hĂąlĂ©, couvert de poussiĂšre, le corps rĂ©duit Ă  une ombre, les lĂšvres aussi serrĂ©es que la porte close de son cƓur et les yeux brĂ»lants comme la lampe du ver luisant qui cherche sa compagne. Devant lui grondait l’ocĂ©an immense. Les vagues babillardes racontaient les trĂ©sors cachĂ©s dans leur sein et se moquaient de l’ignorant qui ne savait pas les comprendre. Il allait, lui, sans espoir et sans repos, poursuivant la recherche qui Ă©tait devenue sa vie. Pareil Ă  l’OcĂ©an qui, toujours, se dresse vers le ciel pour atteindre l’inaccessible. Pareil aux Étoiles qui tournent en cercle aspirant Ă  un but jamais atteint. Ainsi, sur la plage dĂ©serte, le fou aux boucles fauves de poussiĂšre, errait cherchant la pierre philosophale. Un jour, un gamin du village s’approcha et lui dit Comment as-tu trouvĂ© cette chaĂźne d’or qui te ceint la taille ? » Le fou tressaillit ; la chaĂźne autrefois en fer s’était changĂ©e en or ! Il ne rĂȘvait pas, mais comment cette transformation s’était-elle faite ? Sauvagement il se frappa le front oĂč, mais oĂč avait-il, sans le savoir, rĂ©alisĂ© son rĂȘve ? Il avait pris l’habitude d’éprouver les pierres qu’il ramassait en les frappant contre sa chaĂźne, et de les rejeter ensuite machinalement, sans regarder si quelque changement s’était produit ; c’était ainsi que le pauvre fou avait trouvĂ© et perdu la pierre philosophale. Le soleil disparaissait ; Ă  l’occident le ciel Ă©tait d’or. AnĂ©anti, brisĂ© de corps et d’esprit, semblable Ă  un arbre dĂ©racinĂ©, le fou se remit Ă  chercher le trĂ©sor perdu. LXVII MalgrĂ© le soir qui s’avance Ă  pas lents et qui fait taire toutes les chansons ; MalgrĂ© le dĂ©part de tes compagnes et ta fatigue ; MalgrĂ© la peur qui court dans les tĂ©nĂšbres ; malgrĂ© le ciel voilĂ© ; Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi ; ne ferme pas tes ailes. L’obscuritĂ© qui t’environne n’est pas celle des feuilles de la forĂȘt ; c’est la mer qui se gonfle comme un immense serpent noir. Les fleurs du jasmin ne dansent pas devant toi ; c’est l’écume des vagues qui Ă©tincelle. Ah ! oĂč est la rive verte et ensoleillĂ©e ? oĂč est ton nid ? Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi ; ne ferme pas tes ailes. La nuit solitaire s’étend sur le sentier ; l’aurore sommeille derriĂšre les collines pleines d’ombre ; les Ă©toiles muettes comptent les heures ; la lune pĂąlie baigne dans la nuit profonde. Oiseau, ĂŽ mon oiseau Ă©coute-moi, ne ferme pas tes ailes. Pour toi il n’y a ni espoir ni crainte ; il n’y a pas de paroles, pas de murmures, pas de cris. Il n’y a ni abri, ni lit de repos
 Il n’y a que ta paire d’ailes et le ciel infini. Oiseau, ĂŽ mon oiseau, Ă©coute-moi ne ferme pas tes ailes. LXVIII FrĂšre, nul n’est Ă©ternel et rien ne dure. FrĂšre, garde ceci dans ton cƓur et rĂ©jouis-toi. D’autres que nous ont portĂ© l’antique fardeau de la vie ; d’autres que nous ont fait le long voyage. Un poĂ«te ne peut chanter toujours la mĂȘme ancienne chanson. La fleur se fane et meurt ; mais celui qui la portait ne doit pas Ă  toujours pleurer sur son sort. FrĂšre garde ceci dans ton cƓur et rĂ©jouis-toi. Il faut un long silence pour tisser une harmonie parfaite. La vie s’évanouit au coucher du soleil pour s’anĂ©antir dans les ombres dorĂ©es. L’amour doit quitter ses feux pour boire Ă  la coupe de la douleur et renaĂźtre dans le ciel des larmes. FrĂšre, garde ceci dans ton cƓur et rĂ©jouis-toi. Nous nous hĂątons de cueillir nos fleurs de peur qu’elles ne soient saccagĂ©es par le vent qui passe. Ravir un baiser, qui s’évanouirait dans l’attente, fait bouillir notre sang et briller nos yeux. Notre vie est intense, nos dĂ©sirs sont aiguisĂ©s car le temps sonne la cloche de la sĂ©paration. FrĂšre, garde ceci dans ton cƓur et rĂ©jouis-toi. La beautĂ© nous est douce, parce qu’elle danse au mĂȘme rythme fuyant que notre vie. Le savoir nous est prĂ©cieux parce que jamais nous ne pourrons atteindre Ă  la science suprĂȘme. Tout est fait et tout est achevĂ© dans l’ÉternitĂ©. Mais les fleurs terrestres de l’illusion sont gardĂ©es Ă©ternellement fraĂźches par la mort. FrĂšre, garde ceci dans ton cƓur et rĂ©jouis-toi. LXIX Je chasse le cerf d’or. Souriez mes amis ; je n’en poursuivrai pas moins la vision qui toujours me fuit. Je cours Ă  travers collines et vallons, j’erre dans des pays inconnus, Ă  la recherche du cerf d’or. Vous, vous allez au marchĂ© et en revenez chargĂ©s d’achats ; moi l’appel des vents vagabonds m’a touchĂ© ; oĂč et quand ? je ne sais. Je n’ai aucun souci dans le cƓur tout ce que j’ai, je l’ai laissĂ© loin derriĂšre moi. Je cours Ă  travers collines et vallons ; j’erre dans des pays inconnus, Ă  la recherche du cerf d’or. LXX Je me rappelle qu’un jour dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau. C’était par une journĂ©e humide de juillet ; j’étais seul et heureux de mon jeu. Je faisais flotter mon petit bateau en papier sur le ruisseau. Subitement de gros nuages d’orage s’amoncelĂšrent, le vent vint en tourbillons et la pluie tomba Ă  torrents. Des flots d’eau vaseuse submergĂšrent le ruisseau et coulĂšrent mon petit bateau. AmĂšrement je crus que l’orage Ă©tait venu tout exprĂšs pour gĂąter ma joie ; et qu’il me voulait du mal. La journĂ©e nuageuse de juillet est longue aujourd’hui et je pense Ă  ces jeux de la vie oĂč j’ai toujours Ă©tĂ© le perdant. J’allais blĂąmer ma destinĂ©e pour tous les tours qu’elle m’a jouĂ©s, quand, soudain, je me rappelai du petit bateau en papier qui sombra dans le ruisseau. LXXI Le jour n’est pas encore fini ; la foire n’est pas terminĂ©e, la foire au bord de la riviĂšre. Je craignais d’avoir gaspillĂ© mon temps et perdu mon dernier penny. Mais non, mon frĂšre, il me reste quelque chose encore. La malice du sort ne m’a pas tout ravi. Vente et achat sont terminĂ©s. Les comptes sont rĂ©glĂ©s et il est temps pour moi de retourner Ă  la maison. Mais quoi, garde-barriĂšre, tu rĂ©clames ton pĂ©age ? Ne crains rien, il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne m’a pas tout ravi. Les vents endormis nous menacent de l’orage et, Ă  l’ouest, les nuages bas ne prĂ©sagent rien de bon. Les eaux silencieuses attendent le vent. Je me hĂąte pour traverser la riviĂšre avant que la nuit me surprenne. Ô Passeur, vous demandez votre salaire ! Oui, frĂšre, il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne m’a pas tout ravi. Le mendiant est assis sous l’arbre, au bord de la route. HĂ©las ! il me regarde avec un timide espoir ! Il croit que je suis riche des profits de la journĂ©e. Oui, frĂšre, il me reste quelque chose encore. La malice du sort ne m’a pas tout ravi. La nuit devient sombre et la route solitaire. Les vers luisants brillent parmi les feuilles. Qui ĂȘtes-vous, vous qui me suivez d’un pas furtif et silencieux ? Ah ! je sais, vous dĂ©sirez me dĂ©rober mes gains. Je ne vous dĂ©sappointerai pas ! Car il me reste quelque chose encore ; la malice du sort ne m’a pas tout ravi. À la mi-nuit, j’atteins ma maison, les mains vides. À la porte vous m’attendez, les yeux anxieux, Ă©veillĂ©e et silencieuse. Comme un timide oiseau, vous volez sur mon cƓur, ĂŽ amoureuse. Oui, ĂŽ oui, mon Dieu ! Il me reste beaucoup encore. LXXII En des journĂ©es de dur labeur, j’édifiai un temple. Il n’avait ni portes ni fenĂȘtres ; ses murs Ă©taient Ă©pais et construits en pierres massives. J’oubliai tout le reste ; je dĂ©laissai tout le monde ; je restai en contemplation devant l’image que j’avais dressĂ©e sur l’autel. L’incessante fumĂ©e de l’encens enveloppait mon cƓur de ses lourds replis. J’occupai mes veilles Ă  graver sur les murs un dĂ©dale de formes fantastiques chevaux ailĂ©s, fleurs Ă  visages humains, femmes aux formes de serpents. Nulle ouverture ne fut laissĂ©e par oĂč pĂ»t entrer le chant des oiseaux, le murmure des feuilles ou le bourdonnement du village au travail. Seules mes incantations faisaient rĂ©sonner les sombres voĂ»tes du dĂŽme. Mon esprit devint pareil Ă  la pointe acĂ©rĂ©e et silencieuse d’une flamme ; mes sens s’évanouirent dans l’extase. Je ne m’aperçus pas de la fuite du temps, jusqu’au moment oĂč la foudre, en frappant le temple, rĂ©veilla la douleur de mon cƓur. À la lumiĂšre du jour, la lampe devint pĂąle et comme honteuse ; sur le mur les sculptures, rĂȘves figĂ©s et vides de sens, semblaient Ă©viter mes regards. Je regardai l’image sur l’autel je la vis sourire et s’animer au contact vivifiant du Dieu. La nuit que j’avais emprisonnĂ©e dĂ©ploya ses ailes et s’enfuit. LXXIII Ô Terre, ma patiente et sombre mĂšre, ta richesse n’est pas infinie. Tu te fatigues Ă  nourrir tes enfants ; mais la nourriture est rare. Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites. Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles. Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs ;
 te renierai-je pour cela ? Ton sourire assombri par la douleur est doux Ă  mes yeux. Ton amour, qui ne connaĂźt pas d’accomplissement, est cher Ă  mon cƓur. Ton sein nous a nourris de vie, non d’immortalitĂ© ; c’est pourquoi tu veilles sur nous. Depuis des siĂšcles, tu composes des harmonies de couleurs et de chants et, cependant, ton paradis n’est encore qu’une triste Ă©bauche. Tes crĂ©ations de beautĂ© sont voilĂ©es du brouillard des larmes. Je verserai mes chants dans ton cƓur muet et mon amour dans ton amour. Je t’adorerai par le travail. J’ai vu la douceur de ton visage et j’aime ta lamentable poussiĂšre, ĂŽ mĂšre Terre. LXXIV Dans le palais du monde, un simple brin d’herbe se mĂȘle aux rayons du soleil et aux Étoiles de minuit sur le mĂȘme tapis de verdure. Ainsi, dans le cƓur de l’Univers, mes chants occupent la mĂȘme place que la musique des nuages et des forĂȘts. Mais toi, homme riche, ta richesse ne participe ni Ă  la tranquille majestĂ© du joyeux soleil d’or, ni Ă  la douceur des rayons de la lune rĂȘveuse. La bĂ©nĂ©diction du ciel, qui embrasse toutes choses, ne s’étend pas sur toi. Et, quand la mort paraĂźt, ta fortune se flĂ©trit et tombe en poussiĂšre. LXXV Un homme voulait se faire ascĂšte. Une belle nuit, il dĂ©clara Le moment est venu pour moi d’abandonner ma demeure et de chercher Dieu. Ah ! qui donc m’a retenu si longtemps ici dans les trompeuses illusions ? » Dieu murmura Moi » ; mais l’homme ne comprit pas. Il dit OĂč es-tu, Toi qui t’es jouĂ© si longtemps de moi ? » À ses cĂŽtĂ©s sa femme Ă©tait paisiblement Ă©tendue sur le lit, un bĂ©bĂ© endormi sur son sein. La voix reprit Dieu, il est lĂ  », mais l’homme n’entendit pas. Le bĂ©bĂ© pleura en rĂȘve, se pelotonnant plus prĂšs de sa mĂšre. Dieu ordonna ArrĂȘte, insensĂ©, ne quitte pas ta maison », — mais il n’entendit pas encore. Dieu soupira et dit avec tristesse Pourquoi mon serviteur croit-il me chercher quand il s’éloigne de moi ? » LXXVI La foire se tenait devant le temple. DĂšs l’aube il avait plu et le jour touchait Ă  sa fin. Plus Ă©clatant que toute la gaietĂ© de la foule Ă©tait le sourire d’une fillette, qui avait achetĂ© pour deux sous, un sifflet en feuille de palmier. Le joyeux son de ce sifflet montait plus haut que tous les rires et tous les bruits. Une foule ininterrompue d’acheteurs se bousculait devant les Ă©talages. La route Ă©tait boueuse ; la riviĂšre dĂ©bordante et les prĂ©s inondĂ©s sous la pluie incessante. Plus grand que tous les ennuis de cette foule Ă©tait l’ennui d’un petit garçon, Ă  qui il manquait un sou pour acheter un bĂąton de couleur. Son regard ardemment fixĂ© sur l’étalage excitait la pitiĂ© de la foule. LXXVII L’ouvrier et sa femme, venus de l’ouest, creusent la terre pour faire des briques et construire le four. Leur petite fille va au bord de la riviĂšre, oĂč elle n’en finit pas de nettoyer les pots et les casseroles. Le petit frĂšre, tout brun et tondu, nu et couvert de boue, la suit et, assis sur la berge, attend patiemment qu’elle l’appelle. La fillette s’en retourne Ă  la maison, sa cruche pleine d’eau sur la tĂȘte, un pot de cuivre tout reluisant dans la main gauche et tenant l’enfant de l’autre main. Elle est la mignonne servante de sa mĂšre et dĂ©jĂ  sĂ©rieuse sous le poids des soucis domestiques. Un jour je vis le petit garçon tout nu Ă©tendu sur l’herbe. Dans l’eau sa sƓur Ă©tait assise, frottant un pot Ă  boire avec une poignĂ©e de sable, le tournant et le retournant. Tout prĂšs de lĂ  un agneau Ă  la douce toison broutait le long de la berge. Il s’approcha de l’enfant et, soudain, bĂȘla avec force. L’enfant tressaillit et se mit Ă  crier. La sƓur laissa lĂ  son nettoyage et accourut. Elle entoura son frĂšre d’un bras, l’agneau de l’autre et, leur partageant ses caresses, elle unit, dans le mĂȘme lien de tendresse, l’enfant de l’homme et le petit de la bĂȘte. LXXVIII C’était au mois de Mai. La chaleur suffocante du milieu du jour semblait interminable. La terre dessĂ©chĂ©e baillait de soif. J’entendis une voix appeler de l’autre cĂŽtĂ© de la riviĂšre Viens, mon bien-aimĂ©. » Je fermai mon livre et j’ouvris la fenĂȘtre. Je vis un gros buffle, aux flancs tĂąchĂ©s de boue, qui se tenait au bord de la riviĂšre et qui me regardait de ses yeux placides et patients. Un garçonnet, dans l’eau jusqu’à mi-jambes, l’appelait pour prendre son bain. Je souris, amusĂ©, et je sentis une douceur effleurer mon cƓur. LXXIX Souvent je me demande jusqu’à quel point peuvent se reconnaĂźtre l’homme et la bĂȘte qui ne parle pas. À travers quel paradis primitif, au matin de la lointaine crĂ©ation, courut le sentier oĂč leurs cƓurs se rencontrĂšrent. Bien que leur parentĂ© ait Ă©tĂ© longtemps oubliĂ©e, les traces de leur constante union ne se sont pas effacĂ©es. Et soudain, dans une harmonie sans paroles, un souvenir confus s’éveille et la bĂȘte regarde le visage de l’homme avec une tendre confiance et l’homme abaisse ses yeux vers la bĂȘte avec une tendresse amusĂ©e. Il semble que les deux amis se rencontrent masquĂ©s et se reconnaissent vaguement sous le dĂ©guisement. LXXX D’un regard de vos yeux, belle femme, vous pourriez piller le trĂ©sor des chants jaillis de la harpe des poĂ«tes. Mais vous n’avez pas d’oreille pour leurs louanges ; c’est pourquoi je viens vous louer. Vous pourriez tenir humiliĂ©es Ă  vos pieds les tĂȘtes les plus fiĂšres du monde. Mais, parmi vos adorateurs, les ignorĂ©s de la gloire sont vos prĂ©fĂ©rĂ©s ; c’est pourquoi je vous adore. La perfection de vos bras ajouterait Ă  la splendeur royale, si vous y touchiez. Mais vous les employez Ă  Ă©pousseter et Ă  tenir propre votre humble demeure ; c’est pourquoi je suis rempli de respect pour vous. LXXXI Mort, ĂŽ ma Mort, pourquoi chuchotes-tu si bas Ă  mes oreilles ? Quand, vers le soir, les fleurs se flĂ©trissent et que le bĂ©tail revient Ă  l’étable, sournoisement tu viens, Ă  mes cĂŽtĂ©s, prononcer des paroles que je ne comprends pas. EspĂšres-tu ainsi, me courtiser et me conquĂ©rir ? m’endormir, dans un murmure, sous l’opium de tes froids baisers ? Mort, ĂŽ ma Mort ! N’y aura-t-il pas, pour nos noces, quelque somptueuse cĂ©rĂ©monie ? N’attacheras-tu pas d’une guirlande de fleurs les torsades de tes boucles fauves ? N’y a-t-il personne pour porter devant toi ta banniĂšre et la nuit ne sera-t-elle pas enflammĂ©e de tes torches rouges, Mort, ĂŽ ma Mort ? Viens au claquement de tes cymbales de coquillages, viens dans une nuit sans sommeil. RevĂȘts-moi du manteau Ă©carlate ; Ă©treins ma main et prends-moi. Que ton char soit tout prĂȘt Ă  ma porte et que tes chevaux hennissent d’impatience. LĂšve le voile et, fiĂšrement, regarde-moi en plein visage, Mort, ĂŽ ma Mort ! LXXXII Ce soir, ma jeune Ă©pouse et moi, nous allons jouer le jeu de la mort. La nuit est noire, les nuages, dans le ciel, sont fantasques et les vagues de la mer sont en dĂ©lire. Nous avons quittĂ© notre couche de songes ; nous avons ouvert la porte toute grande et nous sommes sortis, ma jeune Ă©pouse et moi. Nous nous sommes assis sur l’escarpolette et le vent d’orage nous a brutalement poussĂ©s par derriĂšre. Ma jeune Ă©pouse s’est dressĂ©e brusquement ; Ă©pouvantĂ©e et charmĂ©e Ă  la fois, elle tremble et se cramponne Ă  mon sein. Longtemps, je lui avais tendrement fait la cour. J’avais fait pour elle un lit de fleurs ; je fermais les portes pour que la lumiĂšre trop vive n’offusque pas ses yeux. Je la baisais doucement sur les lĂšvres et lui murmurais Ă  l’oreille de douces paroles ; elle dĂ©faillait presque de langueur. Elle Ă©tait comme perdue dans le brouillard d’une immense et vague douceur. Elle ne rĂ©pondait pas Ă  la pression de mes mains ; mes chants ne pouvaient plus l’éveiller. Ce soir, nous est venu l’appel de l’orage, l’appel des sauvages Ă©lĂ©ments. Ma petite Ă©pouse a frissonnĂ© ; elle s’est levĂ©e et m’a entraĂźnĂ© par la main. Sa chevelure flotte ; son voile bat dans le vent, sa guirlande frĂ©mit sur sa poitrine. La poussĂ©e de la mort l’a rejetĂ©e dans la vie. Nous voilĂ  face Ă  face et cƓur Ă  cƓur, mon Ă©pouse et moi. LXXXIII Elle demeurait au flanc de la colline, au bord d’un champ de maĂŻs, prĂšs de la source qui s’épanche en riants ruisseaux, Ă  travers l’ombre solennelle des vieux arbres. Les femmes venaient lĂ  pour remplir leurs cruches ; lĂ  les voyageurs aimaient Ă  s’asseoir et Ă  causer. LĂ , chaque jour, elle travaillait et rĂȘvait, au bruit du courant bouillonnant. Un soir, un Ă©tranger descendit d’un pic perdu dans les nuages ; les boucles de ses cheveux Ă©taient emmĂȘlĂ©es comme de lourds serpents. ÉtonnĂ©s, nous lui demandĂąmes qui es-tu ? » Sans rĂ©pondre, il s’assit prĂšs du ruisseau jaseur et, silencieusement regarda la hutte oĂč elle demeurait. Nous eĂ»mes peur et nous revĂźnmes de nuit Ă  la maison. Le lendemain matin, quand les femmes vinrent chercher de l’eau Ă  la source, prĂšs des grands Deodora », elles trouvĂšrent ouvertes les portes de sa hutte, mais sa voix ne s’y faisait plus entendre
 et oĂč Ă©tait son souriant visage ?
 La cruche vide gisait sur le plancher et, dans un coin, la lampe s’était consumĂ©e. Personne ne sut oĂč elle s’était enfuie avant l’aube. — L’étranger aussi avait disparu. Au mois de mai, le soleil devint ardent et la neige se fondit ; nous nous assĂźmes prĂšs de la source et nous pleurĂąmes. Nous nous demandions Y a-t-il, dans le pays oĂč elle est allĂ©e, une source oĂč elle puisse trouver l’eau en ces jours chauds et altĂ©rĂ©s ? Et nous pensions avec effroi Y a-t-il mĂȘme un pays au-delĂ  de ces collines oĂč nous vivons ? C’était une nuit d’étĂ© ; la brise du sud soufflait et j’étais assis dans sa chambre abandonnĂ©e, oĂč Ă©tait demeurĂ©e la lampe Ă©teinte, quand, soudain, devant mes yeux, les collines s’écartĂšrent comme des rideaux qu’on aurait tirĂ©s Ah ! c’est elle qui vient. Comment vas-tu, mon enfant ? Es-tu heureuse ? Mais oĂč peux-tu t’abriter sous ce ciel dĂ©couvert ? HĂ©las ! notre source n’est pas lĂ  pour apaiser ta soif ! » C’est ici le mĂȘme ciel, dit-elle, libre seulement de la barriĂšre des collines — ceci est le mĂȘme ruisseau grandi en une riviĂšre, — c’est la mĂȘme terre Ă©largie en une plaine ». Il y a tout, lĂ , soupirai-je, seulement nous n’y sommes pas ». Elle sourit tristement et dit Vous ĂȘtes dans mon cƓur ». Je m’éveillai et entendis le babil du ruisseau et le frĂ©missement des deodora » dans la nuit. LXXXIV Sur les champs de riz verts et jaunes, les ombres des nuages d’automne glissent bientĂŽt chassĂ©s par le rapide soleil. Les abeilles oublient de sucer le miel des fleurs ; ivres de lumiĂšre, elles voltigent follement et bourdonnent. Les canards, dans les Ăźles de la riviĂšre, crient de joie sans savoir pourquoi. Amis, que personne, ce matin, ne rentre Ă  la maison ; que personne n’aille au travail. Prenons d’assaut le ciel bleu ; emparons-nous de l’espace comme d’un butin au grĂ© de notre course. Le rire flotte dans l’air, comme l’écume sur l’eau. Amis, gaspillons notre matinĂ©e en chansons futiles. LXXXV Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ? Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printaniĂšre, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage. Ouvre tes portes et regarde au loin. Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumĂ©s des fleurs fanĂ©es d’il y a cent ans. Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cƓur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delĂ  cent annĂ©es. Il est des moments dans la vie , ou seules les Ă©motions intenses, bonnes ou mauvaises, vous ouvre les portes de la poĂ©sie....De ville en ville , de galĂšres en joies, ces moments, je les couche su ... [+] Monsieur le Jardinier, Allez faire une ballade Dans le jardin de votre coeur C'est, un jardin magique, secret votre petit coin de paradis.. LĂ  oĂč vous cultivez, secrĂštement, Vos plus belles pensĂ©es... N' avez point oubliĂ©, Monsieur le Jardinier, Que dans cet Eden, Ă  votre juste mesure, Se trouve la plus belle des fleurs? Celle que l 'on dit magique, unique? Monsieur le Jardinier, Ne nĂ©gligez pas cette rose Elle est faite, juste pour vous Elle a, un je-ne-sais-quoi, qui a su vous Ă©mouvoir Un beau jour de printemps oĂč, de vos chagrins, Elle en a fait oublier l' amertume. Monsieur le Jardinier, Que vous soyez fatiguĂ©, que vous ayez mal Ne laisser pas cette rose magique Seule, a perdre ses couleurs Ne nĂ©gligez pas son parfum envoĂ»tant Ne fermez pas vos yeux et votre coeur Ce sont les pouvoirs de sa grandeur... Monsieur le Jardinier Comme toute chose animĂ©e de magie Cette rose,est, doucement en train de fĂąner Ses si belles couleurs, qui vous ont tant Ă©mu Un joli soir d' Avril pas comme les autres Vont s' Ă©tioler, elle courbera la tĂȘte, Elle s'agrĂ©mentera de piquants Et doucement, perdra de sa magie.. Monsieur le Jardinier, Ne laissez pas un autre, Prendre soin de votre rose Elle n'est faĂźte que pour vous Elle revĂȘt sa plus belle robe Elle embaume vos sens De ses plus merveilleuses effluves Mais, si vous la nĂ©gligez Si vous n' Ă©coutez plus le murmure Si doux, si sensuel, si amoureux Alors, elle disparaĂźtra... Monsieur le Jardinier, Votre rose magique, commence, subtilement A perdre sa magie colorĂ©e et parfumĂ©e Prenez-la dans vos mains dĂ©licates Humez-la, admirez-la, aimez-la Peu importe les piquants, ils ne vous Ă©corcherons pas Si de la dĂ©licatesse de votre Ăąme,de votre passion Vous en savez saisir, les sens Alors, elle se redressera Et vous comblera Monsieur le Jardinier Ne la cueillez pas, Elle ne saurait survivre en vase Aussi confortable et somptueux soit-il... Cette rose magique, unique N'est lĂ , Monsieur le Jardinier Que pour illuminer votre coeur.. cela s' appelle l' amour sacrĂ© Le rosier rugueux un rosier sauvage Ă  cynorhodons comestibles Originaire d’Asie de l’Est et arrivĂ© en Europe Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle, le rosier rugueux est un rosier sauvage, Ă©galement connu sous les appellations de rosier du Japon et de rosier Kamtchatka. Il a notamment la particularitĂ© intĂ©ressante de produire des cynorhodons comestibles et riches en vitamine C. Le rosier Papa Meilland Meicesar’ rose favorite du monde entier Hors du commun, le rosier Papa Meilland Meicesar’ est une variĂ©tĂ© moderne trĂšs apprĂ©ciĂ©e et cultivĂ©e dans nos jardins. Ses somptueuses roses au puissant parfum, d’une couleur pourpre irisĂ©e de cramoisi et de reflets noir bleutĂ©, expliquent trĂšs largement sa popularitĂ© auprĂšs de tous les jardiniers ! Rosier Michel Drucker des fleurs Ă©tonnantes et panachĂ©es Le rosier Michel Drucker est une variĂ©tĂ© buissonnante Ă  grandes fleurs. Ces derniĂšres sont notamment trĂšs apprĂ©ciĂ©es pour leur coloris qui diffĂšre d’une rose Ă  l’autre, passant du rose au jaune, et prenant mĂȘme parfois des teintes chocolat. Rosier Madame A. Meilland’ – Peace le plus cĂ©lĂšbre au monde Le rosier Madame Antoine Meilland, obtenu en 1935 par Francis Meilland, n’est autre que la variĂ©tĂ© la plus cĂ©lĂšbre et la plus cultivĂ©e au monde. Une rose mondialement connue sous l’appellation de rosier Peace’, offerte en mai 1945 aux 49 DĂ©lĂ©guĂ©s Ă  l’origine de la constitution de l’Organisation des Nations Unies ONU. Le rosier Line Renaud exceptionnel et mainte fois rĂ©compensĂ© Le rosier Line Renaud est un hybride de thĂ© moderne issu de la variĂ©tĂ© PanthĂšre Rose’. Créé en France en 1997 par Meilland International, puis commercialisĂ© en 2006, ce splendide rosier est dĂ©diĂ© Ă  l’actrice française Line Renaud. Une variĂ©tĂ© tout Ă  fait exceptionnelle, et pourtant Ă  la portĂ©e de tous les jardiniers ! Les roses Ă  parfum Symbole du parfum, la rose n’est cependant pas toujours odorante. Les rosiers modernes en particulier n’ont pas toujours inclus cet attrait dans leur sĂ©lection. Voici une sĂ©lection des rosiers parmi les plus estimĂ©s pour leur parfum. Rosier Henri Matisse un bel hommage Ă  l’impressionnisme Le rosier Henri Matisse Deltisse’ est un arbuste Ă  la fois Ă©lĂ©gant et Ă©clatant. Dans les massifs, ce rosier moderne se distingue par sa remarquable floraison subtilement parfumĂ©e, composĂ©e d’étonnantes fleurs doubles et panachĂ©es de rouge, rose et blanc. Rosier Nevada le charme des rosiers sauvages Le rosier Nevada est une variĂ©tĂ© arbustive et atypique, aux roses champĂȘtres dont la corolle presque simple et blanc rosĂ© s’installe autour d’un cƓur hĂ©rissĂ© d’étamines parfaitement visibles. Autant de caractĂ©ristiques qui rappelle irrĂ©sistiblement le charme des roses sauvages. Rosier Heritage Ausblush’ une rose moderne au charme ancien Le rosier Heritage Ausblush’ est une variĂ©tĂ© anglaise trĂšs florifĂšre obtenue par le rosiĂ©riste David Austin en 1984. Avec son port rĂ©duit, ses belles roses doubles d’un rose dĂ©lavĂ©, et son dĂ©licieux parfum fruité  Cet arbuste est idĂ©al dans un jardin romantique en compagnie d’autres rosiers anglais. David Austin, quatre nouvelles Roses Anglaises La saison 2013 s’annonce sous de bien beaux auspices pour les Roses David Austin avec le double honneur de recevoir une MĂ©daille d’Or aux JournĂ©es des Plantes de Courson, suivie d’une autre MĂ©daille d’Or au Chelsea Flower Show
 Rosier Princesse de Monaco la splendeur des jardins Le rosier Princesse de Monaco est un hybride de thĂ© obtenu par Marie-Louise Meilland en 1981, rosiĂ©riste française de renom. Sa floraison abondante, composĂ©e de grandes fleurs blanc crĂšme Ă  liserĂ© rouge Amarante et au parfum subtil, sont Ă  l’origine de son succĂšs. Rosier de Banks, un grimpant Ă  floraison trĂšs abondante Rosa banksiae est un rosier non remontant prĂ©sent Ă  l’état sauvage, qui ne provient donc pas d’une crĂ©ation horticole. Sarmenteux, vigoureux et puissant, on l’utilise pour orner un mur, un grillage disgracieux ou encore une pergola. Le rosier New Dawn un merveilleux rosier grimpant Le rosier grimpant New Dawn, obtenu en 1930 Ă  Somerset Rose en Angleterre, remporte tous les suffrages auprĂšs des jardiniers amateurs et professionnels, avec son abondante floraison Ă  grosses fleurs d’un beau rose nacrĂ© trĂšs pĂąle et aux allures de roses anciennes. Rosier Queen Elizabeth’, un splendide rosier grandiflora Rosa Queen Elizabeth’ fait partie des variĂ©tĂ©s indĂ©modables grĂące Ă  ses grandes et parfaites fleurs turbinĂ©es rose clair. Ce rosier moderne est issu du groupe grandiflora’, obtenu par croisement d’hybrides de thĂ© et de floribunda’. Quelles sont les variĂ©tĂ©s de rosiers les plus parfumĂ©es ? Outre sa beautĂ©, l’autre grand plaisir Ă  possĂ©der un rosier en fleur n’est autre que son parfum. On notera que pour profiter au mieux de cette floraison parfumĂ©e, on installe idĂ©alement le rosier prĂšs d’un passage, d’une entrĂ©e ou d’une terrasse. Rosier Graham Thomas’, le chef-d’Ɠuvre de David Austin Le rosier Graham Thomas’ fait partie des rosiers anglais les plus cĂ©lĂšbres et les plus recherchĂ©s en raison de ses fabuleuses roses bien rĂ©guliĂšrement, en coupes doubles, et d’une splendide couleur jaune cuivrĂ© ou ambrĂ©. 6 variĂ©tĂ©s de rosiers anciens Leur charme naturel et leur parfum sĂ©duisent les hommes depuis des millĂ©naires. Les rosiers anciens ont le vent en poupe ! Rosier Louis de FunĂšs un magnifique rosier sĂ©millant Le rosier Louis de FunĂšs est une variĂ©tĂ© moderne rĂ©compensĂ©e Ă  plusieurs reprises lors des concours internationaux pour sa vigueur, sa rĂ©sistance aux maladies, et pour sa gĂ©nĂ©reuse floraison prĂ©coce et lĂ©gĂšrement parfumĂ©e qui offre de grandes roses d’un coloris sĂ©millant. Rosier en pot les clĂ©s du succĂšs Il garnit aussi bien la terrasse que les massifs ! Le rosier en pot colore la terrasse et offre son parfum exquis. DĂ©couvrez les variĂ©tĂ©s Ă  privilĂ©gier pour un rosier en pot et nos astuces pour le cultiver. Les rosiers les plus rĂ©sistants aux maladies Les rosiers ayant obtenu le label ADR offrent une rĂ©sistance aux maladies bien supĂ©rieure aux autres variĂ©tĂ©s. Parmi elle, on retrouve le rosier Bonica, Westerland, Robusta
 Et bien d’autres. Tous possĂšdent Ă©galement une spectaculaire floraison aux coloris variĂ©s. Rosier Leonardo da Vinci superbe rosier Ă  fleurs groupĂ©es Le rosier Leonardo Da Vinci’ est l’un des chefs d’Ɠuvre du rosiĂ©riste Meilland. Cette variĂ©tĂ© floribunda’ est obtenue en 1994 par hybridation de rosiers polyanthas et de rosiers de thĂ©. Durant toute la belle saison, ce rosier buisson moderne produit des fleurs en bouquets pourvues du charme romantique des roses Ă  l’ancienne. Romantiques, les roses anglaises Alliant les qualitĂ©s des roses anciennes et des roses modernes, les crĂ©ations de David Austin sĂ©duisent les amateurs du monde entier depuis 1960. Rosier Annapurna irrĂ©sistible Le rosier Annapurna est l’un des plus cĂ©lĂšbres mais aussi un rosier trĂšs rĂ©compensĂ©. Ses grandes fleurs blanches, son port buissonnant, sa vigueur et sa longue floraison le rendent irrĂ©sistible.

la petite rose et le jardinier au grand coeur